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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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l’arrivée de son fils lui avait fait reprendre ses sens et il en
     était resté là, se promettant que plus jamais chose pareille ne se reproduirait,
     mais il n’avait pas tenu parole. Cela avait été leur premier baiser mais pas
     leur dernier. Joséphine était arrivée à la Pointe depuis une année et faisait
     partie intégrante de leurs vies maintenant. Elle était si généreuse. Elle ne
     pensait qu’à leur faire plaisir, à lui et son fils. Elle les gâtait
     terriblement. Elle leur cuisinait des repas savoureux qu’elle leur servait
     joyeusement. Elle préparait leurs desserts préférés, lui offrait des tasses de
     thé, s’occupait de tout le ménage, bref une perle rare. Joséphine débarquait
     vers l’heure du souper à la maison et ne repartait que vers les dix heures du
     soir. Elle couchait le petit après lui avoir raconté une histoire puis terminait
     de mettre la maison propre. Parfois elle reprisait une paire de bas à Ernest,
     parfois elle tricotait un foulard de laine à François-Xavier. Elle surveillait
     les moindres désirs d’Ernest. Elle lui apportait son journal, sa pipe, son
     crachoir. Chère Joséphine… Cette fois-là dans l’étable,elle
     était venue ramasser les œufs pendant qu’il réparait un harnais. Stupidement, il
     s’était légèrement coupé un doigt avec le poinçon. Ayant entendu sa plainte,
     Joséphine avait abandonné sa tâche et s’était précipitée pour évaluer la gravité
     de la blessure. Lorsqu’elle s’était penchée sur lui, Ernest avait ressenti
     cruellement son abstinence de la dernière année. Joséphine avait perçu l’envie
     de l’homme et offert ses lèvres à Ernest. En s’apercevant de la présence de son
     fils, il avait mis fin au baiser. Plus tard, dans la soirée, le petit
     François-Xavier profondément endormi, Joséphine s’était approchée de lui et lui
     avait tendu la main, l’invitant à la suivre jusqu’à la chambre d’Ernest. Sans un
     mot, celui-ci n’avait pas résisté. Joséphine avait fermé la porte, poussé la
     commode devant pour la bloquer et regardé Ernest en souriant. Il se souvenait
     qu’il avait trouvé la force d’essayer de refuser les avances de Joséphine.
    — Chus un homme marié, Joséphine…
    — J’sais ben.
    — Pis j’pourrai pas vous offrir grand-chose.
    — J’demande rien.
    — Même pas l’amour, Joséphine.
    — J’sais que vous m’aimez pas d’amour, Ernest. Mais vous m’haïssez pas quand
     même ?
    — Ben non voyons ! Vous êtes ben gentille pis ben dévouée, Joséphine.
    — Bon ben y a pas de problème d’abord, avait-elle décrété en s’approchant
     d’Ernest pour reprendre leur baiser interrompu un peu auparavant.
    Ernest avait eu encore la force de s’inquiéter des conséquences de cette
     invitation.
    — Pis si… enfin… si un bébé…
    — Mais non, pas de danger. Ma grand-mère était Indienne. Chusallée dans sa tribu pis on m’a appris ben des recettes indiennes, du
     chasse-bébittes au chasse-bébé.
    Ernest n’avait plus eu aucune objection. De toute façon, il n’aurait pu
     refréner plus longtemps le besoin qu’il avait d’enfoncer son membre à
     l’intérieur d’un corps chaud de femme. L’absence de sa Rose-Élise dans le lit
     conjugal avait été comblée. Et Joséphine était si accueillante. Elle l’avait
     accueilli ainsi, régulièrement, pendant douze années, sans jamais rien demander
     en retour.
    — Après vous avoir vus vous embrasser dans l’étable, dit François-Xavier, j’ai
     tellement rêvé que vous alliez vous marier.
    — J’pouvais pas.
    — J’sais ben, oui. Au moins, j’aurai eu la chance quand même d’avoir Joséphine
     sur mon chemin. A l’a été si bonne pour moé, dévouée… Maudite grippe espagnole…
     se rappela douloureusement François-Xavier.
    — Oui, Dieu est venu en chercher un grand nombre cette année-là… Prions le ciel
     que la terre connaisse pus jamais une épidémie comme celle de 1918.
    — Prions le ciel que l’homme fasse pus jamais la guerre ! surenchérit
     François-Xavier.
    Puis il ajouta, mélancolique :
    — J’aimerais aller me recueillir su’a tombe de Joséphine demain après la messe.
     A me manque tellement… Viendrez-vous avec moé, son père ?
    — Oui, ben sûr, je l’aimais aussi beaucoup Joséphine, beaucoup…

    — Entre, Julianna, viens faire connaissance avec ton père, l’invita Léonie en
     lui

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