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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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bol de morceaux de fromage sec sur le giron. Le dos de sa main
gauche était couvert d’une croûte rouge et la blessure de son mollet droit
bandé suintait encore. Tandis que Djaghataï écoutait les louanges imbéciles
faites à son frère, Gengis nettoya son bol d’un doigt et le porta à ses lèvres.
Le silence se fit quand il reposa le récipient.
    — Samuka et Ho Sa doivent être morts, maintenant, dit-il.
Les soldats d’Otrar se rapprochent et j’ignore combien ont survécu au feu et à
nos flèches.
    — La nuit ne les arrêtera pas, intervint Kachium. Ils
feront peut-être avancer leurs chevaux au pas, mais ils rejoindront quand même
le shah avant l’aube.
    En parlant, le frère du khan scruta l’obscurité dans la
direction d’où la garnison d’Otrar devait arriver. Il vit les feux du camp de
Mohammed distants d’une ou deux lieues, très nombreux malgré les pertes subies.
Les éclaireurs du shah devaient déjà galoper pour rejoindre la garnison d’Otrar
et la guider. La nuit les dissimulerait.
    — J’ai envoyé des éclaireurs dans toutes les directions,
reprit Gengis. Si l’ennemi attaque cette nuit, il n’y aura pas de surprise.
    — Qui attaque la nuit ? marmonna Khasar, levant à
peine les yeux de ses morceaux de viande de chèvre séchée.
    Il mangeait sans appétit en songeant à Samuka et à Ho Sa. Dans
la lumière des flammes, le khan tourna un regard froid vers son frère.
    — Nous, lâcha-t-il.
    Khasar se hâta d’avaler ce qu’il avait dans la bouche, mais
avant qu’il puisse répondre Gengis poursuivit :
    — Nous n’avons pas d’autre choix. Nous savons où ils
sont et de toute façon nous avons tiré toutes nos flèches. Si nous attaquons de
tous les côtés, nos lignes ne se gêneront pas l’une l’autre.
    Ayant dégluti, Khasar dit d’une voix voilée :
    — Il y a peu de clair de lune, frère. Comment
verrons-nous les fanions ? Comment saurons-nous de quel côté penche le
combat ?
    — Tu le sauras quand l’ennemi s’effondrera ou quand tu
seras tué. Il n’y a pas d’autre solution. Tu voudrais que j’attende que le shah
reçoive à l’aube le renfort de vingt mille hommes frais ?
    Le khan parcourut des yeux le cercle de ses généraux. Beaucoup
avaient des gestes raides et le bras droit de Jelme était entouré d’un
pansement rouge encore humide.
    — Je connais Samuka, ils seront moitié moins, argua
Khasar.
    Süböteï s’éclaircit la gorge et Gengis se tourna vers lui.
    — Seigneur, les colonnes ondulantes ont fait du bon
travail quand nous avions des flèches. Dans l’obscurité, chaque assaut se
heurterait à des rangs solides d’hommes protégés par leurs boucliers. Nous
pourrions perdre tous nos guerriers.
    Gengis eut un grognement dédaigneux mais Süböteï continua, d’une
voix calme :
    — Une colonne pourrait réussir à percer, mais cela, nous
l’avons déjà vu aujourd’hui, et l’ennemi ne s’est pas enfui.
    — Tu as autre chose à proposer ? répliqua Gengis.
    Le ton était sec mais il était prêt à écouter attentivement.
Il connaissait l’intelligence aiguë de Süböteï.
    — Nous devons les abuser, seigneur. Par une fausse
attaque sur l’autre flanc. Ils enverront des hommes renforcer ce côté et nous
les bousculerons du nôtre.
    Gengis réfléchit en secouant la tête. Süböteï insista :
    — Nous pourrions envoyer un petit nombre de guerriers
mener tous les chevaux de remonte contre l’aile gauche du shah en faisant le
plus de bruit possible. Lorsque le shah portera ses forces vers la gauche, nous
attaquerons à droite avec tous nos cavaliers. Cela pourrait marcher.
    Le jeune général attendit la réponse du khan en retenant sa
respiration.
    — C’est un bon plan, dit Gengis. Il…
    Les hommes assemblés autour du feu sursautèrent lorsqu’un
cor d’éclaireur sonna dans la nuit. Comme en réponse, un grondement s’éleva au
loin. Pendant qu’ils discutaient et mangeaient, le shah avait attaqué leur camp.
    Les généraux se levèrent d’un bond, impatients d’aller
rejoindre leurs hommes.
    — C’est plus simple ainsi, dit Khasar au passage à Süböteï.
    Le ton ironique fit sourire le jeune général : il avait
prévu une attaque de nuit, ses guerriers étaient prêts.

 
16
    Les yeux fixés sur les feux mongols, Djalal al-Din avançait
au trot dans l’obscurité. Les soldats courant près de ses étriers étaient
épuisés, mais il avait pressé son père de lui

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