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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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l’attaque. »
    2.
    À trois heures du matin, lorsqu’il
s’allongea près du corps mince de Gini après avoir fait l’amour et s’aperçut
que sa femme lui manquait, Fitz succomba au pessimisme. Il se dit, abattu, que
von Kluck avait sûrement compris son erreur et changé de direction.
    Pourtant, le matin du vendredi 4
septembre, les défenseurs français constatèrent, ravis, que von Kluck marchait
toujours vers le sud-est. Cela suffit à décider le général Joffre qui ordonna à
la 6 e  armée de sortir de Paris le lendemain matin et d’attaquer
l’arrière-garde allemande.
    Mais les Anglais continuaient de
battre en retraite.
    Ce soir-là, Fitz était au
désespoir quand il retrouva Gini chez Albert. « C’est notre dernière
chance, lui dit-il en sirotant un cocktail au Champagne incapable de le
réconforter. Si nous arrivions à ébranler les Allemands maintenant, en
profitant de leur épuisement et de la fragilité de leur ligne de
ravitaillement, nous pourrions arrêter leur progression. Mais si cette contre-attaque
échoue, Paris tombera. »
    Assise sur un tabouret de bar,
elle croisa dans un froufrou ses longues jambes gainées de soie. « Mais
pourquoi broies-tu du noir comme ça ?
    — Parce que les Anglais
reculent ! Si Paris est prise, jamais nous ne pourrons nous remettre de
cette honte.
    — Le général Joffre doit
exiger de Sir John que ses troupes passent à l’attaque ! Tu dois en
parler personnellement à Joffre !
    — Il n’accorde pas
d’audiences aux commandants anglais. Et puis, il croirait sans doute à un coup
fourré de Sir John. Sans compter que cela me vaudrait de sacrés ennuis, ce
qui est le cadet de mes soucis.
    — Alors, adresse-toi à un de
ses conseillers.
    — C’est le même problème. Je
me vois mal débarquer au quartier général des Français pour leur annoncer que
les Anglais sont en train de les trahir.
    — Mais tu pourrais en
glisser un mot discrètement au général Lourceau, sans que personne ne le sache.
    — Et comment ?
    — Il est assis
là-bas. »
    Fitz suivit son regard et aperçut
un homme d’une soixantaine d’années en civil, attablé avec une jeune femme en
robe rouge.
    « Il est très gentil, ajouta
Gini.
    — Tu le connais ?
    — Nous avons été amis un
moment, mais il m’a préféré Lisette. »
    Fitz hésita. Voilà qu’il
envisageait d’agir de nouveau dans le dos de ses supérieurs. Toutefois l’heure
n’était pas aux vains scrupules. Le sort de Paris était en jeu. Il devait faire
tout ce qu’il pouvait.
    « Présente-moi à lui.
    — Donne-moi une
minute. » Gini quitta son tabouret d’un mouvement gracieux et traversa la
salle, balançant des hanches au rythme du ragtime que jouait le piano, pour
s’arrêter devant la table du général. Elle l’embrassa sur la bouche, sourit à
sa compagne et s’assit. Au bout de quelques instants d’une conversation animée,
elle fit signe à Fitz de les rejoindre.
    Lourceau se leva et les deux
hommes se serrèrent la main. « Je suis très honoré de faire votre
connaissance, mon général, dit Fitz.
    — Le lieu est mal choisi
pour une discussion sérieuse, mais Gini m’assure que ce que vous avez à me dire
est terriblement urgent.
    — En effet », confirma
Fitz en s’asseyant.
    3.
    Le lendemain, Fitz se rendit au
camp anglais de Melun, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Paris, et
découvrit, consterné, que la force expéditionnaire reculait encore.
    Peut-être son message n’avait-il
pas été transmis à Joffre. À moins que ce dernier n’ait conclu qu’il ne pouvait
rien faire.
    Fitz gagna le château de
Vaux-le-Pénil, un splendide édifice Louis  XV , et tomba sur le Colonel Hervey
dans le vestibule. « Mon colonel, puis-je savoir pourquoi nous battons en
retraite au moment où nos alliés lancent une contre-attaque ? demanda-t-il
le plus poliment possible.
    — Cela ne vous regarde
pas », rétorqua Hervey.
    Maîtrisant sa colère, Fitz
insista : « Les Français estiment que les Allemands et eux sont d’une
force comparable et que notre apport, aussi minime soit-il, ferait pencher la
balance en leur faveur. »
    Hervey partit d’un rire
dédaigneux. « Je n’en doute pas. » À l’entendre, les Français
n’avaient pas le droit de demander l’aide de leurs alliés.
    Fitz se sentit bouillir. « Paris
risque de tomber à cause de notre pusillanimité !
    — Ne répétez jamais ce mot,
commandant.
    — On

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