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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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l’eau.
    — Trouve un bon second à Ögödei. Quelqu’un qui l’empêchera
de faire des bêtises jusqu’à ce qu’il ait appris à commander.
    — Même avec ses hommes, huit tumans contre un ennemi
presque aussi nombreux ? objecta Kachium. Nous perdrions beaucoup de bons
guerriers.
    — Avant, tu ne te préoccupais pas de nombres, répliqua
Gengis. Allons, parle.
    Kachium prit une profonde inspiration.
    — Tu nous as amenés ici pour venger les émissaires
exécutés par le shah. Tu lui as fait payer mille fois le prix de leur mort. Pourquoi
rester et risquer d’être anéantis ? Tu ne veux pas de ces terres et de ces
cités. Depuis combien de temps n’as-tu pas vu les montagnes de chez nous ?
    Il s’interrompit pour désigner les pics entourant le lac et
ajouta :
    — Ce n’est pas pareil.
    Gengis réfléchit. Quand il répondit enfin, ce fut en pesant
soigneusement chaque mot :
    — J’ai réuni les tribus pour que les Jin ne pressent
plus leur botte sur notre nuque et nous avons humilié leur empereur dans sa
capitale. C’était la voie que je m’étais tracée et je me suis battu pour ça. Je
voulais les bousculer, les repousser jusqu’à la mer dans toutes les directions.
Quant aux Khwarezmiens, je ne serais même pas venu ici s’ils ne m’avaient pas
provoqué. Ils ont mérité leur sort.
    — Nous ne sommes pas obligés de combattre le monde
entier, argua Kachium.
    — Tu vieillis, frère, tu le sais ? Tu penses à l’avenir,
à tes femmes et à tes enfants. Ne commence pas à bredouiller, tu sais que j’ai
raison. Tu as oublié pourquoi nous nous battons. Un moment, j’ai eu la même
tentation que toi, à Samarkand. J’ai dit à Arslan : « Ces gens vivent
plus longtemps que nous, ils ont une vie plus sûre, plus facile. » Oui, comme les chameaux et les moutons. Nous pourrions mener un temps cette
existence, mais les loups finiraient par nous égorger. Nous savons comment va
le monde, le reste n’est qu’illusion.
    Il regarda ses petits-fils que Sorhatani était en train de
peigner et qui gigotaient pour lui échapper. Elle-même avait de longs cheveux
noirs et il caressa un instant l’idée de se trouver une autre jeune épouse pour
réchauffer son lit. Cela le revigorerait, il en était sûr.
    — Frère, reprit-il, nous pourrions vivre en paix pour
que nos fils et petits-fils puissent vivre en paix à leur tour, mais à quoi bon ?
Si nous vivons tous jusqu’à quatre-vingts ans sans jamais tenir un arc ou un
sabre, nous aurons gâché nos meilleures années. Tu devrais le savoir. Nos
petits-fils nous remercieraient-ils d’une vie paisible ? Uniquement s’ils
avaient trop peur pour prendre les armes. Je ne souhaite pas une vie tranquille
à mes ennemis, Kachium, encore moins à ma famille. Même les villes ne
prospèrent que si elles ont en haut de leurs murailles des hommes coriaces, prêts
à lutter et à mourir pour que d’autres dorment en paix. Nous, nous combattons tous , du premier cri au dernier souffle. C’est la seule façon d’être fiers
de ce que nous sommes.
    — J’en suis fier ! rétorqua Kachium. Mais cela ne
veut pas dire…
    Gengis leva une main.
    — Pas de « mais ». Ce Djalal al-Din déferlera
du sud avec ses hommes et nous pourrions fuir devant lui. Nous pourrions le
laisser reprendre toutes les villes que nous avons conquises et succéder à son
père. Il réfléchirait peut-être avant de me provoquer de nouveau quand je lui
enverrais des émissaires. Mais je suis venu sur ces terres parce que, si je
détourne les yeux quand un homme me menace, il me prend quelque chose d’important.
Si je me bats et si je meurs, il ne peut prendre que ma vie. Il me reste mon
courage, ma dignité. Dois-je faire moins pour la nation que j’ai bâtie ? Dois-je
lui accorder moins d’honneur qu’à moi-même ?
    — Je comprends, murmura Kachium.
    — Il vaudrait mieux, parce que tu chevaucheras avec moi
contre cet ost. Nous vaincrons ou nous mourrons. Mais je ne détournerai pas les
yeux quand ces hommes viendront. Je ne m’inclinerai pas et je ne les laisserai
pas me piétiner.
    Il marqua une pause, eut un rire bref.
    — J’allais ajouter que personne ne pourra dire que j’ai
fui un combat, mais Arslan m’a rappelé quelque chose à Samarkand. Peu importe
ce que d’autres pensent de la façon dont j’ai mené ma vie. Peu importe que nous
passions dans les chroniques de Temüge pour des tyrans ou des couards. Ce qui
compte,

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