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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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certainement la guerre préférable au déclin de la
puissance britannique.
    « Mon cher Fitz, lança-t-il,
es-tu sûr qu’une victoire de l’Allemagne sur la France bouleverserait vraiment
l’équilibre des forces ? » Une telle discussion ne convenait guère à
un dîner en ville, mais la question lui paraissait trop importante pour qu’on l’enterre.
    « Avec tout le respect que
je dois à ton honorable pays, et à Sa Majesté l’empereur Guillaume, je serais
fort surpris que l’Angleterre permette à l’Allemagne de diriger la France. »
    C’était toujours la même
histoire, se dit Walter en s’efforçant de ne rien laisser paraître de la colère
et de l’exaspération qu’éveillait en lui cette réponse désinvolte. Si l’Allemagne
attaquait la France, alliée de la Russie, elle ne ferait que se défendre – mais
les Anglais parlaient comme si elle cherchait à dominer l’Europe. S’arrachant
un sourire cordial, il rappela : « Nous avons vaincu la France il y a
quarante-trois ans, au moment de ce que vous appelez la guerre
franco-prussienne. Les Anglais étaient alors de simples spectateurs. Et vous n’avez
pas souffert de notre victoire.
    — C’est ce qu’a dit Asquith,
glissa Maud.
    — Il y a une différence,
rétorqua Fitz. En 1871, la France a été vaincue par la Prusse et par une
poignée de monarchies allemandes sans importance. Après la guerre, cette
coalition a formé un seul et unique pays, l’Allemagne moderne. Et, tu en
conviendras sans peine, von Ulrich, mon vieil ami, cette Allemagne est bien
plus redoutable que la Prusse de jadis. »
    Les hommes comme Fitz étaient
dangereux, songea Walter. Avec leurs manières irréprochables, ils conduiraient
le monde à la destruction. Il s’efforça de conserver un ton badin. « Tu as
raison, bien sûr – mais redoutable ne signifie peut-être pas
nécessairement hostile.
    — C’est bien la question, n’est-ce
pas ? »
    À l’autre bout de la table, Bea
émit un toussotement de reproche. Le sujet lui paraissait certainement trop
polémique pour une conversation courtoise. « Êtes-vous impatient d’assister
au bal de la duchesse, Herr von Ulrich ? » s’enquit-elle d’un ton
enjoué.
    Walter eut l’impression de se
faire réprimander. « Je suis sûr que ce bal sera absolument splendide,
ronronna-t-il, et Bea le récompensa d’un hochement de tête reconnaissant.
    — Vous êtes si bon danseur ! »
s’exclama tante Herm.
    Walter gratifia la vieille dame d’un
sourire chaleureux.
    « J’espère que vous me ferez
l’honneur de m’accorder la première danse, Lady Hermia. »
    Elle était flattée. « Oh,
mon Dieu, je suis trop vieille pour danser ! Et puis, vous autres jeunes
gens, vous avez inventé des pas qui n’existaient même pas lorsque j’étais une
débutante.
    — La dernière mode, c’est la
czardas, une danse folklorique hongroise. Peut-être devrais-je vous l’enseigner.
    — Cela constituerait-il un
incident diplomatique ? » lâcha Fitz. Cette saillie n’avait rien de
drôle, pourtant tout le monde s’esclaffa et la conversation s’orienta vers d’autres
sujets futiles, mais inoffensifs.
    Après dîner, les convives
montèrent dans des calèches pour gagner Sussex House, le palais du duc, situé
dans Park Lane à quatre cents mètres de là.
    La nuit était tombée et toutes
les fenêtres étaient illuminées : la duchesse avait fini par se résigner à
faire installer l’électricité. Walter gravit le grand escalier puis entra dans
l’une des trois immenses salles de réception. L’orchestre jouait le morceau le
plus populaire de ces dernières années, « Alexander’s Ragtime Band ».
Sa main gauche s’agita : la syncope, c’était l’élément déterminant.
    Fidèle à sa parole, il dansa avec
tante Herm. Il espérait que les cavaliers se bousculeraient autour d’elle,
et qu’épuisée, elle irait s’assoupir dans un salon. Maud serait ainsi
débarrassée de son chaperon. Repensant sans cesse à ce qui s’était passé entre
eux quelques semaines plus tôt dans la bibliothèque de cette même demeure, ses
mains brûlaient de sentir son corps à travers cette robe moulante.
    Pour l’heure toutefois, il devait
penser à sa mission. Il s’inclina devant tante Herm, prit un verre de
Champagne rosé sur le plateau que lui présentait un valet de pied et se mit à
circuler. Il arpenta la petite salle de bal, le salon et la grande salle de
bal,

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