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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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pays,
il avait pris leurs vies entre ses mains et les avaient tressées ensemble. Ce n’étaient
plus les membres de différentes tribus qui attendaient que le khan prenne la
parole. Ils étaient siens, jusqu’au plus jeune des enfants. Lorsqu’il parla
enfin, ce fut d’un ton plus calme qu’on aurait pu s’y attendre :
    — Ce soir, je désignerai mon héritier, déclara-t-il.
    Le silence se prolongea et personne ne bougea, même si Djötchi
et Djaghataï échangèrent un regard.
    — Je ne vivrai pas éternellement, poursuivit Gengis. Je
suis assez vieux pour me rappeler le temps où chaque tribu se battait contre
toutes les autres. Je ne veux pas que ces jours reviennent quand je ne serai
plus. J’ai convoqué dans cette salle tous les hommes de pouvoir de notre peuple,
à l’exception de ceux qui se trouvent avec Süböteï et Djebe. Je leur parlerai
séparément lorsqu’ils seront de retour. Vous m’avez tous juré fidélité sur
votre vie et votre honneur. Vous ferez de même pour mon fils.
    Il s’interrompit mais personne n’osa réagir. Dans l’air
étouffant, certains retenaient même leur respiration.
    — Je tiens à remercier devant vous mon frère Kachium, qui
a porté le fardeau d’être mon héritier pendant que mes fils devenaient des
hommes.
    Il chercha son frère des yeux, le vit incliner la tête
presque imperceptiblement.
    — Tes enfants ne gouverneront pas le peuple mongol, Kachium,
continua le khan, sachant que son frère comprenait la nécessité de prononcer
ces mots à voix haute. Ils régneront peut-être sur d’autres peuples et d’autres
terres, mais le Grand Khan viendra de mon choix et de ma semence. Tu seras le
premier à lui prêter serment, puis suivront Khasar, Temüge et tous les hommes
présents ici.
    Il parcourut de nouveau l’assistance de ses yeux jaunes.
    — Nous ne sommes que le serment que nous prêtons. Si
vous ne voulez pas plier le genou devant mon fils, vous pourrez partir avant le
lever du soleil. C’est le seul choix que je permettrai.
    Il marqua une nouvelle pause, ferma un instant les yeux
quand le chagrin et la colère menacèrent de le submerger.
    — Avance, Ögödei, mon héritier ! clama-t-il.
    Tous les yeux se tournèrent vers le guerrier de seize ans. Il
avait presque atteint la taille de son père pendant la campagne dans les terres
du Khwarezm. On ne voyait plus guère derrière les méplats durs de son visage le
garçon mince qui était revenu d’une ville jin avec Kachium, mais il paraissait
encore très jeune et bouleversé par les paroles de son père. Ses yeux, aussi
pâles que ceux du khan, regardaient fixement devant lui. Comme il demeurait
immobile, Börte dut le pousser du coude pour qu’il traverse la salle bondée en
se frayant un chemin parmi des hommes plus âgés. Seules Chakahai et elle
connaissaient le choix de Gengis avant la réunion. Les deux femmes lui avaient
prodigué leurs conseils dans les heures précédentes et, pour une fois, il les
avait écoutées. Des larmes de fierté brillaient dans leurs yeux.
    Gengis ignora les regards brûlants que Djaghataï et Djötchi
lui lancèrent quand il reprit la parole :
    — L’homme qui mène le peuple ne doit pas être faible. Il
ne doit agir ni sur un coup de tête ni par dépit. Il doit d’abord réfléchir
mais quand il agit, ce doit être avec la rapidité du loup, sans la moindre
pitié. De nombreuses vies dépendent de lui et une seule mauvaise décision peut
détruire ce que mes frères et moi avons bâti.
    Gengis laissa paraître une partie de sa rage intérieure
quand il serra les poings.
    — Je suis le khan de l’océan d’herbe, du peuple d’argent.
J’ai choisi mon héritier, comme c’est mon droit. Que le père ciel et la terre
mère anéantissent tout homme ou toute femme qui s’y opposera.
    Des têtes s’inclinèrent nerveusement dans la foule que
Kachium traversa pour se poster devant Gengis et Ögödei. Le khan attendit, la
main sur la poignée de son sabre, mais son frère sourit. Sentant la nervosité d’Ögödei,
Kachium lui adressa un clin d’œil avant de s’agenouiller.
    — Je te prête librement serment, Ögödei, fils de mon
frère et son héritier. Que le jour où tu lui succéderas soit lointain et, d’ici
là, je jure d’obéir aux ordres de ton père. Le moment venu, je m’engagerai à te
suivre avec yourtes, chevaux, sel et sang.
    Khasar rejoignit Kachium et lui aussi s’agenouilla, le
regard fier. Ils ne pouvaient

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