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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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mais j’étais tellement désespéré
que je ne savais pas quoi faire d’autre. De mes deux mains, j’ai arraché le
rubis et toute sa force s’est enfuie car cette pierre en était la source. J’ai
ramassé mes yeux, j’ai vendu le rubis pour m’acheter un cheval blanc. J’ai
survécu mais, encore aujourd’hui, je fais bien attention à ne pas perdre mes
yeux quand j’éternue.
    — C’est même pas vrai, dit Mongke d’un ton dédaigneux.
    —  Si, affirma Kublai, déterminé à défendre son
grand-père.
    — Je ne me souviens pas exactement de tous les détails,
convint Gengis en souriant. Il n’avait peut-être pas de barbe.
    Mongke grogna et donna à son grand-père un coup de pied que
celui-ci ne sembla pas sentir. Lorsque les deux enfants levèrent les yeux, ils
virent que Gengis observait deux cavaliers qui traversaient au loin la plage de
galets. Le khan avait changé d’expression et les deux petits garçons se
demandaient pourquoi son humeur légère avait pris fin.
    — Retournez avec votre mère, leur enjoignit-il. Je vous
raconterai une autre histoire ce soir si j’ai le temps.
    Il ne les regarda pas détaler, expédiant du sable et du
gravier en l’air de leurs pieds nus, et se redressa pour accueillir les
éclaireurs. Il connaissait les hommes qui galopaient vers lui, il les avait
chargés un an plus tôt environ d’une mission précise. Leur retour signifiait qu’ils
avaient échoué ou retrouvé Djötchi. Lorsqu’ils se rapprochèrent, il ne devina
pas à leurs visages ce qu’il en était. Ils mirent pied à terre, s’inclinèrent
profondément.
    — Seigneur khan… commença le premier.
    Gengis n’avait pas de temps à perdre en salutations.
    — Vous l’avez trouvé ?
    L’homme acquiesça, avala nerveusement sa salive.
    — Dans le Grand Nord, seigneur. Nous ne nous sommes pas
arrêtés pour vérifier, une fois que nous avons aperçu des yourtes et des
chevaux semblables aux nôtres. Ça ne pouvait pas être quelqu’un d’autre. Nous
sommes repartis aussitôt…
    — Des yourtes ? s’étonna Gengis. Il n’en avait pas
emporté. Il a un foyer maintenant, si loin qu’il ne doit même plus penser à moi.
Est-ce que les hommes qui l’accompagnent vous ont vus ?
    Les deux éclaireurs secouèrent la tête en silence. Le khan n’avait
pas besoin de savoir qu’ils s’étaient lentement approchés du camp de Djötchi en
rampant dans la neige, à demi morts de froid.
    — C’est bien, les complimenta-t-il. Prenez six chevaux
dans mon troupeau pour votre récompense : deux juments, deux étalons et
deux jeunes hongres. Je ferai votre éloge à votre général.
    Les deux éclaireurs s’inclinèrent de nouveau, écarlates de
plaisir, et remontèrent en selle pour gagner les yourtes plantées sur les
berges du lac. Resté seul, Gengis contempla un moment ses eaux. Jamais un de
ses généraux ne l’avait trahi ni ne lui avait seulement désobéi. Jusqu’à ce que
Djötchi disparaisse en emmenant avec lui sept mille excellents guerriers. Il
secoua la tête tandis que son humeur s’assombrissait encore. Tout cela finirait
dans le sang, après qu’il eut élevé le fils d’un autre comme le sien. Djötchi
ne lui laissait pas le choix.
    Il fit courir son regard le long des berges recouvertes par
des milliers de yourtes. Le lieu était agréable mais l’herbe devenait rare et
chaque jour il fallait abattre un grand nombre des chèvres et des moutons qui s’en
nourrissaient. Il est temps de partir, pensa-t-il. Son peuple n’était pas fait
pour rester au même endroit, avec toujours la même vue sous les yeux alors que
le monde s’étendait autour d’eux, proposant un éventail infini de choses
étranges à découvrir. Il arqua son dos, qui fit entendre un craquement déplaisant.
Un autre cavalier venait de quitter les yourtes et se dirigeait vers lui. Il
soupira. Malgré une vue qui n’était plus aussi perçante qu’avant, il reconnut
Kachium à sa façon de se tenir en selle.
    Gengis attendit en laissant le vent du lac lui caresser le
visage. Il se ne retourna pas quand son frère cria un salut à Sorhatani et aux
enfants.
    — Alors, tu es au courant ? dit le khan.
    Kachium le rejoignit, contempla les mêmes eaux pâles.
    — Pour les éclaireurs ? Bien sûr, c’est moi qui te
les ai envoyés, répondit-il. Ils ont retrouvé Djötchi, mais ce n’est pas pour
ça que je viens te voir.
    Gengis finit par se retourner et haussa les sourcils

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