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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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celle de son père. Si
les messagers disparaissaient simplement, les deux hommes attendraient des mois
avant d’en envoyer d’autres. D’ici là, il aurait disparu lui aussi.
    Sen Tu réfléchissait et Djötchi l’observait attentivement, sentant
comme ceux qui l’entouraient que l’officier jin parlerait pour un grand nombre
d’entre eux. Sen Tu avait vu de nombreux bouleversements dans sa vie, de l’apparition
du khan dans son pays à l’effondrement du Khwarezm. Il avait été en première
ligne contre les meilleurs cavaliers du shah et pourtant Djötchi ne savait pas
quelle attitude il adopterait.
    — J’ai une épouse et deux garçons au camp, dit Sen Tu, relevant
la tête. Seront-ils en sécurité si je ne reviens pas ?
    Djötchi eut envie de mentir, d’affirmer que Gengis ne toucherait
ni aux femmes ni aux enfants. Il délibéra un moment en lui-même, estima qu’il
devait à cet homme la vérité.
    — Je ne sais pas. Ne nous faisons pas d’illusions, mon
père est vindicatif. Il peut aussi bien se venger que nous épargner.
    Sen Tu respectait le Grand Khan mais il aimait Djötchi comme
un fils. Il avait donné sa vie à ce jeune général qui se tenait devant lui, si
vulnérable et s’attendant visiblement à être rejeté une fois de plus. L’officier
jin ferma les yeux, pria pour que ses enfants vivent et rencontrent un jour un
homme digne d’être suivi, comme il l’avait fait.
    — J’irai partout où tu iras, général.
    Bien qu’il eût parlé sans forcer sa voix, il fut entendu de
ceux qui l’entouraient.
    — Sois le bienvenu, répondit Djötchi. Je ne souhaitais
pas partir seul.
    Un autre officier de minghaan intervint :
    — Tu ne seras pas seul, général. Je viens aussi.
    Djötchi sentit un picotement dans ses yeux. Son père avait
connu cette joie d’avoir avec lui des hommes prêts à le suivre, même si cela
devait leur coûter la vie ou la perte de tout ce qu’ils aimaient. C’était plus
important que l’or, plus important que les cités. Une vague parcourut ses
officiers, qui se levaient et criaient leur nom pour se rallier à lui l’un
après l’autre. Pour chacun d’eux, c’était un choix personnel mais ils étaient
tous avec lui, ils l’avaient toujours été. Quand ils furent suffisamment
nombreux, ils poussèrent une acclamation rauque, un cri de bataille qui parut
faire trembler le sol sur lequel ils se trouvaient.
    — Quand les messagers seront morts, je demanderai aux
guerriers de choisir, dit Djötchi.
    — Général, répondit Sen Tu, si certains d’entre eux
décident de ne pas te suivre, de retourner auprès du khan, ce sera nous trahir.
    Djötchi le regarda dans les yeux. Il avait longuement
réfléchi à son projet. Une partie de lui-même savait qu’il devrait faire
exécuter ceux qui ne le suivraient pas. Il aurait été moins dangereux de
laisser vivre les messagers que permettre à ces hommes de retourner auprès du
khan. S’il les épargnait, ses chances de survie seraient quasiment nulles. Il
savait que son père aurait pris sa décision en un instant mais lui se sentait
partagé. Tous ses officiers l’observaient, attendaient ce qu’il ordonnerait.
    — Je ne les empêcherai pas, dit-il enfin. Si un guerrier
veut retourner auprès de sa famille, je le laisserai partir.
    Sen Tu eut une grimace.
    — Voyons ce qui se passera, seigneur. S’ils ne sont qu’une
poignée, je pourrai envoyer des archers leur tendre une embuscade.
    Djötchi sourit de la loyauté sans faille de l’officier jin. Le
cœur plein de joie, il regarda les hommes assemblés au bord de la rivière.
    — Je tuerai les messagers, répondit-il. Ensuite, nous
verrons.

 
30
    Le village dans la montagne était intact. Pendant trois
jours, Süböteï avait chevauché avec Gengis et les tumans, parfois sur une piste
à peine assez large pour trois chevaux de front. Les Mongols ne comprenaient
pas comment on pouvait survivre dans un tel endroit, mais le troisième jour, avant
midi, ils avaient rejoint un chariot lourdement chargé tiré par une mule. Comme
le sentier longeait le vide, ils ne pouvaient pas le dépasser et Djebe
contraignit le charretier à dételer sa bête avant que ses hommes poussent le
chariot par-dessus le bord. Süböteï le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il se
fracasse sur les rochers au fond du ravin, répandant du grain et des rouleaux
de tissu.
    Leur propriétaire terrifié n’osa pas protester et Süböteï
lui lança une

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