Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
juste caché par la courbe de l’escalier ? Si l’autre
était là, pouvait-il le sentir également ?
    Il perçut une soudaine
inspiration. Sous l’effet de la surprise, il faillit presser la détente. Mais
ce n’était que le bruit de la fumée qu’on inhale. De fait, un instant plus
tard, il entendit le son plus doux, satisfait, du fumeur qui exhalait.
    Il hésitait, ne sachant pas de
quel côté le tireur regardait ni dans quelle direction son fusil était pointé.
Il aurait bien voulu l’entendre tirer encore une fois, car alors toute son
attention se concentrerait sur la rue.
    Mais s’il attendait, il pouvait y
avoir une autre victime, un autre Iakov ou une autre Varia perdant son sang sur
les pavés glacés. D’un autre côté, si Grigori ratait son coup, combien de gens
ce type tuerait-il encore au cours de l’après-midi ?
    Il s’obligea à patienter. Comme à
la guerre : on ne se précipite pas au secours d’un camarade blessé au
risque d’y laisser sa peau ; les risques, on ne les prend qu’en cas de
force majeure.
    Il entendit une nouvelle
inspiration, suivie d’une longue exhalation. Un moment plus tard, un mégot
écrasé dévalait l’escalier, rebondissait contre le mur et s’immobilisait à ses
pieds. Il perçut le bruit d’une personne qui changeait de position dans un
espace réduit. Puis des marmonnements lui parvinrent, des imprécations pour la
plupart : « Cochons de révolutionnaires… Juifs puants… putes malades…
retardés mentaux. » À l’évidence, le tireur s’excitait et se préparait à
tuer encore.
    S’il pouvait l’arrêter maintenant,
Grigori sauverait au moins une vie.
    Il monta une marche.
    La litanie se poursuivait : « Bestiaux…
Slaves… tous des voleurs et des criminels… » Cette voix, Grigori avait l’impression
de la connaître. Aurait-il déjà croisé ce type ?
    Il gravit une autre marche et vit
les pieds de l’homme chaussés de bottes de la police, toutes neuves, en cuir
noir brillant. De toutes petites bottes. Ce type devait être nain. Il avait un
genou à terre, la position la plus stable pour tirer. Grigori vit qu’il s’était
installé à l’intérieur d’une des tourelles d’angle, ce qui lui permettait de
tirer dans trois directions.
    Une marche de plus et je pourrai
l’abattre ! se dit-il.
    Il leva le pied. Mais il était si
crispé qu’il glissa. Il trébucha et tomba, lâchant son pistolet qui atterrit
bruyamment sur la pierre.
    Surpris, le tireur poussa un
juron effrayé en regardant autour de lui.
    Ébahi, Grigori reconnut Ilia
Kozlov, l’acolyte de Pinski.
    Il tendit le bras pour rattraper
son arme, la manqua. Le revolver dévalait l’escalier avec une lenteur atroce, d’une
marche à l’autre, avant de s’arrêter, hors d’atteinte.
    Kozlov voulut pivoter sur
lui-même, mais eut du mal à se déplacer rapidement, ayant toujours un genou à
terre.
    Grigori reprit l’équilibre et
gravit une autre marche.
    Kozlov essayait de faire passer
son fusil devant lui. C’était un Mosin-Nagant standard, pourvu d’une lunette de
visée. Il mesurait déjà un bon mètre de long, sans la baïonnette. Kozlov ne
parvint pas à le reprendre en main assez vite. En quelques enjambées, Grigori s’approcha
si près que le canon du fusil le heurta à l’épaule gauche. Kozlov pressa la
détente, inutilement. La balle ricocha sur les parois incurvées de la cage d’escalier.
    Kozlov bondit sur ses pieds avec
une agilité surprenante. Il avait une petite tête et une expression mauvaise.
Grigori se demanda s’il n’était pas devenu tireur pour se venger de tous les
garçons et filles qui s’étaient moqués de sa taille.
    Grigori empoigna le canon de l’arme
à deux mains. Les deux hommes luttaient pour s’en emparer, face à face dans
cette tourelle exiguë, juste à côté d’une ouverture. Des cris d’excitation s’élevèrent
de la rue. On devait les voir d’en bas, se dit Grigori.
    Plus grand et plus fort, il était
certain de l’emporter. Kozlov en prit conscience et lâcha subitement le fusil.
Grigori partit à la renverse. En un clin d’œil, Kozlov sortit sa matraque et la
lui abattit sur le crâne. Grigori vit des étoiles. Dans un brouillard, il
aperçut Kozlov qui s’apprêtait à recommencer, il eut la présence d’esprit de
relever le fusil ; la matraque atterrit sur le canon. Kozlov n’eut pas le
temps de réitérer son geste. Grigori lâcha l’arme pour l’attraper par le devant
de sa

Weitere Kostenlose Bücher