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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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puis, joyeusement, se recula pour l’admirer.
    — Julianna, voici ton grand frère Georges, annonça-t-elle en le présentant à sa
     filleule.
    Émue, la jeune fille ne trouva pas quoi dire. Ti-Georges régla le problème en
     éclatant de rire à son tour devant l’allure de sa petite sœur.
    — Non, mais quoi, s’indigna Julianna en retrouvant la voix,
     vous avez jamais vu quelqu’un tomber à l’eau ?
    — Oh oui, mais jamais en robe de mariée ! s’esclaffa Ti-Georges en riant de
     plus belle.
    — C’est pas une robe de mariée ! se récria sa sœur. Tu sauras, mon cher grand
     frère, que c’est le dernier cri à Montréal ! se défendit-elle avec
     snobisme.
    — P’t-être ben, mais icitte, t’as l’air folle en bateau ! Hein, mon
     François-Xavier ? ajouta-t-il à l’adresse de son ami qui était resté
     respectueusement un peu à l’écart du groupe.
    Léonie et Julianna s’aperçurent de la présence de l’autre homme en même
     temps.
    — Pas le p’tit François-Xavier que j’ai connu haut comme ça ? François-Xavier
     Rousseau ? dit Léonie, éberluée.
    Si ce n’avait été de la chevelure rousse, Léonie aurait eu peine à reconnaître
     le fils de monsieur Rousseau. Le petit garçon s’était transformé en un grand
     gaillard.
    — Oui, matante, lui-même en personne, opina Ti-Georges.
    — Bonjour mademoiselle Coulombe, salua poliment François-Xavier.
    — J’lui ai demandé de m’accompagner avec la wagonnette pour les malles, reprit
     Georges. Comme vous aviez averti que vous auriez ben des bagages, j’ai pas pris
     de chance.
    — T’as ben fait, mon garçon, surtout que j’ai eu beau dire, mais en plus des
     cadeaux que j’apporte, ta sœur a emporté du linge pour toute une année au
     moins !
    — Du moment qu’elle a au moins une robe de rechange, hein, mon
     François-Xavier ? s’esclaffa de nouveau Ti-Georges en donnant un coup de coude à
     son meilleur ami.
    — Arrête de l’agacer, la défendit François-Xavier, moé, j’trouveque vous avez l’air d’une princesse, mademoiselle, ajouta-t-il à l’adresse de
     Julianna tout en la saluant avec déférence.
    — Ah ben bateau ! On aura tout entendu ! Là t’exagères François-Xavier ! Une
     princesse ! Une princesse des bécosses, oui, on n’a jamais vu une fille avec des
     cheveux courts !
    — Ça commence à faire, Ti-Georges, l’avertit Léonie en retrouvant son autorité
     d’antan et ne voulant pas que sa nièce perde toute contenance. Allez,
     emmène-nous chez ton père. Pis en chemin tu vas me raconter toutes les dernières
     nouvelles !
    — D’accord, matante. Venez, j’vous embarque dans mon boghei. François-Xavier,
     tu t’occupes d’emmener la princesse dans ton carrosse ?
    — Oui, oui, s’empressa d’accepter son ami. Aide-moé à mettre les malles dans la
     wagonne pis on te suit. Venez, mademoiselle Julianna, j’va vous aider à grimper,
     dit François-Xavier en désignant l’attelage.
    — Non merci, monsieur Rousseau, le rabroua la jeune fille, offusquée. À cause
     de vous, mon frère arrêtera pas de me traiter de princesse. C’est de votre faute
     si je passe pour une vraie idiote !
    Et, sans plus un mot, elle alla prendre place dans la wagonne, ajustant en
     chemin son chapeau déformé sur sa tête.
    « Quelle drôle de fille, pensa François-Xavier en la suivant du regard. Est si
     belle… est si… si… est pour moé. »
    Julianna était peut-être tombée à l’eau, mais François-Xavier, lui, venait de
     tomber éperdument amoureux.
    — Une chance qu’on a un beau mois de juin, le soleil aura vite fait de vous
     sécher en chemin, dit gentiment François-Xavier en prenant place à côté de
     Julianna sur le banc inconfortable de la grosse charrette.
    — Tout le monde est paré ? s’informa Ti-Georges. Bateau que t’as un joli
     chapeau, Julianna ! ajouta-t-il en faisant mine d’être sérieux.
    — Euh… merci, Ti-Georges, répondit sa sœur,
     décontenancée.
    — Si jamais t’en veux pus, tu pourras toujours l’offrir au curé, ça pourra
     servir de clocher pour l’église qu’y veut faire construire ! poursuivit-il en
     s’esclaffant.
    — Oh ! Mon… mon… mon verrat !
    De rage, elle ôta son chapeau et le lui lança en pleine figure.
    — Tiens, j’espère que tu vas en entendre, des cloches ! cria-t-elle
     furieuse.
    — Mais, c’est que la p’tite sœur a du caractère,

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