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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pieds. Trop épuisé pour
dormir, il décida d’aller marcher un peu pour se détendre avant d’aller se
coucher.
    Sortant de l’hôtel, il se dirigea
vers les jardins. Les rhododendrons étaient en bouton. C’était un beau matin
pour la France, mais si triste pour l’Allemagne ! Quelles seraient les
conséquences de ces propositions pour son gouvernement social-démocrate, dont
la tâche était déjà bien difficile ? Et si le peuple, poussé au désespoir,
se rangeait sous la bannière du bolchevisme ?
    Le grand parc était désert, à l’exception
d’une jeune femme en manteau de printemps de couleur claire, assise sur un
banc, près d’un marronnier. Plongé dans ses pensées, il souleva légèrement son
chapeau mou en passant.
    « Walter », dit-elle.
    Son cœur s’arrêta de battre. Il
connaissait cette voix. Mais c’était impossible. Il se retourna.
    La jeune femme se leva. « Oh,
Walter ! Tu ne m’as pas reconnue ? »
    C’était Maud.
    Le sang afflua dans ses veines.
Il fit deux pas vers elle et elle se jeta dans ses bras. Il la serra contre lui
de toutes ses forces. Enfouissant son visage dans son cou, il respira son
odeur, familière malgré toutes ces années. Il posa ses lèvres sur son front,
sur sa joue, sur sa bouche. Il parlait tout en l’embrassant, cependant ni les
mots ni les baisers ne pouvaient exprimer tout ce qu’il avait dans le cœur.
    Elle parla enfin : « Tu
m’aimes encore ? » demanda-t-elle.
    « Plus que jamais »,
répondit-il, et il recommença à l’embrasser.
    2.
    Maud caressait le torse nu de
Walter. Ils venaient de faire l’amour et étaient allongés sur le lit. « Que
tu es mince », remarqua-t-elle. Il avait le ventre creux, les os des
hanches saillants. Elle aurait voulu l’engraisser aux croissants beurrés et au
foie gras.
    Ils étaient dans une chambre d’auberge,
à quelques kilomètres de Paris. La fenêtre ouverte laissait pénétrer une douce
brise printanière qui agitait les rideaux jaune paille. Maud avait découvert
cet endroit bien des années auparavant, quand Fitz y donnait des rendez-vous
galants à une femme mariée, la comtesse de Cagnes. L’établissement, une sorte
de grande maison villageoise, sans plus, n’avait même pas d’enseigne. Les
hommes y réservaient une table pour déjeuner et une chambre pour l’après-midi.
Peut-être existait-il des lieux de ce genre aux environs de Londres, mais cette
façon de faire avait quelque chose de typiquement français.
    Ils s’étaient présentés sous le
nom de Mr et Mrs Woolridge et Maud portait l’alliance qu’elle avait
dissimulée pendant presque cinq ans. La propriétaire, une femme discrète, devait
être convaincue qu’ils n’étaient pas mariés. Cela n’avait aucune importance
tant qu’elle ne soupçonnait pas que Walter était allemand, ce qui aurait pu
leur attirer des ennuis.
    Maud ne pouvait s’empêcher de le
toucher tant elle était soulagée qu’il lui soit revenu entier. Elle effleura du
bout des doigts la longue cicatrice qui barrait son tibia.
    « Un souvenir de
Château-Thierry, dit-il.
    — Gus Dewar a participé à
cette bataille. J’espère que ce n’est pas lui qui t’a tiré dessus.
    — J’ai eu de la chance. Ça a
bien cicatrisé. Tant d’hommes sont morts de gangrène. »
    Cela faisait trois semaines qu’ils
s’étaient retrouvés. Durant tout ce temps, Walter avait travaillé vingt-quatre
heures sur vingt-quatre pour préparer la réponse allemande au projet de traité,
n’arrivant à s’échapper qu’une demi-heure par jour pour aller se promener avec
elle dans le parc ou s’asseoir à l’arrière de la Cadillac bleue de Fitz pendant
que le chauffeur leur faisait faire un tour.
    Maud avait été aussi offusquée
que Walter des conditions de paix draconiennes imposées aux Allemands. L’objectif
de la conférence de Paris était de créer un monde différent, juste et
pacifique, et non de permettre aux vainqueurs de se venger des vaincus. L’Allemagne
nouvelle devait être démocratique et prospère. Elle voulait avoir des enfants
de Walter, et ils seraient allemands. Elle songeait souvent au passage du livre
de Ruth qui commençait par ces mots : « Où tu iras j’irai. » Tôt
ou tard, elle devrait les dire à Walter.
    Elle avait été réconfortée
pourtant de découvrir qu’elle n’était pas la seule à critiquer les propositions
faites aux Allemands. Un certain nombre de membres du camp allié

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