Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
lavande tout neuf. Devant leur pot-au-feu, elle lui
demanda : « La guerre est-elle vraiment sur le point de finir ?
    — Tout le monde le pense,
répondit Johnny. Les Allemands ont perdu sept cent mille hommes cette année.
Ils ne peuvent pas continuer. »
    Maud se demanda, le cœur serré,
si Walter était du nombre. Il était peut-être mort. À cette idée, son cœur
était pris dans un étau de glace. Elle n’avait pas eu de nouvelles de lui
depuis leur seconde lune de miel idyllique de Stockholm. Sans doute son travail
ne l’avait-il plus conduit dans un pays neutre d’où il aurait pu lui écrire. L’affreuse
vérité était probablement qu’il était retourné au front pour la dernière
offensive désespérée de l’Allemagne.
    C’étaient des idées morbides,
mais réalistes. Tant de femmes avaient perdu ceux qu’elles aimaient :
maris, frères, fils, fiancés. Au cours des quatre dernières années, ces
tragédies avaient été quotidiennes. On ne pouvait plus être exagérément
pessimiste. Le deuil était devenu la norme.
    Elle repoussa son assiette. « Ya-t-il
d’autres raisons d’espérer la paix ?
    — Oui. L’Allemagne a un
nouveau chancelier. Il a écrit au président Wilson pour lui proposer un
armistice reprenant ses fameux quatorze points.
    — Voilà qui est encourageant !
Wilson a-t-il accepté ?
    — Non. Il a répondu que l’Allemagne
devait d’abord se retirer de tous les territoires occupés.
    — Qu’en pense notre
gouvernement ?
    — Lloyd George est
suprêmement agacé. Les Allemands traitent les Américains comme les principaux
membres de l’alliance et le président Wilson agit comme s’il pouvait conclure
la paix sans nous consulter.
    — Est-ce vraiment important ?
    — Je le crains. Notre
gouvernement n’approuve pas sans réserve les quatorze points de Wilson. »
    Maud hocha la tête. « Je
suppose que nous sommes hostiles au point cinq, qui affirme que les peuples
colonisés ont leur mot à dire dans le choix de leur gouvernement.
    — Exactement. Et la
Rhodésie, la Barbade, l’Inde ? On ne peut quand même pas imaginer que nous
allons demander aux indigènes la permission de les civiliser. Les Américains
sont beaucoup trop libéraux. Et nous sommes résolument opposés au deuxième
point, la liberté de navigation en temps de guerre comme en temps de paix. La
puissance britannique repose sur la marine. Nous n’aurions jamais pu faire
plier l’Allemagne en l’affamant si nous n’avions pas été autorisés à bloquer
ses voies d’approvisionnement maritimes.
    — Quelle est la position des
Français ? »
    Johnny sourit de toutes ses
dents. « Clemenceau a dit que Wilson prétendait surpasser le
Tout-puissant. Il a lancé : « Dieu lui-même s’est contenté de dix
points."
    — J’ai l’impression qu’au
sein de la population anglaise, beaucoup de gens apprécient Wilson et ses
quatorze points. »
    Johnny acquiesça. « Et les
dirigeants européens peuvent difficilement demander au président américain de
cesser de faire la paix. »
    Maud avait tellement envie d’y
croire qu’elle s’en effraya. Il ne fallait pas se réjouir trop vite. L’avenir
pouvait encore lui réserver tant de déceptions.
    Un serveur leur apporta leurs
soles Walewska en jetant un regard admiratif au gilet lavande de Johnny.
    Maud aborda son autre sujet de
préoccupation. « Quelles nouvelles avez-vous de Fitz ? »
    La mission de son frère en
Sibérie était secrète, néanmoins il lui en avait parlé et Johnny la tenait
informée.
    « Finalement, le chef
cosaque nous a déçus. Fitz a passé un accord avec lui et nous l’avons payé
pendant quelque temps, mais en réalité, ce n’est qu’un petit chef de guerre.
Fitz reste tout de même là-bas, dans l’espoir de convaincre les Russes de
renverser le pouvoir bolchevique. Depuis, Lénine a déménagé sa capitale de
Petrograd à Moscou, où il se sent plus à l’abri d’une éventuelle invasion.
    — En admettant que les
bolcheviks soient chassés, un nouveau régime reprendrait-il la guerre contre l’Allemagne ?
    — Objectivement ? Non. »
Johnny avala une gorgée de chablis. « Mais beaucoup de membres très
puissants du gouvernement britannique détestent les bolcheviks. C’est aussi
simple que cela.
    — Pourquoi ?
    — Le régime de Lénine est
brutal.
    — Celui du tsar l’était
aussi, pourtant Winston Churchill n’a pas cherché à le renverser.
    — Dans leur

Weitere Kostenlose Bücher