Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
terribles doutes, que Walter
attribuait à la peur de l’échec. Ludendorff posa l’index sur la carte. « Les
13 e et 15 e  corps de Samsonov forment le centre de la
ligne russe, dit-il. S’ils avancent… »
    Walter vit tout de suite où il
voulait en venir : on pouvait attirer les Russes dans un piège par une
manœuvre d’enveloppement, et ils seraient cernés de trois côtés.
    «À droite, nous avons von
François et le 1 er corps, poursuivit Ludendorff. Au centre, Scholtz
et le 20 e  corps, qui a opéré un simple repli stratégique,
contrairement à ce que semblent croire les Russes. Et à gauche, à cinquante
kilomètres au nord seulement, von Mackensen et le 17 e  corps.
Von Mackensen garde l’œil sur la 1 ere  armée, la branche nord de
la tenaille russe, mais si les Russes partent du mauvais côté, nous pouvons
peut-être la négliger pour le moment et ordonner à von Mackensen de marcher
vers le sud.
    — Une manœuvre classique »,
commenta Walter. La simplicité même, en fait, mais il avait fallu que
Ludendorff la lui expose pour qu’il en prenne conscience. Voilà pourquoi c’était
lui le général, pensa-t-il, admiratif.
    « Mais cela ne marchera que
si Rennenkampf et1 ere   armée russe poursuiventdans la mauvaisedirection, ajouta Ludendorff.
    — Vous avez lu mon rapport,
mon général. Les ordres russes ont été transmis.
    — Espérons que Rennenkampf ne
changera pas d’avis. »
    5.
    Le bataillon de Grigori n’avait
rien à manger, mais ils avaient reçu un chariot plein de pelles et se mirent à
creuser des tranchées. Les hommes travaillaient par équipes, se relevant toutes
les demi-heures, de sorte qu’ils eurent vite achevé leur besogne. Le résultat n’était
pas impeccable, néanmoins il ferait l’affaire.
    Un peu plus tôt dans la journée,
Grigori, Isaak et leurs camarades avaient investi une position allemande
abandonnée, Grigori avait alors remarqué que leurs tranchées dessinaient des
zigzags à intervalles réguliers, ce qui devait empêcher les soldats de voir
très loin. Selon le lieutenant Tomtchak, on appelait cela des « redans »,
mais il ignorait à quoi ils servaient. Il n’ordonna pas à ses hommes de suivre
l’exemple des Allemands ; pourtant Grigori était sûr que ces redans
avaient une fonction bien précise.
    Il ne s’était pas encore servi de
son arme. Il avait entendu des tirs de fusils, de mitrailleuses et de canons,
et son unité s’était enfoncée assez profondément en territoire allemand, mais
pour l’instant, il n’avait tiré sur personne et personne n’avait tiré sur lui.
Chaque fois que le 13 e  corps arrivait quelque part, c’était
pour constater que les Allemands venaient de partir.
    Tout cela n’avait aucun sens.
Cette guerre n’était que confusion, il commençait à le comprendre. Personne ne
savait ce qu’ils faisaient ici ni ou était passé l’ennemi. Deux hommes de sa
section avaient été tués, mais les Allemands n’y étaient pour rien : le
premier s’était tiré une balle dans la cuisse par accident et s’était vidé de
son sang avec une rapidité stupéfiante, le second avait été piétiné par un cheval
emballé et n’avait jamais repris connaissance.
    Cela faisait des jours qu’ils n’avaient
pas vu une cantine roulante. Leurs rations de secours étaient épuisées, ils n’avaient
même plus de biscuits militaires. Ils n’avaient rien mangé depuis la veille au
matin. Après avoir creusé les tranchées, ils s’endormirent le ventre creux.
Heureusement, on était en plein été. Au moins, ils n’avaient pas froid.
    Les premiers coups de feu
retentirent à l’aube.
    La bataille se déroulait
relativement loin, sur leur gauche, mais Grigori distingua dans le ciel les
nuages des explosions de shrapnels et vit la terre meuble se soulever soudain
sous l’impact des obus. Il savait qu’il aurait dû avoir peur, pourtant il ne
ressentait rien. Il avait faim, il avait soif, il était fatigué, il avait mal
partout et il en avait assez, mais il n’avait pas peur. Il se demanda si les
Allemands éprouvaient la même chose.
    On entendait des tirs nourris sur
leur droite, à quelques kilomètres au nord ; ici cependant, tout était
calme. « Nous sommes dans l’œil du cyclone », dit David.
    Bientôt, ils reçurent l’ordre d’avancer.
Épuisés, ils sortirent de leurs tranchées et reprirent la route. « Nous
devrions sans doute être contents, lâcha

Weitere Kostenlose Bücher