La chute de l'Empire Romain
l’avait distinguée alors qu’elle n’était qu’une enfant de sept ans.
« Ne la contrariez pas, avait-il dit à ses parents, ou je me trompe bien ou cette enfant sera grande devant Dieu. »
Elle choisit à l’âge de quinze ans d’accrocher à son front le voile des vierges et on ne parla plus d’elle que comme « la Vierge de Nanterre », et des prodiges qu’elle réalisait.
Puis il y eut la menace barbare, les Parisii se préparant à fuir et les visions qu’eut Geneviève.
Elles lui apprirent que la cité des Parisii serait épargnée si ses habitants se repentaient.
Alors Attila n’approcherait pas de ses murs.
Geneviève voulut faire partager sa vision, rassemblant les femmes dans l’église qui se trouvait à la pointe de l’île de Lutèce.
Elle les exhorta :
« Femmes sans cœur, vous abandonnez vos foyers… Je vous prédis au nom du Très-Haut que votre ville sera épargnée si vous vous adressez au Seigneur tandis que les lieux où vous croyez trouver votre sûreté tomberont aux mains de l’ennemi et qu’il n’y restera pas pierre sur pierre… »
Les hommes, apprenant que les femmes refusaient de quitter la cité des Parisii, envisagèrent de lapider Geneviève ou de la jeter dans la Seine.
Un diacre rappela les prédictions de l’évêque Germain.
On laissa les femmes prier avec Geneviève et les hordes d’Attila rassemblées entre la Somme et la Marne ne s’approchèrent point de Paris.
Elles se dirigèrent vers Orléans, qui commandait le passage de la Loire.
Partie de Metz le 9 ou 10 avril de l’an 451, l’armée d’Attila atteignit Orléans dans les premiers jours du mois de mai de l’an 451.
Les habitants d’Orléans savaient que leur ville devait être conquise par ceux qui voulaient gagner l’Aquitaine.
Ils prêtaient cette intention à Attila qui cherchait à dominer le royaume wisigoth de Théodoric.
Et les Orléanais n’ignoraient pas qu’Attila et ses hordes pillaient, massacraient, incendiaient, laissant derrière eux des ruines et les os blanchis de leurs victimes.
On m’avait assuré que l’armée d’Attila était suivie par des loups, des hyènes et des vautours.
Les habitants d’Orléans renforcèrent donc leurs défenses, fermèrent les portes de la ville et firent partir pour Arles leur évêque, Agnan, afin qu’il y rencontre les fonctionnaires romains et surtout le « patrice généralissime » Aetius.
À Arles, l’évêque Agnan aperçut autour du palais impérial des licteurs et des gardes qui confirmaient la présence d’Aetius.
Aetius connaissait le rayonnement de l’évêque et l’importance d’Orléans. Il le reçut.
Et moi, Priscus, je tremble de remords.
L’attitude de l’évêque d’Orléans, celle d’Aetius, le rôle joué auprès des Parisii par Geneviève révèlent qu’entre des peuples qui vivaient en Gaule existait déjà une unité qui pouvait permettre de redonner vie à l’Empire romain d’Occident.
Contre Attila, Aetius organisait une armée « gallo-romaine ».
Il s’adressait à nouveau à Théodoric, le roi wisigoth, il écoutait l’évêque d’Orléans.
« Ô mon fils, disait Agnan, je t’annonce que si le huitième jour avant les calendes de juillet − le 23 du mois de juin − tu n’es pas venu à notre secours, la bête féroce aura dévoré mon troupeau. »
Aetius avait écouté, pensif, puis, tendant le bras pour prêter serment, il promit qu’il serait à Orléans au jour fixé.
L’évêque Agnan reprit sa route en toute hâte.
Il était à peine rentré à Orléans qu’Attila y vint mettre le siège.
J’ai admiré la détermination et le courage d’Agnan et d’Aetius.
La présence de ce dernier, dont la réputation de grand généralissime était établie, attirait les nobles gaulois et leurs « clients ».
Les paysans demandaient des armes et rejoignaient le camp d’Aetius.
Les « Armoricains » arrivaient avec le drapeau de leur « nation ».
Les Francs se rassemblaient pour prendre part à la bataille qui serait décisive entre les Huns et les peuples fédérés qui choisissaient le « parti romain ».
Mais l’important pour Aetius était de convaincre Théodoric et les Wisigoths de prendre part à la lutte contre Attila.
L’engagement de Théodoric donnerait à Aetius et au « parti romain » un avantage qui déterminerait le sort de la bataille.
J’ai eu entre mes mains les courriers qu’Aetius adressait à
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