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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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avons
décrypté voici plus d’un an. Peut-être pourrions-nous obtenir une copie du
télégramme retransmis.
    — Je crois que c’est
possible ! dit Fitz avec fougue. Nous avons un agent au bureau du
télégraphe de Mexico… » Et il ajouta, imaginant déjà l’avenir : « Quand
le monde saura…
    — Le monde n’en saura rien !
coupa Carver sèchement.
    — Pourquoi ?
    — Parce que les Allemands
comprendraient aussitôt que nous interceptons leurs messages. »
    Il avait raison, Fitz était bien
obligé d’en convenir. C’était l’éternel problème des services secrets :
utiliser un renseignement sans révéler qu’on le possédait. Il insista pourtant :
« Compte tenu de l’importance de l’affaire, nous pourrions envisager de
prendre ce risque.
    — J’en doute. Notre service
a obtenu trop d’informations précieuses pour qu’ils acceptent de mettre son
existence en péril !
    — Sapristi ! On ne peut
quand même pas détenir un renseignement pareil et ne pas l’exploiter !
    — Ce sont les aléas du
métier. »
    Fitz n’était pas prêt à l’accepter.
L’entrée en guerre de l’Amérique pouvait apporter la victoire. Cela valait
indéniablement n’importe quel sacrifice. Mais il connaissait suffisamment l’armée
pour savoir que certains manifesteraient plus de courage et d’ingéniosité à
défendre leur service qu’un soldat son fortin. Il fallait prendre au sérieux
les objections de Carver. « Alors, il va falloir trouver une couverture,
dit-il.
    — Faisons croire que ce
câble a été intercepté par les Américains », suggéra Carver.
    Fitz renchérit : « Puisque
ce télégramme doit être expédié de Washington, nous pourrions dire que le
gouvernement des États-Unis l’a obtenu de Western Union.
    — Ils l’auraient mauvaise à
Western Union !…
    — Qu’ils aillent se faire
voir ! Mais comment tirer le meilleur parti de ce renseignement ?
Est-ce à notre gouvernement de révéler l’affaire ? Faut-il laisser cela
aux Américains ? Doit-on au contraire charger un tiers de défier les
Allemands ? »
    Caver leva les deux mains en un
geste d’impuissance. « Je suis complètement dépassé.
    — Pas moi, dit Fitz, saisi d’une
inspiration. Et je sais qui peut nous aider. »
    3.
    Fitz retrouva Gus Dewar au Ring,
un pub du sud de Londres.
    Il découvrit avec surprise que
Gus Dewar se passionnait pour la boxe. Adolescent, celui-ci avait fréquenté un
ring de Buffalo situé au bord du lac et, plus tard, en 1914, au cours de ses
voyages en Europe, il avait assisté à des combats dans toutes les capitales. Il
n’en faisait pas étalage, se dit Fitz, narquois, la boxe n’étant pas un sujet
de conversation populaire autour d’une tasse de thé dans les salons de Mayfair.
    Pourtant, toutes les classes de
la société se mêlaient au Ring, des messieurs en queue-de-pie y côtoyaient des
dockers en vestes déchirées. Dans tous les coins, des bookmakers prenaient des
paris clandestins tandis que les serveurs portaient des plateaux chargés de
chopes de bière. La fumée des cigares, des pipes et des cigarettes rendait l’atmosphère
opaque. Il n’y avait pas de sièges, et pas de femmes.
    Fitz trouva Gus en pleine
conversation avec un Londonien au nez cassé. Ils parlaient du boxeur américain
Jack Johnson, le premier Noir champion du monde des poids lourds, dont le
mariage avec une Blanche avait provoqué des appels au lynchage de la part de
pasteurs chrétiens. À la stupéfaction de Gus, le Londonien approuvait ces
ecclésiastiques.
    Fitz caressait secrètement l’espoir
que Gus s’éprenne de Maud. Ce serait une alliance parfaite. Intellectuels et
libéraux tous les deux, ils passaient leur temps dans les livres et prenaient
tout terriblement au sérieux. Gus Dewar était issu de cette classe que les
Américains appelaient Old Money, ce qu’il y avait de plus proche de l’aristocratie
européenne.
    En outre, Gus et Maud étaient l’un
et l’autre partisans de la paix. Maud avait toujours manifesté une étrange
ardeur à voir le conflit s’achever au plus vite, Fitz se demandait pourquoi.
Quant à Gus, il portait Woodrow Wilson aux nues et celui-ci, justement, avait
tenu un discours le mois passé enjoignant à une « paix sans victoire ».
Expression qui avait irrité Fitz et la plus grande partie des milieux
dirigeants, en Angleterre comme en France.
    Malgré tout ce qui les
rapprochait, il ne s’était rien passé

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