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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n’était pas libre. Il avait besoin de prendre du recul et d’essayer d’y voir plus clair en lui-même. Si l’arrivée théâtrale de Belmont flanqué de Langlois lui avait valu une bouffée de joie, il s’avouait honnêtement qu’il n’était pas prêt à rencontrer Pauline. C’était inévitable puisqu’il allait devoir interroger sa femme de chambre, mais il avait besoin de s’y préparer. Naturellement, il n’articula pas une parole durant le trajet et Cornélius eut le bon goût de respecter son silence et de garder pour lui la sensation de béatitude qui s’était emparée de lui en apprenant que la Chimère ne reposait pas au milieu des débris du Titanic . Il nageait en pleine euphorie et se sentait tout disposé à se délester de millions de billets verts, à faire trois fois le tour du monde ou davantage si nécessaire pour acquérir la merveille qui lui ouvrirait la porte du bonheur ! Parce qu’il n’imaginait pas un instant que l’on pût échouer et, assis bien droit dans la voiture, il posait un sourire ravi sur les rues et les gens alentour.
    Il souriait encore quand on fut à destination, ce qui plongea Cyprien dans un abîme de réflexions et, après avoir annoncé qu’il montait faire un brin de toilette en vue du dîner, il grimpa l’escalier en sifflotant.
    — Ce monsieur semble vraiment content, remarqua le vieux majordome en débarrassant Aldo de ses vêtements de sortie. Cela fait plaisir à voir.
    — Ça en fait au moins un ! Notre marquise a fini son champagne ?
    Détestant le thé qu’elle traitait de tisane infâme, elle le remplaçait à partir de 5 heures par une bouteille millésimée qu’elle partageait volontiers avec sa lectrice et quiconque se présentait.
    — Pas encore, il n’est que…
    — Aucune importance ! Apportez-moi une fine à l’eau… sans eau et bien tassée ! J’en ai besoin !
    Assise telle une reine dans son grand fauteuil de rotin blanc dont le haut dossier en éventail évoquait un trône, Tante Amélie buvait son champagne tandis que Marie-Angéline installée à une petite table se consacrait à une réussite. Avec ensemble, elles saluèrent l’entrée d’Aldo de la même interrogation :
    — Alors ?
    — Alors quoi ? répondit celui-ci en embrassant la vieille dame.
    — Cette vente s’est bien passée ? Tu as eu ce que tu voulais ?
    — Moi, oui. Je vous les montrerai tout à l’heure. Quant à la vente, on ne peut pas dire qu’elle se soit mal passée, mais elle a été plus mouvementée que prévu. Nous avons eu droit à une intervention de la justice – en l’occurrence, le cher Langlois en personne relayant Phil Anderson, le patron de la police new-yorkaise, accompagnant un huissier en charge de l’affaire. Ils ont fait retirer de la vente des joyaux ayant appartenu à la marquise d’Anguisola et que l’on croyait au fond de l’océan.
    — Comment est-ce possible ?
    — Durant la pagaille causée par le naufrage du Titanic , la marquise a été assassinée et on lui a volé ses joyaux. Il y a eu un témoin !
    — Il en aura mis du temps à se manifester, le témoin ! remarqua Plan-Crépin. Une vingtaine d’années !
    — C’était une jeune femme de chambre qui s’occupait à la fois de la marquise et du ménage Astor. Quand elle s’est précipitée sur le pont pour avertir le commandant, on allait embarquer la jeune M me Astor, et son époux a supplié cette fille de prendre soin de sa femme terrifiée et enceinte. Un instant plus tard, elles étaient toutes deux dans la chaloupe et, à New York, il ne lui a pas été possible de se faire entendre dans l’espèce de folie qui régnait. Elle était d’ailleurs épuisée et a suivi Madeleine Astor dans le Connecticut. Elle ne l’a quittée que depuis six mois pour entrer au service d’une autre dame chez qui elle a vu une photo de M me d’Anguisola et c’est là qu’elle a tout révélé ! Du coup, les joyaux en question ont été retirés de la vente… à la grande joie de notre Texan !
    — Pourquoi ?
    — Mais parce que la Chimère n’est pas restée plus que les autres au fond de l’Atlantique Nord…
    Il s’interrompit pour prendre le verre que Cyprien lui présentait sur un plateau d’argent et en avala un bon tiers, sous l’œil surpris de M me de Sommières dont il avait refusé le champagne.
    — Bigre ! On dirait que tu avais besoin d’un remontant !
    — Un peu, oui… en plus il faisait un froid de canard à Drouot !
    — Ils ont

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