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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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contre la pauvreté, la défense des droits des femmes, la
musique – et sa relation avec Walter. Il n’en revenait pas et considérait
comme un privilège qu’elle soit tombée amoureuse de lui.
    Elle interrompit leur baiser, le
souffle court. « Tante Herm va se poser des questions »,
remarqua-t-elle.
    Il acquiesça. « Je suis venu
avec mon père. »
    Maud se tapota les cheveux et
lissa sa robe. « Allons-y. »
    Walter ouvrit la porte et ils
regagnèrent la grande salle. Otto bavardait aimablement avec Hermia : il
aimait les vieilles dames respectables.
    « Lady Maud
Fitzherbert, me permettez-vous de vous présenter mon père, Herr Otto von Ulrich ? »
    Otto s’inclina au-dessus de sa
main. Il avait appris à ne pas claquer des talons : les Anglais trouvaient
cette habitude cocasse.
    Walter les vit se jauger du
regard. Les lèvres de Maud esquissèrent un sourire amusé et Walter songea qu’elle
se demandait sans doute s’il ressemblerait à son père dans quelques années.
Otto prit note avec approbation de la coûteuse robe de cachemire et du chapeau
dernier cri. Pour le moment, cela se passait bien.
    Otto ignorait tout de leur
relation. Walter préférait, avant de l’en informer, que son père fasse la
connaissance de Maud. Otto jugeait bon que les dames riches s’occupent d’œuvres
de charité et exigeait de la mère et de la sœur de Walter qu’elles rendent
visite aux familles pauvres de Zumwald, leur domaine rural de Prusse-Orientale.
Il découvrirait que Maud était une femme merveilleuse et exceptionnelle, et
toutes ses défenses seraient tombées quand il apprendrait que Walter avait l’intention
de l’épouser.
    Cette appréhension était un peu
ridicule, Walter en était parfaitement conscient. Il avait vingt-huit ans :
il avait le droit d’aimer qui il voulait. Le problème était qu’il avait déjà
été amoureux, huit ans auparavant. Tilde était passionnée et intelligente, à l’image
de Maud, mais elle avait dix-sept ans et était catholique. La famille von
Ulrich était protestante. Les deux couples de parents avaient été farouchement
hostiles à cette idylle et Tilde n’avait pas eu le courage de tenir tête à son
père. Et voilà que, pour la seconde fois, Walter s’entichait d’une femme qui ne
conviendrait certainement pas à ses parents. Son père aurait du mal à accepter
une féministe, étrangère de surcroît. Mais Walter était plus âgé et plus habile
désormais, et Maud plus énergique et plus indépendante que ne l’avait été
Tilde.
    Il n’en était pas moins terrifié.
Il n’avait jamais éprouvé de tels sentiments, même pour Tilde. Il voulait
épouser Maud, il voulait passer sa vie à ses côtés. Il n’imaginait même pas
comment il pourrait vivre sans elle. Il n’était pas question que son père y
trouve à redire.
    Maud jouait son rôle à la
perfection. « C’est fort aimable à vous de venir nous rendre visite,
monsieur, dit-elle. Vous devez être tellement occupé. Je suppose que pour un
homme qui jouit de toute la confiance d’un monarque, comme vous jouissez de
celle de votre kaiser, le travail est sans fin. »
    Otto fut flatté, comme elle l’avait
prévu. « Vous ne vous trompez guère, approuva-t-il. Mais votre frère, le
comte, est un si vieil ami de Walter que j’avais grande envie de venir jusqu’ici.
    — Permettez-moi de vous
présenter à notre médecin. » Maud passa devant eux et traversa la salle.
Elle frappa à la porte du cabinet. Walter était dévoré de curiosité : il n’avait
jamais rencontré ce docteur. « Pouvons-nous entrer ? » demanda-t-elle.
    Ils pénétrèrent dans ce qui
devait être habituellement le bureau du pasteur, meublé d’un petit secrétaire
et d’une étagère remplie de registres et de livres de cantiques. Le médecin, un
beau jeune homme aux sourcils noirs et à la bouche sensuelle, examinait la main
de Rosie Blatski. Walter éprouva un pincement de jalousie : Maud passait
toute la journée avec ce séducteur.
    « Docteur Greenward, dit
Maud, nous avons le plaiSir de recevoir un très éminent visiteur. Puis-je
vous présenter Herr von Ulrich ?
    — Enchanté, lança Otto avec
raideur.
    — Le docteur Greenward
travaille pour nous gratuitement, précisa Maud. Nous lui en sommes infiniment
reconnaissantes. »
    Greenward esquissa un petit signe
de tête très sec. Walter s’interrogea, surpris, sur la tension manifeste qui
régnait entre son père et le

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