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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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des exigences de la chair. Le seul vrai plaisir qu’il eût
jamais connu, il l’avait trouvé dans l’organisation et l’étude.
    Zayed se rendit vaguement compte qu’il lui fallait manger
pour affronter la longue nuit qui l’attendait. Il avait plus de cent espions
sur le chemin de l’armée mongole et leurs rapports lui parvenaient à toute
heure. Lorsque les grognements rythmés de son maître commencèrent, il secoua la
tête comme devant un enfant rétif. Se conduire ainsi alors que le monde était
sur le point de basculer le consternait. Zayed savait que le shah Mohammed
rêvait de devenir un autre Saladin. Inaltchiq n’était alors qu’un enfant mais
lui se souvenait du règne du grand sultan. Il chérissait le souvenir des
guerriers de Saladin passant par Boukhara pour se rendre à Jérusalem trente ans
plus tôt. C’était l’âge d’or.
    Le shah ne laisserait pas Otrar tomber aux mains des Mongols,
Zayed en était presque sûr. De nombreux chefs s’étaient rangés sous sa bannière
mais ils guettaient le moindre signe de faiblesse. C’était le lot de tous les
hommes forts et le shah ne pouvait pas abandonner une cité opulente. D’autant
que les Jin n’avaient jamais été aussi faibles. Si le Khwarezm arrêtait Gengis
à Otrar, il y avait un monde à conquérir.
    Zayed entendit les grognements lascifs de son maître croître
en volume et soupira. Inaltchiq convoitait sans doute le trône du shah. S’il
parvenait à briser rapidement les Mongols, ce trône n’était peut-être pas hors
de portée.
    Après le coucher du soleil, la fraîcheur s’installait dans
le couloir et Zayed remarqua à peine les esclaves qui disposaient des lampes à
huile sur toute sa longueur. Il n’était pas fatigué. C’était aussi un des
avantages de l’âge de ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil. Il s’éloigna
à pas lents dans l’obscurité, l’esprit absorbé par le millier de choses qu’il
avait à faire avant l’aube.

 
9
    Djebe avait perdu le compte du nombre de lieues qu’ils
avaient couvertes à cheval depuis qu’ils avaient quitté l’armée du khan. Descendant
d’abord vers le sud, ils étaient parvenus à un vaste lac en forme de croissant.
Jamais il n’avait vu une telle étendue d’eau douce, si large que même les
éclaireurs à la vue perçante n’en distinguaient pas l’autre rive. Pendant des
jours, ses hommes et lui avaient péché au harpon de gros poissons verts dont
ils ignoraient le nom mais dont la chair les avait régalés. Djebe avait décidé
de ne pas faire traverser les chevaux à la nage et avait mené son tuman le long
des berges argileuses. Les alentours grouillaient d’animaux dont ils pouvaient
se repaître : des gazelles, des ibex, et même un ours brun surgi d’un
taillis qui avait failli atteindre un groupe de guerriers avant que des flèches
l’abattent. Djebe avait drapé la peau de l’animal encore couverte d’une graisse
puante sur la croupe de sa monture. Il espérait pouvoir la traiter à la fumée
avant qu’elle soit perdue. Des faucons et des aigles s’élevaient haut dans les
vents de cette contrée dont les collines et les vallées lui rappelaient son
pays.
    Comme Gengis l’avait ordonné, il épargnait les villages et
ses guerriers passaient en une masse sombre tandis que les paysans s’enfuyaient
ou demeuraient pétrifiés de peur. Ces hommes lui faisaient penser à du bétail
et il frémissait à l’idée de mener une telle vie, prisonnier à jamais d’un seul
endroit. Il avait rasé quatre villes moyennes et plus d’une douzaine de forts, laissant
le butin enterré dans les collines en des lieux indiqués par une marque. Ses
cavaliers apprenaient à le connaître et appréciaient sa façon de frapper vite
après avoir parcouru des distances considérables en quelques jours. Arslan
avait été un général plus prudent mais il avait bien formé Djebe, qui menait la
vie dure à ses hommes. Il avait un nom à se faire parmi les généraux et il ne
tolérait aucune faiblesse ni hésitation chez ceux qui le suivaient.
    Si une ville se rendait rapidement, Djebe en envoyait les
marchands dans le Nord-Est, là où Gengis devait être arrivé avec les chariots
plus lents. Il leur promettait de l’or et les tentait en leur montrant des
pièces de monnaie jin comme preuve de la générosité du khan. Beaucoup d’entre
eux avaient vu brûler leur maison et ne débordaient pas d’amour pour le jeune
général mongol, mais ils

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