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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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déjà, quand on lui
avait communiqué ce message. Elle avait beau éprouver une grande admiration
pour la sœur de Fitz et pour ses idées radicales, elle espérait que Maud n'en
avait pas pour trop longtemps.
    Quand Ethel avait commencé à
travailler au château, à treize ans, la famille Fitzherbert et ses amis étaient
à peine réels à ses yeux : elle les considérait comme des personnages de
roman ou des membres d'étranges tribus bibliques, les Hittites par exemple, et
ils la terrorisaient. Elle redoutait de commettre une bévue et de perdre son
emploi, mais en même temps, elle mourait d'envie d'observer ces bizarres
créatures de près.
    Un jour, une fille de cuisine lui
avait donné l'ordre de monter dans la salle de billard pour lui chercher le
tantalus. Trop timide pour réclamer des explications, elle s'était rendue dans la
pièce et avait regardé autour d'elle, espérant découvrir quelque chose d'aussi
évident qu'un plateau de vaisselle sale, sans rien voir d'anormal. Elle était
en larmes quand Maud était entrée.
    Maud était alors une adolescente
qui avait grandi trop vite, une femme déguisée en fillette, maussade et
rebelle. Ce ne serait que plus tard qu'elle donnerait un sens à sa vie en
transformant son insatisfaction en croisade. Mais à quinze ans, elle était déjà
prompte à la compassion, sensible à l'injustice et à l'oppression.
    Elle avait demandé à Ethel la
raison de son chagrin et lui avait expliqué que le tantalus était une cave à
liqueurs en argent, contenant des carafes de brandy et de whisky. Il devait son
nom au supplice de Tantale qu'il représentait, car il était équipé d'un
mécanisme de verrouillage empêchant les domestiques de boire quelques gorgées à
la sauvette. Ethel l'avait remerciée avec effusion. C'était la première des
nombreuses bontés que lui témoignerait Maud et, au fil des ans, Ethel avait
fini par idolâtrer son aînée.
    Elle monta à la chambre de Maud,
frappa à la porte et entra. La chambre des gardénias avait un papier peint
fleuri surchargé, d'un style passé de mode depuis le début du siècle, mais sa
fenêtre en encorbellement dominait la plus charmante partie du jardin de Fitz,
la promenade ouest, un long sentier rectiligne qui traversait les massifs de
fleurs pour rejoindre une gloriette.
    À sa grande inquiétude, Ethel vit
Maud enfiler des bottines. « Je vais me promener – il me faut un
chaperon. Aidez-moi à mettre mon chapeau et racontez-moi tous les potins. »
    Ce contretemps ennuyait Ethel, ce
qui ne l'empêchait pas d'être intriguée. Avec qui Maud avait-elle l'intention
d'aller se promener, où était tante Herm, son chaperon habituel et
pourquoi mettait-elle un chapeau aussi ravissant simplement pour se rendre au
jardin ? Y aurait-il un homme dans le paysage ?
    En épinglant le chapeau sur les
cheveux bruns de Maud, Ethel dit : Il est arrivé quelque chose de scandaleux
au sous- sol ce matin. » Maud collectionnait les ragots comme le roi les
timbres. « Morrison n'est allé se coucher qu'à quatre heures du matin.
C'est un des valets de pied – le grand, celui qui a une moustache blonde.
    — Je connais Morrison. Et je
sais où il a passé la nuit. » Maud hésita.
    Ethel attendit un instant avant
de demander : « Vous ne voulez pas me le dire ?
    — Vous seriez choquée. »
    Ethel sourit de toutes ses dents.
« Tant mieux.
    — Il a passé la nuit avec
Robert von Ulrich. » Maud regarda Ethel dans le miroir de sa coiffeuse. « Êtes-vous
horrifiée ? »
    Ethel était médusée. « Ça
par exemple ! Je savais queMorrison n'était pas très attiré par
les dames, mais de là à imaginer qu'il faisait partie de ces hommes-là ,
si vous voyez ce que je veux dire.
    — Pour ce qui est de Robert,
il fait indéniablement partie de "ces hommes-là" et je l'ai vu
échanger des regards avec Morrison plusieurs fois au cours du dîner.
    — Devant le roi, en plus !
Mais comment savez-vous, pour Robert ?
    — Walter me l'a dit.
    — Quels drôles de propos à
tenir devant une dame, pour un gentleman ! Mais on vous dit tout, à vous.
Que raconte-t-on à Londres ?
    — Tout le monde ne parle que
de Mr Lloyd George . »
    David Lloyd George était le
chancelier de l'Échiquier, le ministre chargé des Finances du pays. Gallois,
c'était un brillant orateur de gauche. Da prétendait que Lloyd George aurait
dû être membre du parti travailliste. Pendant la grève des charbonnages, en
1912,

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