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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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devant
l’expression grave de son frère.
    — Ah bon ? Je pensais que tu aurais plein de
conseils à me donner sur la façon dont je dois me comporter avec ce traître.
    — Rien de ce que je pourrais dire ne te fera changer d’avis.
Tu es le khan et tu dois peut-être faire un exemple pour les autres, je ne sais
pas. À toi de décider. J’ai d’autres nouvelles…
    Gengis scruta le visage de son frère. Autrefois lisse, il
avait pris des rides autour de la bouche et des yeux. Son âge se voyait surtout
quand il souriait, ce qui lui arrivait de moins en moins souvent depuis qu’ils
avaient envahi le Khwarezm. Gengis ne possédait pas de ces miroirs que
fabriquaient les Jin mais supposait que sa propre figure était aussi burinée, voire
davantage.
    — Alors, je t’écoute.
    — Tu as entendu parler de cette armée qui s’est formée
dans le Sud ? Je la fais surveiller depuis quelque temps.
    Gengis haussa les épaules.
    — Süböteï et Djaghataï ont aussi envoyé des hommes l’épier.
Nous en savons plus sur ce ramassis de paysans qu’ils n’en savent eux-mêmes.
    — Ce ne sont pas des paysans, Gengis, ou alors des
paysans qui portent des armures et des sabres de guerriers. Aux dernières
nouvelles, ils seraient soixante mille, si mes éclaireurs ont appris à compter
jusque-là.
    — Je dois avoir peur de soixante mille hommes ? Certes,
leur nombre a grandi. Nous les observons depuis un an ou plus : ils
beuglent, ils scandent des cris de guerre et ils agitent leurs armes. Est-ce qu’ils
auraient enfin décidé de nous attaquer ?
    Malgré la désinvolture de son ton, Gengis sentait une main
glacée lui tordre le ventre. Il avait entendu parler de cette armée et de son
chef vénéré près d’un an après être revenu de la forteresse des Assassins. Ses
généraux s’étaient préparés à une attaque, mais les saisons avaient lentement
passé et aucune troupe n’avait marché sur eux. Il pensait parfois que c’était
uniquement cette menace qui le retenait sur ces terres où la chaleur et les
mouches l’importunaient chaque jour.
    — Nos guerriers ont capturé trois de ces hommes, dit
Kachium, interrompant ses réflexions. Ce sont des déments, frère, ils avaient
presque l’écume aux lèvres quand ils ont compris qui nous étions.
    — Tu les as fait parler ?
    — Impossible. C’est ce qui m’a étonné. Ils nous ont
craché des injures à la figure et ils ont eu une mort pénible. Seul le dernier
a révélé le nom de celui qui les mène.
    — Qu’ai-je à faire de noms ?
    — Celui-là, tu le connais. Djalal al-Din, dont le père
était shah du Khwarezm.
    Parfaitement immobile, Gengis assimila l’information.
    — Il a fait du chemin, commenta enfin le khan. Son père
serait fier de lui. Soixante mille hommes, tu dis ? Au moins nous sommes
sûrs qu’il viendra du nord pour avoir ma tête. Il n’est plus question d’incursions
en Inde maintenant que nous savons que c’est Djalal al-Din.
    — Ils ne peuvent pas faire un pas sans que je le sache,
assura Kachium.
    — Si nous les attendons… commença Gengis d’une voix
songeuse. Je suis tenté de mettre fin à leurs braillements avec mes tumans.
    Kachium savait que pour influencer son frère il devait faire
preuve de subtilité.
    — L’armée du shah était bien plus nombreuse, mais nous n’avions
pas le choix. Ton tuman et le mien sont aguerris. Les Jeunes Loups de Süböteï
et les Peaux d’Ours de Djebe représentent vingt mille hommes de plus sur le
champ de bataille. Djaghataï, Khasar et Jelme disposent de trente mille hommes.
Soit sept tumans de vétérans. Ögödei connaît à peine la guerre. Je n’engagerais
pas ses hommes contre un tel ennemi.
    — Je lui ai donné de bons officiers. Ils ne failliront
pas.
    Gengis regarda de nouveau les yourtes dressées au bord du
lac. Chaque année, des enfants naissaient par milliers dans les familles et il
fallait remplacer les morts et les blessés dans les rangs. On avait eu du mal à
former un nouveau tuman pour Ögödei, mais l’héritier du khan devait apprendre à
commander et les autres généraux réclamaient des hommes depuis un an. Gengis s’abstint
de parler de son projet d’un neuvième tuman pour Tolui. La femme de son fils
cadet avait soulevé la question, quelques mois plus tôt. Gengis tourna les yeux
vers l’endroit où elle jouait avec Kublai et Mongke, qui poussaient des cris
ravis quand elle les jetait l’un après l’autre dans

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