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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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ferme des Gagné en début de soirée. Ernest y déposa
     mademoiselle Coulombe et son bagage puis repartit tout de suite pour sa propre
     terre. Léonie fut accueillie comme une reine par son neveu et ses nièces. Il y
     avait si longtemps qu’elle les avait vus. Quant à sa sœur, comme elle semblait
     fatiguée et vieillie ! Un petit pincement de culpabilité au cœur, Léonie
     embrassa tendrement Anna et lui demanda :
    — Alors, comment va ma grande tannante de sœur ?
    — J’sais ben pas qui de nous deux est la plus tannante ! s’exclama Anna en
     riant. Allons les enfants, laissez votre tante respirer un peu, les chicana la
     mère. J’commençais à m’inquiéter, confia-t-elle. C’était pas beau dehors.
    — Non, mais ç’a ben été, monsieur Rousseau est tout un homme !
    — Ouais… mais marié, par exemple. Allez, assis-toé qu’on picasse un peu,
     l’invita-t-elle en tapotant le rebord d’une chaise de cuisine.
    Toutes les deux étaient si contentes de se revoir. Elles avaient tant de choses
     à se raconter, à commencer par la mésaventure de la journée.
    — T’es même pas venue nous voir pendant le temps des Fêtes, reprocha Anna à sa
     cadette un peu plus tard.
    — J’ai pas pu, s’excusa celle-ci. Mais j’ai dans ma malle un cadeau pour chacun
     de vous autres !
    À ces mots, tous les enfants revinrent s’attrouper autour de
     leur tante.
    — T’étais pas obligée, mais tu vas faire des heureux là !
    — J’espère ben ! Pis, Ti-Georges, t’as-tu été sage ?
    — Oui, matante Léonie, jura le petit garçon, en prenant son air le plus
     angélique.
    — On aura tout entendu ! s’exclama Anna.
    Léonie fit la distribution de ses présents et mit de côté les cadeaux de ses
     neveux absents.
    — Tiens, Anna, tu leur donneras quand y reviendront du chantier.
    — Franchement, j’espère que tu vas rester assez longtemps pour leur donner
     toé-même.
    — Tes filles sont grandes, Anna, tu vas avoir de l’aide en masse pour tes
     relevailles.
    — Ça, c’est ben toé ! Tu entres par la porte d’en avant pis tu demandes où est
     la porte d’en arrière.
    — J’te l’avais écrit que j’pourrais pas rester longtemps…
    — Bon, bon, on en reparlera, dit Anna devant l’air renfrogné que prenait sa
     jeune sœur. Que ta robe est belle ! ajouta-t-elle en caressant le vêtement du
     bout des doigts. Tu dois faire pâlir de jalousie tout Roberval !
    — Exagère pas.
    — Tu t’es-tu vue dans un miroir, une vraie grande dame !
    — C’est rien que du beau tissu, Anna, c’est pas ça qui apporte le bonheur. Tu
     sembles dix fois plus heureuse que moé !
    — Dix fois plus grosse tu veux dire ! plaisanta Anna, en désignant son gros
     ventre proéminent.
    — Pour quand on attend les sauvages ? s’informa Léonie.
    — Pour le printemps, au début avril environ. Bon, les enfants, apportez vos
     étrennes dans vos chambres ! Allez, dites bonne nuit àmatante
     Léonie, pis ouste, j’veux pus voir le boutte du nez de personne pis pas un
     boutte d’oreille ! avertit la mère d’un air sévère. Tu veux un bon thé ? offrit
     Anna pendant que les enfants embrassaient leur tante à tour de rôle et se
     sauvaient à l’étage.
    — Ça sera pas de refus certain, mais attends, j’va le préparer, répondit
     Léonie.
    — Ben voyons donc, chus encore capable de faire bouillir de l’eau y me semble !
     déclara Anna en faisant signe à sa sœur de rester assise.
    Léonie regarda tendrement son aînée s’activer autour de la cuisinière à bois.
     Lasse, elle profita de ce moment de répit pour dénouer ses cheveux
     artistiquement coiffés en un bas chignon. Tandis qu’elle retirait une à une les
     pinces, elle se surprit à repenser à Ernest et se désola que cette rencontre
     soit sans avenir.
    — T’as l’air triste à mourir, fit remarquer Anna peu après en s’asseyant avec,
     pour chacune, une tasse du liquide bouillant. Dis-moé pourquoi. Tes amours avec
     ton Anglais marchent pas à ton goût ?
    Anna était la seule à qui Léonie s’était confiée, et ce, dès le tout début de
     sa relation avec John, il y avait de cela sept ans déjà…
    — J’le vois pus depuis des mois, avoua la jeune femme.
    Malgré la peine évidente de sa sœur, Anna soupira de soulagement. Ce n’était
     pas bien qu’une femme vive ainsi dans le péché. Elle avait pourtant essayé de la
     dissuader, mais Léonie

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