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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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ses guerriers se lever d’un
bond du côté du camp le plus proche de la ville. Il se leva lui aussi, soudain
sur ses gardes, tandis que deux de ses hommes fendaient la foule animée dans sa
direction. Ce qui avait interrompu leur repas n’avait pas encore été remarqué
par le reste de l’assistance et plus d’un protesta quand les deux guerriers
sautèrent par-dessus les têtes ou se faufilèrent entre les convives. Les chiens
amenés au festin se mirent à pousser des aboiements excités.
    — Que se passe-t-il ? demanda Gengis. Si un jeune
idiot a provoqué une dispute le jour du mariage de mon fils, je lui ferai
trancher les pouces.
    — Des habitants sortent de la ville, seigneur.
    Aussitôt, Gengis, Kachium et Khasar traversèrent la foule à
grands pas. Ils étaient tous armés, selon l’habitude d’hommes ayant toujours
une lame ou un arc à portée de main.
    Les habitants sortis de Nur ne semblaient pas dangereux. Gengis
observa avec curiosité la soixantaine d’hommes et de femmes qui parcouraient la
distance séparant la noce des murs de la ville. Leurs vêtements aux couleurs
vives faisaient écho à la tunique de mariage de Tolui et ils ne portaient
apparemment pas d’armes.
    La foule s’était tue et un bon nombre de guerriers avaient
suivi le khan, prêts à tuer si besoin. Quand les habitants de Nur furent à
proximité, ils se retrouvèrent face à une ligne de vétérans farouches à qui
Gengis avait fait l’honneur de les inviter. La vue de ces guerriers fit hésiter
les Khwarezmiens, mais l’un d’eux s’adressa fermement à ses compatriotes dans leur
langue étrange, sans doute pour calmer leur frayeur.
    Lorsqu’ils furent assez près pour parler, Gengis reconnut
plusieurs des édiles qui s’étaient rendus à lui. Il fit venir Temüge pour qu’il
fasse office d’interprète. Celui-ci écouta le chef du groupe et traduisit :
    — Ils apportent des présents pour le fils du khan à l’occasion
de son mariage.
    Gengis grogna, tenté de les renvoyer chez eux. Peut-être à
cause de la conversation qu’il venait d’avoir, il n’en fit rien. Tout ennemi
devait certes être exterminé, mais ceux-là avaient pris parti pour lui et n’avaient
rien fait pour éveiller ses soupçons. Il avait bien conscience que la présence
d’une armée aux portes d’une ville rendait les pourparlers de paix étonnamment
faciles, mais il finit par hocher la tête.
    — Dis-leur qu’ils sont les bienvenus, uniquement pour
aujourd’hui. Ils pourront donner leurs cadeaux à Tolui à la fin du repas de
noce.
    Temüge lâcha une bordée de mots gutturaux et les membres du
groupe, visiblement rassurés, rejoignirent les Mongols sur les tapis de feutre
pour partager le thé et l’arkhi.
    Le khan se désintéressa d’eux quand il vit le petit Tolui
sortir de la yourte de son beau-père et adresser un sourire radieux à la foule.
Il avait bu le thé avec la famille, qui l’avait ainsi officiellement accepté. Il
tenait Sorhatani par la main et, malgré le renflement de sa robe de mariée, personne
ne risqua un commentaire en présence de Gengis. Kökötchu était prêt à dédier l’union
au père ciel et à la mère terre, à leur demander de protéger la nouvelle
famille et de remplir leur yourte d’enfants gras et forts.
    Lorsque le chamane commença ses incantations, Chakahai
frissonna et détourna les yeux. Börte parut comprendre sa réaction et lui
pressa le bras.
    — Je ne peux pas le regarder sans penser à la pauvre Temülen,
murmura la princesse xixia.
    Ce nom attrista aussitôt l’humeur de Gengis. Il avait vécu
avec la mort toute sa vie, mais la perte de sa sœur l’avait profondément
affligé. Sa mère Hoelun s’imposait une réclusion qu’elle n’avait pas même
interrompue pour le mariage de son petit-fils. Pour cette seule raison, les
cités du Khwarezm regretteraient le jour où elles avaient traité les émissaires
de Gengis avec mépris, le contraignant à envahir leurs terres.
    — C’est un jour de commencement, dit-il d’une voix
lasse. Nous ne parlerons pas de mort aujourd’hui.
    Kökötchu dansait et tournoyait en psalmodiant, la voix
portée par le vent qui séchait la sueur des invités. La mariée et sa famille
demeuraient immobiles, la tête baissée. Seul le petit Tolui se mit en mouvement
pour s’atteler à sa première tâche de mari. D’un œil éteint, Gengis le regarda
commencer à construire une yourte à partir de treillis d’osier et de

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