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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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moé tuseul, astheure.
    — Ouais, ben, dépêchez-vous de nettoyer tout ça, pis venez-vous-en manger.
     Ronald et Léopold sont rentrés, pis tout le monde doit nous attendre en bas pour
     commencer, répondit Ferdinand en quittant la chambre.

— Y est fin hein ? fit remarquer Georges, en parlant de son
     grand frère. C’est mon préféré. C’est plate, y va se marier cet été, pis y va
     partir vivre loin parce que sa fiancée, a s’appelle Marie des Neiges pis est
     assez belle, mais a reste dans le boutte de Montréal, pis Ferdinand y va s’en
     aller là-bas aussi quand y va être marié. J’le sais parce que ça fait de la
     chicane avec le père. J’les ai entendus tous les deux dans l’étable l’autre
     fois. Le père y disait qu’y fallait qu’y reste parce qu’y était le plus vieux
     des garçons. Ferdinand a répondu qu’à vingt et un ans y était assez grand pour
     décider de sa vie pis que Marie des Neiges a voulait rien savoir de venir
     habiter par icitte, sur des terres de colons…
    — Ti-Georges, François-Xavier, descendez tusuite ou vous passez en dessous de
     la table !
    — Vite, dit Ti-Georges, tout excité en se mettant à ranger la chambre. J’meurs
     de faim. J’ai eu un beau traîneau en cadeau à matin, pis toé ?
    — Euh, mon père m’a donné ça, confia François-Xavier en lui montrant la croix
     reçue à Noël et qu’il gardait sur lui depuis ce temps.
    — Est belle ! s’exclama Ti-Georges en arrêtant d’épousseter le lit des miettes
     de beignes pour contempler l’objet. Ouais, est belle en bateau !
    Rapidement, il se remit à l’ouvrage et tenta de refaire le lit. Volubile il
     enchaîna :
    — Mais, moé avec mon traîneau, j’va aller glisser en haut d’la côte. J’va
     pouvoir t’emmener, y est assez gros pour deux, ajouta-t-il tout en s’esquintant
     à essayer de remettre les couvertures à l’endroit. On pourrait y aller tantôt,
     reprit-il à moitié essoufflé par l’effort.
    Il tirait à gauche, à droite… sans grand succès.
    — C’est mon frère Ronald qui l’a fabriqué. Y fait n’importe quoi de ses mains.
     Y veut devenir artisan. Hé, tu pourrais m’aider un peu, non ? s’indigna-t-il
     tout à coup, en se rendant compte que François-Xavier restait planté debout à le
     regarder.
    — J’arrive, répondit François-Xavier.
    — Mais mon père, y veut que Ronald y fasse un curé. Envoye, laissons faire pis
     viens-t-en. On nous chicanera pas en plein jour de l’An, décréta-t-il en
     abandonnant le lit défait.
    — Bateau, j’allais oublier les cadeaux que j’ai faits, dit-il en revenant sur
     ses pas.
    Ti-Georges souleva un coin du matelas de son lit et en sortit fièrement une
     petite boîte de métal, dont il ôta le couvercle pour montrer le contenu à son
     ami.
    François-Xavier regarda sans comprendre un hétéroclite amas d’objets
     divers.
    Ti-Georges en vida le contenu et expliqua d’un air important :
    — L’allume de bois c’est pour Ferdinand, y a commencé à fumer la pipe, le clou
     c’est pour Ronald, j’y va du plus vieux au plus jeune pour pas oublier. Le
     boutte de corde c’est pour Léopold, ça peut toujours servir. Le bouton pour
     Marie-Ange, Adrienne, j’lui donne le ruban pis pour Angélique, c’est cette
     roche, est belle hein ! Le vieux bonbon c’est pour Aline. T’as pas de sœurs
     toé ? Non ? Chanceux ! Attends, regarde, maman, elle, a l’a le plus beau cadeau,
     dit-il en montrant un petit morceau d’écorce de bouleau gravé maladroitement
     d’un joli coeur. J’l’ai fait tuseul. On dit que ta mère est bizarre pis qu’a
     l’est folle, c’est vrai ? lança tout à coup Ti-Georges.
    François-Xavier hésita. Mais il avait déjà noué des liens solides avec
     Ti-Georges et sentait qu’il pouvait lui faire confiance dans cette amitié toute
     neuve.
    — C’est pas ma mère. Pis c’est vrai, est folle ! Mais papa dit qu’est malade,
     pis qu’y faut pas lui en vouloir.
    — T’as juste à devenir comme mon frère, pis j’te prêterai ma mère de temps en
     temps. Tu serais content ?
    — Oui, reprit François-Xavier. A l’air ben gentille, ta maman.
    — Ouais, mon père… J’ai pas de cadeau pour lui… J’ai rien
     trouvé… ajouta Ti-Georges embarrassé. C’est pour ça que j’les ai pas encore
     donnés…
    — Attends, j’ai une idée. Offres-y ça, suggéra François-Xavier en tendant le
     mouchoir

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