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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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aucune
expérience du commerce, cela au moins était évident. Il avait eu une façon très
curieuse de traverser le souk en regardant les éventaires d’un air ébahi. Quelle
sorte d’homme fallait-il être pour n’avoir jamais visité un marché ? Puis
son arrogance avait fait naître chez Abbud un sentiment de danger. Le joaillier
avait survécu quarante ans en exerçant son métier dans trois villes et il se
fiait à son instinct. Pour commencer, l’homme ressemblait davantage à un
militaire qu’à un commerçant et marchait comme s’il était convaincu que les
autres s’écarteraient sur son passage. Ce qu’ils n’avaient pas fait dans le
souk, et Abbud l’avait regardé avec amusement se heurter à deux brutes vendant
des poulets. S’il n’avait porté un sabre à la hanche, ils auraient peut-être
fait suivre leurs railleries de horions.
    Un sabre superbe, là encore. Abbud s’étonnait qu’on puisse
être assez stupide pour porter une splendeur pareille dans un souk. À en juger
à l’argent ouvragé du fourreau, il valait encore plus que le rubis qu’il avait
posé sur la banquette extérieure de la boutique à la vue de tous. Le joaillier
avait aussitôt couvert la pierre de sa main et lui avait fait signe de le
suivre à l’intérieur, avant que cet imbécile les fasse tuer tous les deux. Une
vie ne valait pas grand-chose à Khuday, la lame seule pouvait tenter de jeunes
démons armés de couteaux. Elle nourrirait leur famille pendant un an s’ils
savaient à qui la vendre. Abbud soupira en se demandant s’il devait mettre en
garde son client. Il y avait de bonnes chances pour qu’avant ce soir on lui
propose ce même sabre, peut-être maculé de sang.
    Il ne montra rien de ses pensées en entraînant Djalal al-Din
au fond de la petite boutique où une table était installée à l’abri des regards.
Il indiqua une chaise au client en s’asseyant lui-même, tint le rubis devant la
flamme d’une bougie pour y détecter d’éventuels crapauds avant de le peser
délicatement avec un trébuchet.
    Avait-il été volé ? Il ne le pensait pas. Un voleur ne
l’aurait pas exposé aussi ouvertement sur le velours de la banquette. La pierre
était certainement à lui et, cependant, un pressentiment continuait à
préoccuper Abbud. Sa réussite provenait de sa capacité à sonder le désespoir de
ceux qui s’adressaient à lui. Il savait déjà que l’homme avait besoin d’argent
pour payer un docteur et qu’il céderait la pierre pour une part infime de sa
valeur. Le joaillier reposa la pierre comme si elle lui avait brûlé les doigts.
Il y avait trop de choses bizarres chez cet homme. Abbud pensa qu’il ferait
mieux de l’éconduire et il l’aurait sans doute fait si le rubis n’avait été d’une
telle perfection.
    — Je ne peux pas vendre une telle pierre à Khuday, dit-il
à contrecœur. Désolé.
    Djalal al-Din cligna des yeux. Le vieil homme refusait-il
son offre ?
    — Je ne comprends pas.
    Le joaillier écarta les mains.
    — Mon métier consiste à prélever un bénéfice sur des
bijoux en or. Khuday est une ville pauvre, personne ici ne pourrait me donner
de ta pierre plus que ce que je te paierais. Il faudrait que je l’envoie avec
une caravane à Boukhara ou à Samarkand, voire à Achgabat ou Mecched, dans le
Sud.
    Il fit rouler le rubis d’une chiquenaude comme si ce n’était
qu’une babiole.
    — Il y aurait peut-être un acheteur à Kaboul, mais les
frais pour l’envoyer aussi loin mangeraient le profit que je pourrais en tirer.
Je le répète, je suis désolé mais je ne peux pas l’acheter.
    Djalal al-Din était désarçonné. Jamais il n’avait marchandé
de sa vie. Il n’était pas idiot, il sentait bien que le marchand le manipulait
mais il ne savait pas quoi répondre. Dans un accès de colère subit, il manqua
récupérer la pierre et partir. Seule la pensée du docteur qui viendrait ce soir
soigner son père le retint sur son siège. Abbud l’observait attentivement et
cachait son plaisir devant les émotions transparentes du jeune homme. Ne
résistant pas à l’envie de remuer le couteau dans la plaie, il poussa le rubis
de l’autre côté de la table comme s’il mettait fin à la conversation.
    — Puis-je quand même t’offrir une tasse de thé ? Je
n’aime pas renvoyer un client sans l’avoir reçu aimablement.
    — Je dois absolument vendre cette pierre, insista Djalal
al-Din. Peux-tu me recommander quelqu’un qui

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