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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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lui
montrer les lieux de son enfance : le carreau de la mine, le temple, l’école.
Elle le fit même entrer à Ty Gwyn, en l’absence de Fitz et de Bea, sans aller
toutefois jusqu’à le conduire dans la chambre des gardénias.
    Ils étaient descendus chez les
Griffiths qui leur avaient proposé la chambre de Tommy, ce qui avait évité de
déranger Gramper. Ils étaient dans la cuisine quand Len, le mari de Mrs Griffiths,
athée et socialiste révolutionnaire convaincu, fit irruption en brandissant un
journal : « Le tsar a abdiqué ! »
    Tout le monde battit des mains en
poussant des cris de joie. Depuis une semaine, on entendait parler d’émeutes à
Petrograd, et Ethel se demandait comment tout cela finirait.
    Bernie se tourna vers Len : « Qui
a pris le pouvoir ?
    — Un gouvernement provisoire
dirigé par le prince Lvov, répondit Len.
    — Dans ce cas, ce n’est pas
vraiment un triomphe du socialisme, fit remarquer Bernie.
    — Non. »
    Mais Ethel déclara : « Haut
les cœurs, les hommes ! Chaque chose en son temps ! Allons aux Deux
Couronnes fêter la déposition du tsar. Je laisserai Lloyd à Mrs Pond. »
    Les femmes mirent leurs chapeaux
et tout le monde partit pour le pub. Moins d’une heure plus tard, il n’y avait
plus une place. Ethel eut la surprise de voir entrer son père et sa mère. « Ça
alors ! On aura tout vu ! » déclara Mrs Griffiths en les
apercevant.
    Quelques minutes plus tard,
debout sur une chaise, Da réclamait le silence. « Je sais que certains d’entre
vous s’étonnent de me voir ici, mais je leur répondrai : « Une fois n’est
pas coutume ! « » Il brandit sa chope à la vue de tous. « Rassurez-vous,
je ne reviens pas sur les habitudes de toute une vie. Le patron a eu la
gentillesse de remplir ma chope d’eau du robinet. » Tout le monde s’esclaffa.
« Je suis venu partager le bonheur de mes voisins et fêter avec eux l’événement
triomphal qui s’est produit en Russie. » Il leva son verre. « Je bois
à la révolution ! »
    Tout le monde l’applaudit et vida
son verre.
    « Da aux Deux Couronnes, s’exclama
Ethel. Qui l’aurait cru ! »
    *
    À Buffalo, dans la maison
ultramoderne de Josef Vialov, Lev Pechkov ouvrit la cave à liqueurs et se
servit un verre. Il ne buvait plus de vodka. Auprès de son riche beau-père, il
avait pris goût au whisky écossais. Il aimait la façon américaine de le boire,
avec beaucoup de glace.
    Lev n’appréciait guère d’habiter
sous le même toit que ses beaux-parents. Il aurait préféré avoir une maison à
lui où il aurait été seul avec Olga. Mais celle-ci préférait cet arrangement,
et son père payait tout. Lev était coincé tant qu’il n’aurait pas mis un paquet
de dollars de côté.
    Josef lisait le journal et Lena
cousait. Lev leva son verre dans leur direction. « Vive la révolution !
lança-t-il avec exubérance.
    — Fais attention à ce que tu
dis, coupa Josef. Ça risque d’être mauvais pour les affaires. »
    Olga entra dans la pièce. « Verse-moi
un petit verre de xérès, s’il te plaît, chéri. »
    Lev réprima un soupir. Elle
aimait à lui demander toutes sortes de menus services et, devant ses parents,
il ne pouvait pas refuser. Il s’exécuta. En lui tendant son verre, il s’inclina
devant elle comme un serveur. Elle lui adressa un charmant sourire, imperméable
à l’ironie.
    Il but une gorgée de whisky et en
apprécia le goût autant que la sensation de brûlure.
    « J’ai bien du chagrin pour
cette pauvre tsarine et pour ses enfants, soupira Mrs Vialov. Que vont-ils
devenir ?
    — À mon avis, ils seront
tués par la populace ! observa Josef.
    — Les pauvres ! Qu’est-ce
que le tsar a bien pu faire à ces révolutionnaires pour mériter ça ?
    — Voilà une question à
laquelle je peux répondre », déclara Lev. Il savait qu’il ferait mieux de
tenir sa langue, mais il en était incapable, surtout quand le whisky lui
mettait du cœur au ventre. « Quand j’avais onze ans, l’usine où ma mère
travaillait a fait grève. »
    — Tstt, tsst, tstt !
réagit Mrs Vialov qui désapprouvait les grèves.
    — La police a ramassé les
enfants de tous les grévistes. Je n’oublierai jamais ça. J’étais terrifié.
    — Mais pour quoi faire ?
s’étonna Mrs Vialov.
    — Pour nous fouetter, dit
Lev. Sur les fesses, avec des badines. Pour donner une bonne leçon à nos
parents ! »
    Mrs Vialov blêmit. Elle

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