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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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ne pourrait s’en empêcher !
     Elle ne disait plus rien, les lèvres entrouvertes et tremblantes, respirant plus
     vite, les yeux verts, agrandis d’émotion. François-Xavier se pencha un peu plus
     vers celle-ci, mais hélas, ne put atteindre la bouche convoitée, car tout à
     coup, Julianna éclata en sanglots. Désemparé, François-Xavier se tassa le plus
     possible dans son coin et, maladroitement, sans plus oser regarder la belle
     Julianna, se mit à jouer nerveusement avec le cuir du harnais, qu’il égratignait
     de ses ongles sans s’en rendre compte. Il s’en voulait tellement. Il n’avait pas
     voulu la faire pleurer ! S’il avait plus d’expérience avec les femmes aussi, au
     lieu d’être resté un vieux garçon. Il n’avait jamais pris le temps de courtiser
     une fille comme Ti-Georges, son travail le préoccupant trop. L’ambitieux projet
     d’avoir sa propre fromagerie avait pris tout son temps. Associé avec son père,
     ils en avaient commencé la construction sur une partie du lot d’Ernest. Si tout
     se passait comme prévu, la fromagerie deviendrait opérationnelle l’année
     suivante. Non, il n’avaitvraiment pas eu le temps de penser aux
     filles. Et voilà qu’aujourd’hui, à vingt-quatre ans, sans qu’il s’y attende, une
     princesse apparaissait et il n’avait rien trouvé de mieux que de la faire
     pleurer. « Maintenant a voudra pus jamais que je l’approche, comment as-tu pu
     oser vouloir l’embrasser ? » se reprochait-il.
    — Vous auriez pas un mouchoir ? J’ai perdu le mien, demanda Julianna en
     reniflant bruyamment, un peu calmée.
    Devant la réponse négative de François-Xavier, elle ajouta :
    — Bon, ben tant pis, au point où j’en suis rendue… De toute façon, j’suis pas
     sur la veille de remettre cette robe-là !
    Elle entreprit de déchirer un long bord de la doublure de la jupe et elle put
     enfin éponger son nez et enlever le surplus d’huile qui lui collait dans les
     cheveux.
    — J’sais pas ce qui m’a pris, j’suis pas de même d’accoutumée… s’excusa-t-elle
     un peu plus tard. Ça doit être à cause de tout ce qui m’est arrivé… Je voulais
     tellement ben paraître devant mon père, ma famille… pis là…
    — Ah non, mademoiselle Julianna, remettez-vous pas à pleurer, vous auriez pas
     assez de votre robe !
    — Vous me pardonnez toutes mes niaiseries, monsieur Rousseau ? demanda Julianna
     d’une toute petite voix.
    Lui pardonner ! Mais c’est lui qui avait essayé de l’embrasser !
    « Pour moé, a s’est rendu compte de rien » en conclut François-Xavier,
     soulagé.
    — Tenez les brides deux minutes, j’va aller vous chercher un cadeau, lui dit-il
     en sautant prestement en bas du chariot.
    Regardant autour de lui, il s’éloigna pour trouver exactement ce qu’il
     cherchait. Il repéra un peu plus loin un magnifique sapin aux belles grandes
     branches. Sortant son couteau qu’il traînait toujours sur lui, il coupa la plus
     fournie. Mais lorsqu’il revint sur ses pas, il s’aperçutque la
     jeune fille avait pris sa place et, un sourire fendu jusqu’aux oreilles, sans
     l’attendre, elle fouetta le cheval, qui repartit maladroitement, affolé par
     l’inattendu manque d’égard de la nouvelle conductrice. Elle se détourna et lui
     cria :
    — Ça vous apprendra à vouloir m’embrasser dans des moments pareils, monsieur
     Rousseau !
    — Attention ! C’est dangereux, le chariot est trop chargé !
    François-Xavier se mit à courir pour rattraper son cheval qui, sous la commande
     inexpérimentée, cherchait à s’emballer.
    Heureusement, François-Xavier ne fut pas long à se retrouver aux côtés de la
     bête et à la calmer d’une voix ferme mais rassurante. Julianna laissa le jeune
     homme reprendre les rênes et fit comme si de rien n’était.
    — Ah monsieur Rousseau, lui dit-elle, vous avez ben raison de faire de
     l’exercice, ça chasse les mauvaises pensées.
    — La seule mauvaise pensée qui me vient à l’esprit est de vous jeter en bas de
     la carriole, ragea le jeune homme. C’était dangereux ! Vous avez jamais conduit
     un attelage, certain !
    De mauvaise foi, Julianna se défendit :
    — Non, mais ç’avait pas l’air ben difficile.. C’est parce que vous avez crié
     que le cheval s’est cabré.
    — Ti-Georges disait vrai, vous êtes une sorcière… Vous me le payerez un jour,
     mademoiselle Julianna Gagné. Vous me le

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