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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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de
triomphe.
    Les guerriers de Djaghataï crièrent de colère en le voyant
au sol. Perdant toute prudence, ils se ruèrent comme des déments sur les
derniers hommes de Djötchi.
    Affaibli par sa blessure qui avait recommencé à saigner, Djötchi
rassembla ses forces et leva son sabre en regardant Djaghataï dans les yeux. Sans
un mot, il abattit sa lame. Il ne sentit pas la flèche qui le toucha à la
poitrine et le fit tourner sur lui-même avant que son coup puisse porter. Il
perdit connaissance et ne sut pas s’il avait tué ce frère qui désirait tant sa
mort.
    Djaghataï lança de nouveaux ordres et le combat redoubla
avec l’arrivée d’autres guerriers du tuman de Djötchi. Des hommes moururent
pour dégager leur général tombé à terre. D’autres réussirent à se replier en
emmenant son corps inerte, dans lequel la flèche était encore fichée.
    À cet instant, des officiers de haut rang des deux camps
donnèrent le signal d’arrêter le combat.
    Les guerriers des deux tumans s’écartèrent, laissant enfin
un espace entre eux. Les chefs de minghaan repoussèrent leurs hommes, frappèrent
de la poignée de leur sabre quelques entêtés qui essayaient de les contourner.
    Les guerriers pantelants regardèrent les morts gisant sur le
sol et furent consternés par ce qu’ils avaient fait. On entendit murmurer le
nom de Gengis et tous craignirent ce qui arriverait lorsque le khan serait
informé. Nul ne bougea tandis que les hommes de Djötchi examinaient leur
général, puis des exclamations montèrent de la cuvette : la flèche n’avait
pas traversé son armure, il vivait. Djaghataï cracha de fureur devant la chance
persistante du morveux né d’un viol. Il laissa deux de ses hommes éclisser sa
jambe cassée avec le manche d’une lance brisée, se mordit la lèvre lorsqu’ils
attachèrent la chair gonflée au bois en trois endroits entre le genou et la
cheville. Ils l’aidèrent à se remettre en selle et ses guerriers poussèrent eux
aussi des acclamations de le voir en vie. La bataille avait été gagnée contre l’ennemi,
les deux tumans quitteraient ensemble la cuvette, mais il y avait à présent
entre eux une querelle à laquelle seuls le feu ou le sang mettraient fin.
     
     
    Chakahai faisait avancer son cheval gris au pas dans les
rues obscures, flanquée des formes encore plus sombres des cavaliers qui l’escortaient.
L’air était plus chaud dans la ville que dans le camp, comme si les pavés de la
rue avaient absorbé la chaleur du jour pour la rejeter lentement la nuit. Des
oiseaux se tenaient sur tous les rebords et tous les toits. Elle se demanda si
les soldats les avaient dérangés dans leurs habitudes ou s’ils venaient
toujours se percher sur les tuiles tièdes de Samarkand. Autant qu’elle pouvait
en juger, c’était une chose naturelle, mais leur présence et le bruissement de
leurs ailes la mettaient mal à l’aise.
    Sur sa droite, une femme invisible émit une plainte. Des
guerriers portant des torches fouillaient les environs pour arracher de jeunes
Khwarezmiennes aux bras d’un père ou d’un mari, abandonnant les autres au
jugement que Gengis rendrait à l’aube. Chakahai eut le cœur serré en pensant à
celles que des mains brutales malmenaient dans les ténèbres. Elle avait vécu
bon nombre d’années parmi les Mongols et avait découvert de nombreuses qualités
chez le peuple de l’océan d’herbe. Ils continuaient cependant à prendre les
femmes des hommes qu’ils avaient vaincus et trouvaient cela naturel.
    Elle soupira en arrivant au mur écroulé donnant sur des
jardins parfumés. C’était le sort tragique des femmes d’être désirées et
enlevées dans la nuit. Elles le subissaient aussi dans le royaume de son père
et dans l’empire Jin. Son époux n’y voyait aucun mal et assurait que les
razzias de femmes maintenaient ses hommes en forme. Chakahai frissonna comme si
un froid soudain avait touché ses bras nus.
    Elle sentit l’odeur de la mort par-dessus celle des fleurs
des jardins du shah. Les cadavres entassés près du mur commençaient à se
corrompre dans la chaleur. À cet endroit, l’air semblait recuit et lui levait
le cœur quand elle l’inspirait par le nez. L’odeur portait la maladie, elle le
savait. Au matin, elle veillerait à ce que Temüge fasse emporter et brûler les
corps avant que la peste décime l’armée de son époux.
    Son cheval monta prudemment de larges marches menant au
palais dont la masse noire se

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