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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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ne
supportait pas qu’on soit cruel envers les enfants ou les animaux.
    « Voilà ce que le tsar et son
régime m’ont fait, à moi, mère, dit Lev et il fit tinter la glace dans son
verre. Voilà pourquoi je bois à la révolution. »
    *
     « Quelle est votre opinion,
Gus ? demanda le président Wilson. Vous êtes le seul, ici, à avoir mis les
pieds à Petrograd. Que va-t-il se passer ?
    — Je m’en veux de parler
comme un fonctionnaire du Département d’État, mais cela peut évoluer dans un
sens aussi bien que dans un autre », répondit Gus.
    Le président rit. Ils étaient
dans le Bureau ovale, Wilson assis à sa table de travail, Gus debout devant
lui. «Allons, dit Wilson. Essayez de deviner : les Russes vont-ils
renoncer à la guerre, oui ou non ? C’est la question la plus importante de
l’année.
    — Bien. Tous les ministres
du nouveau gouvernement appartiennent à des partis politiques dont le nom
comporte les mots effrayants de « socialiste » ou de « révolutionnaire ».
En réalité, ce sont des hommes d’affaires ou des membres des professions
libérales, tous issus des classes moyennes. Ce qu’ils veulent en vérité, c’est
une révolution bourgeoise, qui leur offre la liberté indispensable au développement
du commerce et de l’industrie. En revanche, le peuple, lui, réclame du pain, la
paix et des terres : du pain pour les ouvriers, la paix pour les soldats,
des terres pour les paysans. Ces questions-là n’intéressent guère des hommes
comme Lvov et Kerenski. Pour répondre à votre question, je pense que le
gouvernement Lvov cherchera à obtenir un changement progressif. Et, plus
précisément, qu’il poursuivra la guerre. Mais les ouvriers resteront
mécontents.
    — Et qui l’emportera, pour
finir ?»
    Gus se rappela son voyage à
Saint-Pétersbourg et l’homme qui lui avait montré comment fondre une roue de
locomotive dans un atelier crasseux et vétusté des usines Poutilov. Cet homme,
il l’avait revu plus tard, se battant avec un policier à propos d’une fille. Il
ne se rappelait pas son nom, mais il aurait pu le décrire, là, maintenant :
il avait les épaules larges, des bras puissants, et il lui manquait un doigt à
une main. Surtout, Gus n’avait pas oublié la détermination inébranlable qui
illuminait son regard bleu et farouche. Il répondit : « Le peuple
russe. C’est lui qui l’emportera. »

XXIV.
Avril 1917
    1.
    Par une belle journée de
printemps, Walter se promenait avec Monika von der Helbard dans le parc de la
maison que les parents de la jeune fille possédaient à Berlin. C’était une
imposante demeure, dont le vaste jardin comportait un tennis, un terrain de
boules, un manège pour exercer les chevaux et une aire de jeux pour les
enfants, avec toboggan et balançoires. Walter se rappelait y être venu quand il
était petit. Pour lui alors, c’était le paradis. Mais l’endroit n’avait plus
rien d’idyllique. Les chevaux avaient tous été envoyés à l’armée, à l’exception
des plus vieux. Des poules arpentaient les dalles de l’immense terrasse. La
mère de Monika engraissait un cochon dans l’ancien pavillon du tennis. Des
chèvres broutaient l’herbe du terrain de boules. La rumeur prétendait que la
comtesse les trayait elle-même.
    Et pourtant, les arbres se
couvraient de feuilles et le soleil brillait. Walter était en bras de chemise
sous son gilet, son manteau négligemment jeté sur les épaules – un
laisser-aller que sa mère aurait réprouvé ; mais elle était à l’intérieur
en train de bavarder avec la comtesse. La sœur de Walter, Greta, les avait
accompagnés un moment, puis elle s’était excusée et les avait laissés seuls,
Monika et lui. Encore une chose que Mère aurait déplorée, du moins en principe.
    Monika avait un chien qui s’appelait
Pierre. C’était un caniche moyen, aux yeux marron clair, haut sur pattes, et
gracieux, couvert de poils roux tout bouclés. Walter trouvait qu’il ressemblait
à Monika, malgré tout le respect qu’il devait à sa beauté.
    Il aimait la façon dont elle
traitait son chien. Elle ne passait pas son temps à le dorloter, à lui donner à
manger ni à lui parler en bêtifiant comme le faisaient certaines. Elle le
laissait simplement marcher à ses côtés en lui lançant de temps en temps une
vieille balle de tennis pour qu’il la rapporte.
    « C’est vraiment décevant,
ce qui se passe avec les Russes », dit-elle.
    Walter

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