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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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épouse, accusée d’avoir tenté de l’empoisonner. Il lui avait tranché le nez et les oreilles ! Comment Théodoric après une telle humiliation pourrait-il accepter de maintenir une alliance entre le royaume des Goths et celui des Vandales ?
    Manœuvre habile, mais que restait-il de la romanité, de la foi chrétienne que l’Empire affirmait sienne ? Que pensait le nouveau pape, Léon I er , qui était proche de Galla ?
    À chacune de nos rencontres avec Galla Placidia, j’hésitais à lui faire part de mes soupçons et de mes craintes.
    L’Empire romain d’Occident, en choisissant des alliés parmi les royaumes barbares, cruels, sauvages, risquait de ne plus être que l’un d’entre eux.
    L’empereur Valentinien devait-il accueillir au sein de sa lignée le roi vandale Hunéric qui défigurait à coups de glaive son épouse ?
    Chien, chacal, loup, hyène : l’histoire des Barbares était celle de bêtes sauvages. Nous, nous étions l’Empire, avec ses lois, ses écrits, son code théodosien, sa Virtus.
    Nous étions les Romains qui avions construit la Ville éternelle devenue cœur de notre foi chrétienne.
    – Notre Empire, ai-je commencé, reprenant l’expression que Galla Placidia Augusta utilisait souvent.
    Elle l’a répétée, les yeux clos.
    – Dieu s’impatiente, avait-elle dit.

24.
    Je n’ai jamais obtenu de Galla Placidia Augusta d’autre réponse.
    Comme toute la cour de Valentinien, je savais que Galla avait accepté les fiançailles de sa petite-fille Eudoxie avec Hunéric, celui qu’elle avait nommé le chien, le chacal, le loup, la hyène.
    Elle avait dû convaincre Valentinien d’accepter de livrer sa fille à ce fils de Genséric, de jeter en pâture son enfant à cette bête dont rien ne limitait la sauvagerie.
    Pire encore pour le destin de l’empire d’Occident, Galla Placidia avait voulu que Valentinien reconnaisse l’indépendance du royaume vandale !
    Était-elle la complice d’Aetius, le grand maître de la politique de ce qu’on appelait encore l’Empire romain d’Occident !
    Elle n’aimait pas Aetius, mais c’était l’homme fort, le commandant de toutes les armées, capable de jeter ses mercenaires huns contre le peuple burgonde, mais résolu aussi à empêcher qu’Attila, le roi des Huns, ne gagne la Gaule et l’Italie avec ses hordes de cavaliers et ne saccage ces deux territoires qui étaient les deux derniers piliers de l’Empire romain d’Occident.
    Romain ?
    Galla Placidia Augusta répétait le mot, me fixait longuement, puis d’un geste de la main, si lent, si las, elle m’invitait à poursuivre.
    J’ai parcouru avec elle l’histoire de sa vie qui était aussi l’histoire de l’empire d’Occident.
    Elle avait été mariée avec Athaulf le Goth, le successeur d’Alaric, et j’osais l’interroger, lui rappeler que les mariages entre Romains et Barbares avaient été interdits, mais que comme elle de nombreuses jeunes Romaines avaient épousé des Barbares, le plus souvent soldats auxiliaires des armées romaines.
    Comment l’Empire aurait-il pu demeurer romain ?
    Elle répondait avec passion que c’était là la seule manière de ranimer le corps vieilli de l’Empire romain.
    Alors je lui parlais d’Attila, qui avait tué son frère Bleda pour être le seul maître du peuple hun.
    Croyait-elle qu’on pouvait négocier avec un tel homme, rusé, aveuglé d’ambition, rêvant de conquérir la Gaule et l’Italie, comme Genséric et ses Vandales ?
    Ces deux rois barbares, sauvages, pouvaient s’entendre.
    J’annonçai à Galla Placidia que j’avais été sollicité par la cour de Constantinople pour faire partie d’une ambassade qui se rendait auprès d’Attila.
    Galla Placidia Augusta fermait les yeux, laissait retomber sa tête sur sa poitrine, disait d’une voix exténuée qu’elle savait bien que l’empereur d’Orient, Théodose II, voulait éloigner Attila en l’incitant à conquérir la Gaule, en l’invitant à chevaucher vers le nord et l’ouest de cette province riche, sur laquelle veillait Aetius.
    Et Attila connaissait et jalousait Aetius. Et celui-ci se défiait d’Attila.
    Aetius, expliquai-je à Galla, rassemblait les peuples de Gaule, Francs, au nord et à l’est, Goths et Wisigoths au sud, Burgondes de Sapaudia − la Savoie −, afin d’organiser une grande coalition des peuples barbares installés dans l’empire d’Occident, et de vaincre, grâce à eux, les Huns d’Attila et les

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