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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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avait encore bu plus qu’il
     ne fallait.
    — Où est Anna ? avait demandé son beau-frère d’une voix pâteuse.
    — Est partie aider madame Tremblay à avoir son bébé. On pensait ben que
     celui-là était bon pour la nuitte, mais j’ai l’impression qu’y a encore une
     p’tite faim, dit-elle en prenant le nourrisson dans ses bras.
    D’un pas lourd, Alphonse s’était approché d’elle. Il avait regardé son fils,
     qui cherchait instinctivement à téter, tournant la tête de côté, s’étirant le
     cou, les petits poings s’agitant dans tous les sens.
    — Tu pourrais p’t-être essayer de lui donner le sein toé-même, la belle Léonie,
     dit Alphonse, en fixant d’un regard concupiscent la jeune et ferme poitrine de
     la jeune femme, si provocante dans sa robe de nuit qu’elle n’avait pas songé à
     recouvrir, se sachant seule pour descendre à l’appel des pleurs de son neveu
     Ti-Georges.
    Surprise, Léonie avait essayé d’assimiler les paroles du mari de sa soeur.
     Était-ce un genre de plaisanterie ? Avait-il vraiment dit cela ? Mais quand
     Alphonse était passé derrière elle et qu’il s’était collé intimement le long de
     son dos, elle n’avait plus eu aucun doute sur ses intentions.
    — Recouche le bébé, lui avait-il ordonné durement, que j’te couche toé
     aussi.
    — Non ! Alphonse, non… avait supplié Léonie.
    — Fais ce que j’te dis ou j’va te mâter, moé, la menaça-t-il en l’empoignant
     par le cou.
    Léonie était paralysée par la peur. Sa sœur l’avait avertie que quandson mari était pris de boisson, il fallait s’en méfier.
     L’alcool lui faisait tourner les sens qu’elle disait et mieux valait ne pas se
     mettre en travers de son chemin à ce moment-là. Elle avait remis le petit dans
     son ber. Traîtreusement, il s’était rendormi en suçant un coin de sa couverture.
     Alphonse n’avait pas lâché prise mais au contraire, l’avait resserrée et forcé
     la jeune femme à se diriger vers la seule chambre du rez-de-chaussée, celle dans
     laquelle trônait le lit nuptial, un grand lit aux montants sculptés en grappes
     de raisins dont un des ornements était un peu écaillé. C’est curieux comme de
     drôles de détails peuvent nous frapper dans de telles situations. Léonie
     reverrait toujours le petit éclat de bois manquant… L’homme avait refermé la
     porte derrière lui et, sans libérer sa proie, il s’était tenu un instant
     immobile, bloquant la sortie, sourd aux supplications de Léonie, souriant
     victorieusement. Il se savait, il se sentait tout-puissant. L’alcool le faisait
     déambuler dans un monde où il était le roi. Soudain, il s’était mis à lui pétrir
     les seins en haletant bruyamment. Il était parti d’un rire gras et une fois de
     plus, l’avait retournée, mais face à lui cette fois. Il avait détaillé sa
     victime, soupesant ses attraits, estimant la valeur de sa prise. Méprisant, il
     lui avait dit, tout en pressant douloureusement chaque sein :
    — J’pense pas qu’y sorte grand lait de ça, à grosseur qu’ils ont.
    — Alphonse, tu m’fais mal !
    — Mais j’connais une place où on pourrait en trouver un peu de lait, mais du
     lait ben spécial pis rien que pour toé à part de ça, si tu têtes fort pis comme
     du monde, évidemment…
    Tout en parlant, il avait poussé fermement sur les épaules de sa belle-sœur,
     forçant celle-ci à s’agenouiller. Il avait déboutonné son pantalon et,
     empoignant Léonie par les cheveux, il avait pressé son membre gonflé contre le
     visage de la jeune femme. Celle-ci avait voulu se dégager mais rien à faire,
     Alphonse était déterminé à arriver à ses fins.
    — Envoye, c’est pas la première fois que tu fais ça certain…
    La poigne était solide, les longs cheveux blonds enroulés
     autour des mains de l’homme, ivre du pouvoir qu’il détenait.
    — Hum, oui, là comme ça… ouvre ben la bouche…
    Et il lui avait imprimé de force un mouvement de va-et-vient.
    Léonie hoquetait, étouffait, pleurait. Elle allait mourir, c’était certain. Il
     la poignardait de ce couteau de chair, vingt coups, trente coups, mille coups…
     Et la blessure s’élargissait de plus en plus, l’atteignant jusqu’au cœur,
     jusqu’à l’âme. Arme secrète des hommes aux effets dévastateurs, remplie d’un
     venin qui, explosant en petites détonations, empoisonne l’ennemi, prend
     possession de sa vie, le

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