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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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simplet, un fils de bûcheron. Sa mère et lui habitent derrière l’église, en bordure du village en direction du promontoire. C’est une femme avisée. Elle s’y connaît en herbes, pommades, remèdes et philtres.
    Le prêtre baissa la voix :
    — Mais vous savez ce que c’est, Sir Hugh : la rumeur l’accuse de pratiquer la sorcellerie et de chevaucher, la nuit, en compagnie des démons.
    La foule se montra soudain plus virulente. Gurney remonta à cheval et réclama le silence, avant de déclarer :
    — Il n’existe aucune preuve contre qui que ce soit !
    — Qui d’autre cela pourrait être ? s’exclama quelqu’un.
    Le tanneur et son épouse étaient entourés d’un petit groupe d’où se détacha un homme bedonnant et court sur pattes. Son visage couvert de verrues exprimait la rancoeur et la colère marbrait ses pommettes. Passant ses doigts boudinés dans ses blonds cheveux clairsemés, il s’avança vers Gurney, fier comme un coq, et s’arrêta devant le cheval de son seigneur.
    — Vous connaissez la coutume, Sir Simon, et nos traditions. Moi, Robert Fitzosborne, bailli de ce village, j’exige que l’on nomme un jury et qu’on identifie l’assassin.
    Ainsi, c’était le bailli. Corbett le dévisagea soigneusement, se rappelant les conversations de la veille. Il remarqua la qualité de ses bottes et de son surcot, bien supérieurs à ceux des villageois. Le bailli écarta les bras en se tournant à demi vers ses compagnons.
    — Nous le réclamons ! hurla-t-il. Comme le veut la loi coutumière.
    La foule manifesta bruyamment son approbation. Corbett porta la main à son épée, sous sa cape, et lança un regard d’avertissement à Ranulf et à Maltote. La populace s’avança vers eux. Corbett se retourna soudain en entendant un martèlement de sabots sur le sentier :
    Catchpole et des serviteurs en livrée arrivaient à franc étrier. Le capitaine de Gurney avait eu l’intelligence de deviner ce qui pouvait arriver : on apercevait sa cotte de mailles sous sa cape et les cinq hommes qui l’accompagnaient étaient bien armés.
    À leur arrivée, Robert Fitzosborne perdit un peu de superbe sans pour cela abandonner la partie.
    — Sir Simon, la coutume seigneuriale est connue de tous ! cria-t-il sur un ton de défi. L’une de vos manantes a été sauvagement assassinée. Vous avez le droit de justice !
    Gurney se tourna vers Corbett, un faible sourire aux lèvres :
    — Fitzosborne a raison. J’ai droit de haute et basse justice. Mais c’est vous, le représentant du roi. Que me conseillez-vous ?
    Corbett observa la horde des paysans serrés près de la charrette où reposait le pitoyable fardeau. Il comprit que Fitzosborne présentait une juste requête. Une adolescente avait été la victime d’un crime atroce. En outre, si un jury siégeait en sa présence, il pourrait glaner d’autres renseignements sur cette région mystérieuse et ces assassinats énigmatiques. Cette contrée se cachait, non seulement au regard des hommes, mais encore au regard de Dieu, sous bien des brumes. Il déclara d’une voix ferme à Gurney :
    — Que l’on désigne un jury !

 
    CHAPITRE IV
    Moins d’une heure après, les villageois avaient transporté le corps de Marina au dépositaire, situé aux abords du village, et, comme le voulait la coutume, transformé en cour de justice la longue nef de l’église bâtie en pierre de taille. Corbett, resté à l’extérieur, contemplait la tour carrée et, à sa base, le portail béant. Il admira la délicatesse des sculptures d’animaux, de plantes et de monstres qui ornaient les voussures et le pourtour des fenêtres. Il regarda, par-dessus son épaule, la grande chaumière en torchis qui servait de presbytère et il frissonna : « Ce bourg recèle bien des secrets, songea-t-il. Pourquoi est-il devenu un lieu d’ombres et de morts brutales ? » Accompagné de Ranulf et de Maltote, il fit le tour de l’église jusqu’au cimetière envahi d’ajoncs, de ronces et d’herbes folles.
    — Que c’est triste ! déclara Ranulf.
    Corbett examina les croix de bois délabrées et les pierres tombales branlantes. Il se demanda ce qu’un pilleur de tombes pouvait bien y trouver d’intéressant, puis il regagna le porche. Le père Augustin revenait d’un pas alerte du dépositoire en s’essuyant les mains sur son habit, son fin visage creusé par l’émotion. Corbett et ses compagnons le suivirent dans la nef dont ils

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