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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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shah et les garnisons de nombreuses cités. Ils étaient venus à son secours
quand il s’était retrouvé seul parmi les guerriers de son frère. Ils lui
étaient liés par bien plus qu’un serment d’allégeance, mais il ne savait pas si
cela suffirait. Il prit une longue inspiration et déclara :
    — Je ne rentre pas.
    Tous se figèrent, qui portant un morceau de viande à ses
lèvres, qui tendant la main vers une outre d’airag.
    Pour Djötchi, prononcer ces mots était comme rompre une
digue et il aspira une autre goulée d’air, comme s’il avait couru. Il sentait
son cœur battre follement, il avait la gorge nouée.
    — Ce n’est pas une décision récente. J’y pense depuis
que je me suis battu contre le tigre et que nous avons entamé notre campagne
dans ces terres. J’ai été loyal envers mon père le khan dans tous mes actes. Je
lui ai donné ma vie et celle des hommes qui me suivaient. C’est assez.
    Il promena son regard sur les visages silencieux de ses
officiers pour voir comment ils accueillaient sa déclaration.
    — Demain, je monterai vers le nord. Je n’ai aucune
envie de traverser les terres jin, au sud, ni de m’approcher de celles du Xixia,
à l’est. Je veux retourner dans la steppe et me rafraîchir dans les rivières
qui nous ont donné vie pendant dix mille ans. Puis je chevaucherai si loin et
si vite que même les chiens de chasse de mon père ne me trouveront jamais. Il y
a des centaines de contrées qui nous sont encore inconnues. J’en ai vu
quelques-unes avec le général Süböteï. Je le connais bien et même lui n’arrivera
pas à me retrouver. J’irai au bout du monde et je m’y taillerai un royaume. Je
ne laisserai pas de traces. Le temps que mon père apprenne que je ne rentrerai
pas, j’aurai disparu.
    « Je ne vous ordonnerai pas de rester avec moi. Je ne
peux pas. Je n’ai pas de famille dans les yourtes, alors que nombre d’entre
vous ont des femmes et des enfants qu’ils ne reverraient jamais. Je n’exige
rien de vous, qui êtes liés par serment à mon père et à Ögödei. Vous manqueriez
à votre parole si vous partiez avec moi et il n’y aura pas de retour, pas de
trêve avec mon père. Il enverra des chasseurs qui nous traqueront pendant des
années. Il ne montrera aucune pitié. Je suis son fils et je le sais mieux que
personne.
    Tandis qu’il parlait, ses doigts passaient dans les poils
raides de la peau de tigre près du pommeau de sa selle, suivaient le bord
rugueux à l’endroit où Gengis avait coupé la tête. Un de ses officiers de
minghaan se leva lentement et Djötchi s’interrompit pour l’écouter.
    — Général, dit l’homme, dont la voix se brisait sous
une immense pression, pourquoi envisages-tu une telle décision ?
    Djötchi sourit malgré l’amertume qui l’envahissait.
    — Parce que je suis vraiment son fils, Sen Tu. Il a
formé sa tribu en rassemblant tous ceux qui l’entouraient. Puis-je faire moins ?
Dois-je suivre aussi Ögödei jusqu’à ce que je sois vieux et que ma vie ne soit
faite que de regrets ? Je vous le dis, j’en suis incapable. Mon petit
frère sera khan, il ne me cherchera pas, le moment venu. J’aurai des épouses, des
fils et des filles dans un pays où on ne connaît pas le nom de Gengis.
    Il fit courir son regard sur les hommes assemblés près de la
berge. Ils le soutinrent sans sourciller, même si plusieurs d’entre eux
semblaient avoir été frappés par la foudre.
    — Je serai mon propre maître quelques années avant d’être
pourchassé et tué. Qui peut dire comment cela finira ? Mais je pourrai au
moins me dire libre pendant quelque temps. Voilà pourquoi je me tiens devant
vous.
    L’officier jin se rassit pensivement. Djötchi attendit. Chacun
de ses hommes, impassible, cachait ses pensées à ceux qui l’entouraient. Chacun
d’eux prendrait sa décision seul, comme lui l’avait fait.
    Sen Tu reprit soudain la parole :
    — Tu devras tuer les messagers.
    Djötchi acquiesça. Ces deux jeunes hommes avaient sans le
savoir mis leur tête dans la gueule du loup. Il ne pouvait pas les laisser
retourner indiquer au khan sa position, même s’il prenait la direction du nord
après leur départ. Djötchi avait un moment songé à les renvoyer avec une
histoire inventée de toutes pièces, mais les supprimer était plus sûr que
chercher à ruser et espérer tromper des hommes comme Süböteï. Djötchi ne
sous-estimait pas l’intelligence aiguë de ce général, ni

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