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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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ne m’a rien dit, ni alors ni plus tard.
    Chakahai chancela, bouleversée par ce qu’elle venait de comprendre.
    — N’en parle à personne, lui recommanda son époux. Je m’occuperai
de lui à ma façon.
    Il jura à voix basse et inclina soudain la tête pour
dissimuler le chagrin qui montait en lui.
    — La journée a vraiment été mauvaise, murmura-t-il.
    Elle se coula de nouveau entre ses bras, caressa son visage.
    — Je sais, seigneur, mais c’est fini, maintenant, tu
peux dormir.
    — Pas cette nuit, répondit-il d’une voix sifflante, pas
après tout cela.

 
26
    Trois jours s’écoulèrent avant que Gengis convoque ses fils
dans la salle d’audience du palais de Samarkand. Sur son ordre, Kachium, Khasar
et Jelme étaient revenus, avec leurs tumans, laissant derrière eux des villes
en ruine.
    La journée avait été torride et l’odeur de la sueur et de la
graisse était forte dans ce lieu confiné. Temüge aussi avait reçu l’ordre d’être
présent et avec lui près de sept cents officiers de haut rang attendaient l’arrivée
du khan. Yao Shu se trouvait parmi eux et c’était peut-être le seul homme qui
ne commandait à personne. Kökötchu, accroupi au pied du trône face à la foule, fixait
le sol de son regard vide.
    Au moment où le soleil se couchait et où on allumait des
torches le long des murs, Gengis entra sans pompe ni suite, inspecta l’assistance,
contempla les visages de ses frères et de ses enfants, Djötchi, Djaghataï et Ögödei,
jusqu’au jeune Tolui et aux marmots que sa femme Chakahai lui avait donnés. Les
plus petits se tenaient près de leur mère et de Börte. Ils n’avaient jamais vu
de ville et, impressionnés par la hauteur du plafond, ils se demandaient ce qui
l’empêchait de choir sur leurs têtes. Un des garçons de Chakahai se mit à
brailler, mais ce fut Börte qui le prit dans ses bras et lui fredonna des
paroles apaisantes. Des femmes d’officier étaient aussi présentes mais Hoelun, la
mère de Gengis, toujours enfermée dans son chagrin après la mort de sa fille, n’était
pas venue. Depuis qu’elle pleurait Temülen, Hoelun se désintéressait des
affaires des tribus et ses conseils avisés manquaient beaucoup à Chakahai et à Börte.
    Au lieu de son armure, Gengis portait ce jour-là la tenue
simple d’un de ses bergers. Un deel recouvrait sa tunique et ses jambières
prises dans des bottes en cuir souple. Sa peau récurée luisait de graisse de
mouton. Ses cheveux étaient attachés en arrière sous un couvre-chef carré, à
peine orné de quelques broderies. À la lumière jaune des torches, les plus
proches du khan pouvaient déceler des fils gris sur ses tempes, mais il avait
encore l’air plein de vie et d’énergie et sa présence suffisait à empêcher le
moindre mouvement dans la salle. Il ne manquait que Süböteï et Djebe, avec
leurs officiers de minghaan et de jagun. Gengis aurait préféré attendre qu’ils
soient là, mais il n’avait pas de nouvelles de la traque du shah et les
problèmes s’accumulaient, plus urgents les uns que les autres.
    Debout devant le trône, il croisa le regard de Djötchi et de
Djaghataï, qui se tenaient au premier rang de la foule silencieuse. Tous deux
portaient les marques du combat qu’ils avaient livré. Djaghataï s’appuyait à un
bâton pour soulager sa jambe cassée et transpirait abondamment. Djötchi avait
le visage couvert de bleus et boitait lui aussi car ses blessures suintaient
encore et commençaient tout juste à former des croûtes. Ils ne purent décrypter
les sentiments de leur père à son expression. Il avait adopté son masque froid
et même ceux qui le connaissaient bien étaient incapables de juger de son
humeur ni de deviner pourquoi il les avait convoqués. Sous le regard du khan, Djötchi
releva la tête et donna à son visage une expression aussi impassible que la
sienne. S’il n’espérait rien de bon de cette réunion, il se refusait à montrer
de la peur. Depuis trois jours, il attendait une convocation de ce genre et il
l’avait reçue presque avec soulagement.
    Gengis laissa le silence s’installer entre ses fils et lui. Il
connaissait un grand nombre des hommes et des femmes rassemblés dans la salle. Même
ceux qui étaient des étrangers à l’origine faisaient désormais partie de son
peuple. Il connaissait leurs défauts et leurs faiblesses aussi bien que ceux
des siens, voire mieux. Il les avait amenés des collines lointaines de son

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