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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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n’avait pas arrêté
     cette dernière semaine. Pâtés à la viande, beignes, croquignoles… Enfin, cela
     valait la peine. Pour une fois qu’Alphonse n’était pas bloqué aux chantiers et
     qu’elle avait tous ses enfants autour d’elle et même en elle, pensa-t-elle en
     appuyant une main sur son ventre. Allons, pourvu que les filles aient mis la
     table au moins, soupira-t-elle en allant les retrouver à la cuisine.

    Restés seuls, Ti-Georges et François-Xavier se détaillèrent de la tête aux
     pieds.
    — Pourquoi t’as des cheveux rouges ?
    — J’sais pas. Toé t’es frisé comme un mouton.
    — T’as quel âge ?
    — Quatre ans.
    — Chus l’plus vieux, j’ai cinq ans. Ça fait que c’est moé qui décide.
    — Chus plus grand que toé, ça fait que j’décide aussi.
    — Bonne année grand nez !
    — Toé pareillement grandes dents !
    Satisfaits l’un et l’autre, ils partirent à rire. Peu après, Ti-Georges
     demanda :
    — T’es-tu allé à messe de minuit, toé ?
    — Ben oui, avec mon père.
    — Bateau de chanceux ! Le mien, y a pas voulu m’emmener, se désola Ti-Georges
     en faisant la moue. Y a fallu que j’reste avec ma mère. As-tu vu mes grands
     frères en bas ?
    — Oui, ils s’occupent de notre cheval dehors.
    — Ben vite, viens en haut avec moé, chus en train de leur préparer un cadeau. Y
     faut pas leur dire, c’t’un secret. Tu vas m’aider.
    Sans cérémonie, Ti-Georges prit la main de François-Xavier fermement dans la
     sienne, mais au lieu de l’entraîner vers l’escalier, il l’emmena en direction de
     la cuisine.
    — Chut ! Avant on va aller se chercher des beignes, expliqua le garçon.
    — Mais… ta mère veut-tu ?
    — On lui demande pas c’t’affaire ! Envoye, viens-t-en ! ajouta Ti-Georges
     devant la réticence de François-Xavier. Ben attends-moé là, j’en prends pour
     deux, décida-t-il devant la peur de son nouveau compagnon de jeu.
    François-Xavier attendit, le cœur battant, se demandant s’il ne devait pas
     avertir son père, quand tout à coup, il entendit madame Gagné s’indigner :
    — Ti-Georges, mon vlimeux, t’es chanceux que j’puisse pas t’attraper !
    — Envoye, bateau, grouille-toé, intima le voleur en apparaissant dans le
     corridor. Reste pas planté là, grouille-toé, j’t’ai dit !
    Et Ti-Georges poussa devant lui un François-Xavier tout éberlué, qui ne se
     rendit même pas compte qu’il montait l’escalier tant ils grimpèrent rapidement.
     La première chose qu’il réalisa fut qu’il était debout dans une chambre à
     plusieurs lits et que le jeune Georges se tordait de rire en exhibant fièrement
     deux beignets à moitié écrasés parla course folle.
     François-Xavier se mit à rire également. Il roula sur un des lits en se tenant
     le ventre à deux mains tant son fou rire lui faisait mal. Il hoqueta de plaisir,
     savourant ce moment magique comme seul un enfant peut le faire. Ti-Georges se
     jeta à côté de lui, essaya de lui fourrer dans la bouche un morceau de la
     pâtisserie qui n’atteignit pas le but escompté mais plutôt une oreille.
     François-Xavier riposta en écrasant en pleine figure de Ti-Georges le deuxième
     beigne. Tels deux chiots, ils se mirent à se chamailler amicalement, riant,
     criant, se débattant gaiement, s’entortillant dans les couvertures.
    — Mais, que c’est qui se passe icitte ?
    Des miettes du larcin partout, les deux enfants se retournèrent en même temps
     vers la porte. L’expression de peur que refléta le visage du jeune Gagné se
     transforma en un doux sourire lorsqu’il s’aperçut que ce n’était pas son
     paternel qui le surprenait dans sa joute avec le petit voisin. Un soupir de
     soulagement accompagna les explications qu’il fit à François-Xavier.
    — T’en fais pas, c’est mon grand frère Ferdinand, déclara Ti-Georges en se
     levant pour aller se jeter dans les bras de son aîné.
    — Arrête-toé là, lui intima Ferdinand. Tu vas tout salir mon linge des grandes
     occasions. J’te dis, toé, tu donnes pas ta place. Pis toé, le François-Xavier,
     t’es pas mal moins gêné que tantôt dehors. Vous avez l’air de ben vous accorder
     tous les deux !
    Ti-Georges se retourna vers François-Xavier qui s’était levé à l’arrivée de
     Ferdinand. Il mit son bras autour de l’épaule de son nouveau compagnon et
     déclara :
    — Ouais, François-Xavier, c’est mon ami à

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