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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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la curiosité
du chef mongol, ce fut le minaret, aiguille montant vers le ciel dans la partie
ouest de la ville. Il dirigea son cheval vers l’étrange structure, qui lui
parut grandir à mesure qu’il approchait.
    Le minaret se dressait au-dessus d’une vaste place entourée
de bâtiments trapus aux volets clos. Gengis remarqua à peine ses officiers qui
enfonçaient les portes des maisons et vérifiaient qu’aucun soldat ennemi ne se
cachait à l’intérieur. Il y eut des grognements, des bruits de lutte, mais ses
guerriers connaissaient leur tâche et la résistance ne fut pas longue. De
nouveaux prisonniers ligotés furent poussés vers le champ de courses et
plusieurs d’entre eux lancèrent des regards furieux à l’homme qui se tenait
seul au pied du minaret.
    Gengis passa la main sur la surface de la base de l’édifice,
prit plaisir au contact de ses petits carreaux aux formes complexes imbriqués
les uns dans les autres. Il fut tenté de dégainer son poignard pour en
desceller un et l’examiner. L’étroite tour miroitait au soleil et il dut tendre
le cou pour en apercevoir le sommet de l’endroit où il se trouvait. En se
renversant en arrière, il fit tomber la toque dont il était coiffé. Il se
pencha pour la ramasser et eut un petit rire en la replaçant sur sa tête. L’un
de ses hommes l’entendit :
    — Seigneur ? dit-il.
    — Je pensais simplement que je ne me suis incliné
devant personne depuis que j’ai pénétré dans ces terres, répondit le khan d’un
ton léger. Il a fallu cette tour pour me faire courber la tête.
    Le guerrier sourit de voir son souverain de si belle humeur,
peut-être à cause de l’impression d’espace que donnait cette ville. Les cités
jin semblaient étriquées en comparaison et Gengis n’imaginait pas de les
gouverner. À Samarkand, au soleil, cela lui paraissait possible. Les habitants
disposaient d’eau fraîche et des denrées offertes sur les marchés pour nourrir
leurs familles. Des paysans devaient les apporter chaque jour avant l’aube et
recevoir en échange des pièces de bronze et d’argent. Un instant, Gengis vit
clairement dans son esprit tout le fonctionnement d’une grande ville, des marchands
aux artisans, aux maîtres d’école et aux scribes. Cela marchait manifestement, bien
qu’il ne comprît pas encore d’où provenaient toutes ces pièces. Y avait-il des
mines à proximité ? Si c’était le cas, qui transformait le métal en pièces
et les distribuait ensuite pour approvisionner le commerce de Samarkand ? Le
shah ? C’était troublant, mais il tourna son visage vers le soleil et se
sentit en paix. Il avait gagné une bataille ce matin, il avait envoyé ses fils
briser une autre armée venue délivrer Samarkand. C’était une bonne journée.
    L’odeur de fumée se fit plus forte sur la place et Gengis
mit un terme à ses pensées vagabondes. Ses hommes parcouraient la ville et
faisaient d’autres prisonniers, mais la garnison retranchée continuait à se
battre et il remonta sur son cheval pour reprendre le commandement des
assaillants. Avec ses archers, il se dirigea vers l’endroit où une fumée grise
tournoyait au-dessus de la ville frappée de stupeur. À quoi bon posséder des
puits et des cours si on n’est pas capable de les garder ? se demanda-t-il
en avançant au pas. Il se trouvera toujours des hommes avides pour vous prendre
ce que vous avez bâti.
    Il était pourtant possible de défendre une ville, Gengis le
savait. Il avait brisé assez de murailles en son temps pour avoir une bonne
idée de ce qui résistait le mieux aux catapultes et aux grappins. Il fut tenté
de mettre cette idée à l’épreuve dès l’hiver suivant avec l’un de ses généraux,
Süböteï de préférence. Son général favori apprécierait ce défi. S’il se montrait
capable de défendre victorieusement une ville contre les tumans, Gengis
envisagerait peut-être de laisser des cités intactes pour les confier à des
membres de sa famille. Sinon, elles ne valaient guère plus que les chèvres qu’on
attachait à un piquet pour attirer les loups.
    En tournant dans une large rue, Gengis découvrit des corps
gisant sur le sol, pour la plupart revêtus de l’armure prisée des Khwarezmiens.
Du sang qui brillait encore au soleil avait éclaboussé une entrée, mais rien ne
permettait d’en deviner la source. Le khan croisa deux autres rues avant d’arriver
au palais du shah et à la haute enceinte qui l’entourait.

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