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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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short et de chaussures, ils avaient le corps noirci par un
mélange de transpiration et de poussière de charbon. À la faible lueur des
lampes, ils luisaient comme les statues d'ébène de dieux païens. Leurs barrettes
seules gâchaient l'effet.
    Le travail était pénible, mais
ils y étaient habitués. Ils ne se plaignaient pas de douleurs dorsales, ni de
raideur des articulations, comme les hommes plus âgés. Ils avaient de l'énergie
à revendre et, les jours de congé, ils passaient leur temps de façon tout aussi
active, jouant au rugby, bêchant les parterres de fleurs ou pratiquant même la
boxe à poings nus dans la grange, derrière le pub des Deux Couronnes.
    Billy n'avait pas oublié son
initiation, trois ans auparavant – il bouillait même encore d'indignation
quand il y repensait. Il s'était juré à l'époque que jamais il ne maltraiterait
les nouveaux. Aujourd'hui encore, il avait prévenu le petit Bert Morgan :
« Ne t'étonne pas si les gars te jouent un tour. Ils te laisseront
peut-être tout seul dans le noir pendant une heure, ou bien ils te feront une
autre blague tout aussi idiote. Que veux-tu, à petits esprits, petits plaisirs. »
Les anciens présents dans la cage l'avaient fusillé des yeux, mais il avait
soutenu leur regard : il savait qu'il avait raison, et eux le savaient
aussi.
    Mam avait été encore plus
furieuse que Billy. « Explique-moi, avait-elle dit à Da, debout au milieu
de leur salle de séjour, les mains sur les hanches, ses yeux noirs étincelants
d'une vertueuse indignation, comment on sert les intentions du Seigneur en
torturant les petits garçons ?
    — Tu ne peux pas comprendre,
tu es une femme », avait rétorqué Da – une réponse d'une médiocrité
qui ne lui ressemblait pas.
    Billy se disait que le monde en
général et la mine d'Aberowen en particulier seraient des lieux plus plaisants
si tous les hommes vivaient dans la crainte de Dieu. Tommy, dont le père était
un athée et un disciple de Karl Marx, pensait que le système capitaliste ne
tarderait pas à s'effondrer, pourvu qu'une classe ouvrière révolutionnaire lui
donne un très léger coup de pouce. Les deux garçons discutaient avec
acharnement, mais n'en étaient pas moins les meilleurs amis du monde.
    « Travailler le dimanche, ce
n'est pas ton genre », observa Tommy.
    De fait, la mine avait imposé des
heures supplémentaires pour faire face à la demande de charbon mais, par
respect pour la religion, Celtic Minerais avait rendu les postes du dimanche
facultatifs. Pourtant, malgré son respect habituel du repos dominical, Billy
travaillait. « Je crois que le Seigneur veut que j'aie une
bicyclette. »
    Tommy éclata de rire, mais Billy
ne plaisantait pas. Le temple Bethesda ayant ouvert une église sœur dans un
petit village à une quinzaine de kilomètres, Billy faisait partie des
paroissiens d'Aberowen qui s'étaient portés volontaires pour franchir la
montagne un dimanche sur deux et aller encourager le nouveau temple. S'il avait
une bicyclette, il pourrait aussi y aller les soirs de semaine et aider à
organiser un cours de catéchisme ou un groupe de prière. Il en avait discuté
avec les aînés, qui avaient admis que le Seigneur bénirait la décision de Billy
de travailler le dimanche pendant quelques semaines.
    Billy s'apprêtait à l'expliquer à
Tommy quand il sentit le sol s'ébranler sous lui. Un fracas violent comme le
coup de tonnerre du Jugement dernier l'assourdit et un vent violent lui arracha
sa bouteille des mains.
    Son cœur s'arrêta de battre. Il
se rappela soudain qu'il était à plus d'un demi-kilomètre sous terre, avec quelques
étais de bois pour retenir des millions de tonnes de terre et de rocher.
    « Nom de Dieu, c'était quoi,
ce truc ? » demanda Tommy, terrifié.
    Billy sauta sur ses pieds,
tremblant de peur. Il souleva sa lampe et inspecta la galerie, d'un côté puis
de l'autre. Il n'aperçut pas de flamme, pas de chute de pierres et pas plus depou ss ière que d'habitude. Quand les derniers échos du vacarme
s'évanouirent, un silence absolu les entoura.
    « Une explosion »,
répondit-il d'une voix frémissante. La crainte quotidienne de tous les mineurs.
Une chute de rocher ou simplement un mineur qui atteignait une faille en
taillant la veine suffisait à provoquer un brusque dégagement de grisou. Si
personne n'en remarquait les signes annonciateurs – ou si la concentration
de gaz augmentait trop brutalement –, l'étincelle

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