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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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l’Allemagne triomphe rapidement. Il retrouverait peut-être
Maud dès Noël.
    À moins qu’il ne soit tué,
évidemment. Mais, dans ce cas, il mourrait heureux.
    Il frissonnait de joie chaque
fois qu’il se souvenait de la nuit qu’ils avaient passée ensemble. Ils n’avaient
guère perdu leur précieux temps à dormir. Ils avaient fait l’amour trois fois.
Après leurs difficultés initiales mortifiantes, leur euphorie n’avait été que
plus grande. Entre deux étreintes, ils restaient allongés côte à côte, à
bavarder et à se caresser. Une conversation comme il n’en avait jamais connu.
Tout ce qu’il pensait, tout ce qu’il ressentait, il pouvait le dire à Maud.
Jamais il ne s’était senti aussi proche de quelqu’un.
    Au lever du jour, ils avaient
dévoré tous les fruits du compotier et tous les chocolats de la boîte. Puis ils
avaient dû se résoudre à partir : Maud pour regagner discrètement la
maison de Fitz, où elle raconterait aux domestiques qu’elle revenait d’une
promenade matinale ; Walter pour retourner à sa garçonnière, se changer,
faire ses valises et laisser à son valet les instructions nécessaires afin qu’il
lui expédie le reste de ses objets personnels à Berlin.
    Dans le taxi qui les conduisait
de Knightsbridge à Mayfair, ils s’étaient tenus par la main sans prononcer un
mot ou presque. Walter avait fait arrêter la voiture au carrefour le plus
proche de la demeure de Fitz. Maud l’avait embrassé une nouvelle fois, leurs
langues s’étaient rejointes avec passion, puis elle s’était éloignée, le
laissant seul. Quand se reverraient-ils ?
    La guerre avait bien commencé. L’armée
allemande traversait la Belgique sans rencontrer de résistance. Plus au sud,
les Français – par sentimentalisme plus que par stratégie – étaient
entrés en Lorraine, pour y être décimés par l’artillerie allemande. Aujourd’hui,
ils battaient en retraite.
    Le Japon s’était rangé aux côtés
des Français, des Anglais et de leurs alliés, ce qui permettait malheureusement
aux Russes de transférer sur le front européen leurs soldats postés en Sibérie
orientale. Mais les Américains avaient réaffirmé leur neutralité, au grand
soulagement de Walter. Que le monde était devenu petit ! songeait-il. Le
Japon en constituait l’extrémité orientale, l’Amérique l’extrémité occidentale.
Cette guerre faisait le tour de la planète.
    Selon les services de
renseignements allemands, les Français avaient envoyé une avalanche de
télégrammes à Saint-Pétersbourg pour supplier le tsar d’attaquer les Allemands,
dans l’espoir de les immobiliser sur leur front oriental. Et les Russes s’étaient
montrés plus rapides que prévu. Leur 1 ere  armée avait étonné le
monde en franchissant la frontière allemande douze jours à peine après le début
de la mobilisation. Pendant ce temps, la 2 e  armée poussait plus
au sud, à partir du dépôt ferroviaire d’Ostrolenka, les deux forces cherchant à
prendre en tenaille la ville de Tannenberg. Elles ne rencontraient aucune
résistance.
    La torpeur bien peu germanique
qui avait permis cette avance russe fut de courte durée. Le général von
Prittwitz, surnommé der Dicke, « le gros », commandant en chef
de la région, fut promptement démis de ses fonctions par l’état-major et
remplacé par un duo formé de Paul von Hindenburg, sorti de sa retraite pour l’occasion,
et d’Erich Ludendorff, l’un des rares officiers supérieurs dont le nom était
dépourvu du « von » aristocratique. À quarante-neuf ans, Ludendorff
était en outre l’un des plus jeunes généraux allemands. Walter l’admirait de s’être
hissé à son rang par son seul mérite et se félicitait d’être son agent de
liaison avec les services de renseignements.
    Le dimanche 23 août, alors qu’ils
ralliaient la Prusse depuis la Belgique, ils firent une brève halte à Berlin,
où Walter put passer quelques instants avec sa mère sur le quai de la gare. Le
nez pointu de Frau von Ulrich était rougi par un rhume estival. Elle le serra
dans ses bras, tremblante d’émotion. « Tu n’as rien, dit- elle.
    — Non, mère, je n’ai rien.
    — Je me fais un sang d’encre
pour Zumvald. Les Russes sont si près ! » Zumvald était le domaine
des von Ulrich en Prusse.
    « Tout ira bien, j’en suis
sûr. »
    Elle n’était pas du genre à s’en
laisser conter. « J’ai parlé à l’impératrice. » C’était

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