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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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les grognements emplissaient les oreilles des protagonistes.
Les soldats sursautaient, terrifiés par le bruit des cavaliers qui continuaient
à les assaillir. Au-dessus de leurs têtes, les étoiles brillaient et un
croissant de lune montait lentement.
    Persuadé que le khan était capable de poursuivre son attaque
jusqu’à l’aube, Mohammed priait pour survivre à la nuit. Une fois de plus, sa
garde dut faire face à une colonne tentant de l’atteindre, tua près d’une
centaine de Mongols et dispersa le reste. Les fils des nobles familles
prenaient plaisir à se battre, il pouvait le voir. Ils ne comptaient pas leurs
pertes : Allah donnait et reprenait à sa guise.
    Mohammed se dit que l’aube se lèverait sur des lambeaux
sanglants de son armée et seule la pensée que l’ennemi subissait autant de
pertes que lui l’empêchait de faiblir.
    Il ne remarqua pas tout de suite que le vacarme avait
diminué. C’était comme s’il avait vécu toute sa vie dans le grondement des
sabots. Il appela les nobles fils pour avoir des nouvelles fraîches. L’armée
avançait toujours et Otrar serait proche avant l’aube.
    Finalement, l’un des officiers du shah cria que le khan se
repliait. Mohammed remercia Allah de l’avoir délivré : il savait bien que
des cavaliers ne peuvent pas attaquer la nuit. À la faible lueur d’un croissant
de lune, il leur était impossible de coordonner leurs assauts et ils risquaient
de se heurter les uns les autres. Il écouta les rapports de ses éclaireurs sur
la distance le séparant encore d’Otrar et sur les positions de Gengis.
    L’aube serait décisive. Ces maudits Mongols avaient sans
doute tiré toutes leurs flèches dans les corps de ses hommes. Quand Otrar
serait en vue, il déploierait ses lignes et pourrait opposer un plus grand
nombre de cimeterres à leurs attaques. Il parcourut du regard les rangs de ses
soldats, se demanda combien avaient survécu au combat dans la montagne. Il
avait vu un jour un groupe de chasseurs poursuivre un lion blessé qui fuyait
leurs lances. Le fauve avait laissé derrière lui une trace sanglante en se
traînant sur son ventre percé. Mohammed ne put s’empêcher d’imaginer son armée
dans le même état. Il donna enfin l’ordre de faire halte et crut entendre un
soupir de soulagement poussé par des milliers de poitrines. Au moment où il s’apprêtait
à descendre de son éléphant, il vit des lumières s’allumer à l’est. Il savait
reconnaître les feux d’une armée et il resta un moment encore sur le dos de l’animal
tandis que d’autres points lumineux apparaissaient, trouant l’obscurité telles
des étoiles distantes. Ses ennemis étaient là-bas et se reposaient en attendant
le lever du jour.
    Autour de lui, ses hommes commencèrent eux aussi à faire du
feu avec du bois et des bouses séchées transportés par les chameaux. Au matin, tout
serait fini. Le shah entendit une voix appelant les fidèles à la prière et
hocha la tête. Allah était encore avec eux et le khan mongol saignait, lui
aussi.
     
     
    Sous la lune qui traversait le ciel noir, Gengis rassembla
ses généraux autour d’un feu. Le climat n’était pas à la jubilation tandis qu’ils
attendaient qu’il prenne la parole. Les tumans avaient massacré un grand nombre
de soldats du shah, mais leurs propres pertes étaient terribles. Dans l’heure
qui avait précédé le crépuscule, quatre mille hommes aguerris avaient trouvé la
mort. Ils étaient presque parvenus au shah quand sa garde les avait repoussés.
    Djebe et Djötchi étaient rentrés au camp ensemble, salués
par Kachium et Khasar tandis que Gengis se contentait de les regarder fixement.
Süböteï et Jelme s’étaient levés pour féliciter les deux jeunes gens de la
longue chevauchée dont tout le camp parlait.
    Djaghataï avait lui aussi entendu la nouvelle et c’est avec
une expression amère qu’il vit Jelme tapoter le dos de son frère aîné. Il ne
comprenait pas pourquoi ils avaient l’air si satisfaits. Lui aussi s’était
battu et il avait obéi aux ordres de son père au lieu de disparaître pendant
des jours. Lui au moins avait été là quand Gengis avait eu besoin de lui. Djaghataï
avait espéré voir Djebe et Djötchi tancés pour leur absence, mais leur attaque
tardive de l’arrière-garde du shah était saluée comme un trait de génie. Il rumina
son dépit en regardant son père.
    Gengis était assis en tailleur, une outre d’airag contre la
hanche, un

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