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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’entretenant avec les politiciens et les diplomates. Tous les
ambassadeurs en poste à Londres avaient été invités à la réception et nombre d’entre
eux étaient venus, dont son propre supérieur, le Prince Lichnowsky. On
remarquait aussi plusieurs membres du Parlement. La majorité d’entre eux
étaient des conservateurs, comme la duchesse, mais il y avait également
quelques libéraux, dont deux ou trois ministres. Robert était en grande conversation
avec Lord Remarc, sous-secrétaire d’État au ministère de la Guerre. Les députés
travaillistes brillaient par leur absence : la duchesse avait beau se
targuer d’avoir l’esprit ouvert, il y avait des limites.
    Walter apprit que les Autrichiens
avaient envoyé des exemplaires de leur ultimatum aux principales ambassades, à
Vienne. Le texte serait câblé à Londres durant la nuit pour être aussitôt
traduit. Tout le monde en connaîtrait le contenu dès le matin. La plupart de
ses interlocuteurs se montraient un peu choqués par ses exigences, mais nul ne
savait encore comment il convenait de réagir.
    À une heure du matin, jugeant qu’il
n’apprendrait plus rien d’essentiel, il se mit à la recherche de Maud. Il
redescendit le grand escalier pour se diriger vers le jardin, où l’on servait
le souper sous un pavillon de toile rayée. Les quantités de nourriture que la
haute société anglaise se faisait servir ne cessaient de l’étonner. Il trouva
Maud en train de grappiller des raisins. Heureusement, tante Herm n’était
pas dans les parages.
    Walter chassa ses soucis de son
esprit. « Comment pouvez-vous manger autant, vous autres Anglais ?
lui lança-t-il d’un ton badin. La plupart de ces gens ont déjà dévoré un
copieux petit déjeuner, un déjeuner de cinq ou six plats, des cakes et des
sandwichs à l’heure du thé et un dîner de huit plats au moins. Ont-ils vraiment
encore besoin de potage, de cailles farcies, de homards, de pêches et de crème
glacée ? »
    Elle éclata de rire. « Tu
nous trouves vulgaires, n’est-ce pas ? »
    Ce n’était pas le cas, mais il la
prit au mot pour la taquiner. « Ma foi, et si nous analysions un peu la
culture anglaise ? » La prenant par le bras, il l’escorta au-dehors,
comme pour une banale promenade dans le jardin. Sur l’allée qui serpentait
entre les buissons, d’autres couples déambulaient en bavardant, certains même
profitant de l’obscurité pour se tenir discrètement par la main. Walter aperçut
Robert en compagnie de Lord Remarc et se demanda si eux aussi avaient trouvé l’âme
sœur. « La musique anglaise ? dit-il, reprenant ses plaisanteries.
Gilbert et Sullivan. La peinture anglaise ? Pendant que les
impressionnistes français changeaient notre vision du monde, les Anglais
peignaient des enfants aux joues roses en train de jouer avec des chiots. L’opéra ?
C’est l’affaire des Italiens ou des Allemands. Le ballet ? Chasse gardée
des Russes.
    — Et pourtant, nous régnons
sur la moitié du monde », observa-t-elle avec un sourire malicieux.
    Il la prit dans ses bras. « Et
vous savez jouer le ragtime.
    — C’est facile, une fois qu’on
a le rythme.
    — Voilà précisément le plus
difficile.
    — Tu as besoin de leçons. »
    Il lui caressa l’oreille du bout
des lèvres et murmura : « Apprends-moi, tu veux ?» Son murmure
se mua en gémissement lorsqu’elle l’embrassa puis ils restèrent un long moment
sans parler.
    2.
    Le lendemain de ce jeudi 23
juillet, Walter assista à un autre dîner suivi d’un autre bal. Le bruit courait
alors que les Serbes accepteraient toutes les exigences des Autrichiens,
exception faite des cinquième et sixième points sur lesquels ils demanderaient
des éclaircissements. Les Autrichiens ne rejetteraient sûrement pas une réponse
aussi timorée, se dit Walter en reprenant espoir. À moins, bien entendu, qu’ils
ne soient déterminés à entrer en guerre dans tous les cas.
    Le samedi à l’aube, avant de
rentrer chez lui, il décida de faire un saut à l’ambassade afin de rédiger un
rapport sur ce qu’il avait appris pendant la soirée. Il travaillait à son
bureau lorsque le Prince Lichnowsky en personne fit son apparition, en
tenue de ville impeccable et tenant un haut-de-forme gris à la main. Surpris,
Walter se leva d’un bond et s’inclina : « Bonjour, Votre Altesse.
    — Vous arrivez fort tôt, von
Ulrich », dit l’ambassadeur. Puis, remarquant que Walter était en

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