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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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délégation
applaudirent poliment.
    Lénine prit son temps avant de
répondre. Il observa les visages de ceux qui l’entouraient et contempla l’ornementation
chargée du plafond. Puis, dans un geste qui paraissait délibérément insultant,
il tourna le dos à Tchkeidze pour haranguer la foule.
    « Camarades, soldats, marins
et ouvriers ! lança-t-il, excluant volontairement les parlementaires de la
classe moyenne. Je salue en vous l’avant-garde de l’armée prolétarienne
mondiale. Aujourd’hui, ou peut-être demain, l’impérialisme pourrait s’effondrer
dans toute l’Europe. La révolution que vous avez faite inaugure une ère
nouvelle. Vive la révolution socialiste mondiale ! »
    Ils l’acclamèrent. Grigori était
abasourdi. Ils venaient à peine de faire la révolution à Petrograd, et ses
résultats étaient encore incertains. Comment pouvaient-ils envisager une
révolution mondiale  ? Quoi qu’il en soit, l’idée le grisait. Lénine
avait raison : il fallait que tous les peuples se soulèvent contre les
maîtres qui avaient envoyé tant d’hommes à la mort dans cette guerre insensée.
    Lénine s’écarta de la délégation
et sortit sur la place.
    Une clameur s’éleva de la foule.
Les soldats d’Isaak hissèrent Lénine sur le toit d’une voiture blindée. Le
projecteur était fixé sur lui. Il retira son chapeau.
    Il avait la voix rude et
monocorde, mais ses propos étaient exaltants.
    « Le gouvernement provisoire
a trahi la révolution », cria-t-il.
    Le public l’ovationna. Grigori
était surpris : il ne s’était pas rendu compte que tant de gens pensaient
comme lui.
    « Cette guerre est une
guerre impérialiste, une guerre de pillage. Nous refusons de participer à ce
massacre impérialiste scandaleux. Avec la chute du capital, nous pourrons
conclure une paix démocratique ! »
    Nouvelle ovation.
    « Nous ne voulons pas des
mensonges et des impostures d’un parlement bourgeois ! La seule forme de
gouvernement possible est celle d’un soviet de députés ouvriers. Il faut
annexer toutes les banques et les placer sous contrôle du soviet. Il faut
confisquer toutes les terres privées. Et tous les officiers doivent être élus ! »
    C’était exactement ce que pensait
Grigori et il joignit ses acclamations à celles de la foule.
    « Vive la révolution ! »
    La foule s’enflamma de plus
belle.
    Lénine descendit du toit du
véhicule et se glissa à l’intérieur. La voiture blindée se mit à rouler au pas.
La foule l’entoura et la suivit en agitant des drapeaux rouges. La fanfare se
joignit à la procession en entonnant une marche.
    Grigori s’exclama : « Ça,
c’est un homme ! »
    Konstantin renchérit : « Je
suis bien d’accord. »
    Ils se mêlèrent au cortège.

XXV.
Mai-juin 1917
    1.
    Le Monte-Carlo de Buffalo n’était
pas beau à voir en plein jour, pourtant Lev Pechkov l’aimait bien. Le bois
était fendu, la peinture écaillée, les tapisseries tachées et le sol jonché de
mégots de cigarettes. Mais pour Lev, c’était le paradis. En arrivant, il
embrassa la fille du vestiaire, donna un cigare au portier et dit au barman qui
soulevait une caisse de ne pas se blesser.
    Le rôle de gérant de boîte de
nuit lui convenait parfaitement. Sa mission principale consistait à empêcher
les vols. Voleur lui-même, il connaissait toutes les ficelles. Pour le reste,
il devait seulement s’assurer que le bar était correctement approvisionné et qu’un
orchestre correct se produisait sur scène. En plus de son salaire, il avait
droit à des cigarettes gratuites et à tout l’alcool qu’il pouvait absorber
avant de tomber raide. Il portait l’habit et se faisait l’effet d’un prince.
Josef Vialov lui laissait carte blanche. Tant que l’argent rentrait, son
beau-père ne s’intéressait pas au club. Il ne venait qu’une fois de temps en
temps avec ses acolytes assister au spectacle.
    Lev n’avait qu’un problème :
sa femme.
    Olga avait changé. Pendant
quelques semaines, durant l’été 1915, elle s’était adonnée sans retenue au
plaisir et ne semblait jamais rassasiée de son corps. Mais ce n’était pas son
état naturel, il le savait maintenant. Depuis qu’ils étaient mariés, tout ce qu’il
faisait lui déplaisait. Elle exigeait qu’il prenne un bain tous les jours, qu’il
se brosse les dents et s’abstienne de péter. Elle n’aimait pas danser, ni
boire, et lui interdisait de fumer. Elle ne mettait jamais les

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