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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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détaler deux jeunes hommes maigres qui traînaient près de la boutique du
joaillier. À l’approche de la maison, Djalal al-Din nota enfin la tension de
ses frères.
    — Qu’y a-t-il ? demanda-t-il.
    Ils échangèrent un regard.
    — Les Mongols sont là. Nous les avons vus au marché.
     
     
    Le médecin appliqua ses longs doigts sur le ventre du shah, palpa
les organes. Djalal al-Din regardait avec dégoût la peau de son père se plisser
et pendouiller comme si elle n’était plus attachée à la chair. Il ne se
rappelait pas avoir vu son père aussi faible et vulnérable. Le docteur semblait
connaître son métier mais Djalal al-Din avait l’habitude des médecins de la
cour. Chacun d’eux avait établi sa réputation avant d’être accepté par le shah.
Djalal al-Din soupira intérieurement. Autant qu’il pouvait en juger, cet homme
était peut-être un charlatan.
    Le docteur massa le malade, écouta sa respiration sifflante.
Le shah, réveillé, avait le blanc des yeux jaunâtre et le teint blafard. Le
médecin abaissa l’une des paupières inférieures et eut un tss-tss désapprobateur. Il murmura un ordre à son jeune serviteur, qui fit bouillir de
l’eau et y jeta des herbes. Djalal al-Din était soulagé de confier son père aux
soins d’un autre et, pour la première fois depuis des mois, il ne se sentit
plus totalement désemparé. L’examen cessa enfin et le médecin se redressa.
    — Le foie est faible, dit-il à Djalal al-Din. Je peux
te donner quelque chose pour ça, mais le problème le plus grave, ce sont ses
poumons.
    Le fils du shah ne rétorqua pas que n’importe qui aurait pu
en dire autant. Il payait en or les services de cet homme et était suspendu à
ses lèvres. Le médecin le prit par le bras et l’emmena vers un brasero
chauffant un pot où dansaient des feuilles sombres.
    — Demande à tes compagnons de faire asseoir le malade
et de lui mettre un chiffon devant le visage. Ces herbes dégagent une odeur
puissante et le feront mieux respirer.
    Djalal al-Din adressa un signe à ses frères qui aidèrent le
shah à se redresser. Aussitôt, sa respiration devint plus pénible encore.
    — Elles feront rapidement effet ? demanda Djalal al-Din.
    — Rapidement, non. Ton père est très malade. Il doit
inspirer les vapeurs de ce liquide matin, midi et soir. Donne-lui du bouillon
de bœuf pour qu’il reprenne des forces et veille à ce qu’il boive le plus d’eau
possible. Dans une semaine, je reviendrai voir si son état s’est amélioré.
    Djalal al-Din grimaça à la perspective de demeurer une
semaine encore dans ce taudis exigu. Les Mongols seraient-ils alors plus loin ?
Sûrement. Il se félicita une fois de plus de sa décision de se cacher dans
cette ville. À moins que les barbares ne la détruisent par pur dépit, son père
et ses frères étaient autant en sécurité à Khuday qu’ailleurs.
    Soutenu dans le dos par des couvertures roulées, le shah
penchait la tête vers ses jambes étendues. Le serviteur du médecin lui mit une
autre couverture sur le giron pour le protéger puis alla prendre le pot fumant
sur le brasero et le posa devant le vieil homme. L’un des frères recouvrit d’un
morceau de tissu le visage du shah, que les vapeurs âcres firent tousser deux
fois. Bientôt, cependant, le sifflement de sa respiration parut diminuer. Le
médecin écouta avec attention avant de hocher la tête.
    — Je te laisse assez d’herbes pour quelques jours, dit-il.
Ensuite, tu devras en acheter au marché. Demande du bordi ou du pala. Pour son
foie, du chardon argenté, que tu lui feras boire avec un peu de miel.
    — Merci, répondit Djalal al-Din.
    — Ne t’inquiète pas trop pour ton père. Il est vieux
mais robuste. Un mois de repos et il redeviendra aussi solide qu’avant. Je vois
que vous n’avez pas de brasero à vous…
    Le jeune homme secoua la tête. Ses frères achetaient au souk
des nourritures cuites sur les braises.
    — Je vous laisserai le mien, mais vous devrez vous
procurer du charbon de bois.
    Le médecin prépara plusieurs tas d’herbes amères qu’il fit
tomber dans des sachets de papier ciré. Il revint au jeune serviteur de tendre
la main pour réclamer le paiement et Djalal al-Din rougit de ce qu’on ait dû le
lui rappeler. Il pressa les quatre pièces d’or dans la main du garçon, nota
combien elle était propre comparée à celles des gosses de la rue.
    Une fois ses honoraires réglés, le docteur se

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