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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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de la fenêtre et en enlevant les volets.
    De lourdes rafales de pluie s’abattaient sur le manoir.
    — Il nous faut user de cautèle, murmura-t-il, ou l’assassin frappera à nouveau.
    Il regarda ses compagnons par-dessus son épaule et lut l’anxiété sur leur visage.
    — Et Monck, alors, ne sera pas le seul clerc à périr sur la lande !

 
    CHAPITRE IX
    Mère Cecily ne fut guère ravie de revoir Ranulf et Maltote le lendemain matin. Elle les fit attendre dans l’antichambre avant de les inviter dans son luxueux appartement, où le père Augustin et elle se réchauffaient devant la cheminée, assis sur des chaires. Ranulf et Maltote durent se contenter de tabourets apportés par une soeur converse d’âge respectable. « Messire Longue Figure ne se trompait pas », pensa Ranulf en lançant un clin d’oeil malicieux à son compagnon. La prieure minaudait et leur adressait des sourires crispés tout en faisant gonfler son habit de pure laine.
    — Que me veut Sir Hugh Corbett aujourd’hui ?
    — Des réponses simples à des questions simples, répliqua Ranulf. Messire Lavinius Monck est venu dans ce prieuré juste avant sa mort, n’est-ce pas ?
    — En effet ! Le malheureux !
    Elle jeta un regard primesautier au père Augustin.
    — Notre chapelain, dit-elle avec emphase, nous a déjà appris la nouvelle. Quelle tragédie ! Quelle mort atroce !
    — Pourquoi est-il passé ici ?
    — J’étais bien incapable de lire dans ses pensées ! Que son âme repose en paix ! Mais il s’interrogeait sur les raisons qui avaient poussé son serviteur Cerdic à nous rendre visite.
    — Et quelle explication lui avez-vous fournie ?
    — La même qu’à Messire Corbett : je n’en ai aucune idée.
    Le père Augustin s’éclaircit la gorge en toussant.
    — Mère Cecily ne peut être tenue pour responsable de tous les visiteurs.
    — Et vous, mon père, pourquoi êtes-vous ici ?
    — Je suis le chapelain de ce prieuré, fit remarquer le prêtre en souriant. Cela fait belle lurette que je connais cet endroit : j’y venais souvent l’été pour me reposer de mes tâches pastorales, quand j’étais vicaire à Swaffham.
    Ranulf ne savait trop qui lui déplaisait le plus : cette prieure coquette aux manières affectées et doucereuses ou ce chapelain au visage allongé et à la mine sévère. Ranulf se sentait toujours dans ses petits souliers en présence d’ecclésiastiques, car il avait l’impression qu’ils lui parlaient de façon condescendante ou qu’ils se gaussaient de lui dans leur for intérieur. Cette fois-ci ne faisait pas exception. Il allongea délibérément les jambes, chaussées de bottes boueuses, vers la cheminée et eut la satisfaction de voir le frémissement agacé que ne put réprimer la prieure devant ces manières de rustre.
    — Nous allons nous rendre à Bishop’s Lynn, annonça-t-il.
    Puis, en bâillant, il tendit les mains vers l’âtre et les frotta avant de se frapper les cuisses.
    — Remarquez, vous pouvez être sûrs d’une chose !
    — Laquelle ? demanda le père Augustin d’un ton cassant.
    — Sir Hugh Corbett est quelqu’un d’impitoyable. Il ne recule devant rien pour débusquer les secrets et mettre la vérité à nu. C’est le bras armé du Seigneur frappant les criminels.
    — Alors, il serait temps qu’il remporte quelques victoires, observa Dame Cecily, acerbe. Croyez-moi, Messire...
    — Ranulf, ma mère !
    — Ah oui, Ranulf ! J’ai l’intention d’écrire au roi. Je proteste contre ces intrusions répétées qui brisent la paix et l’harmonie de mon couvent.
    Ranulf lui décocha un sourire on ne peut plus aimable :
    — Avec tout le respect que je vous dois, ma mère, vous pouvez vous plaindre au Saint-Père lui-même, si cela vous chaut, cela n’empêchera pas Sir Hugh de venir ici quand l’envie lui en prendra.
    Le teint terreux de son interlocutrice s’enflamma sous la colère.
    « Allons, ne lésinons pas sur la provocation ! » pensa Ranulf.
    — Il va sans dire, intervint le chapelain, que mère Cecily ne vous refuse pas son concours. Veuillez simplement vous rappeler que c’est un couvent, ici !
    « Un établissement louche, plutôt ! » songea le jeune homme en détaillant la chambre luxueuse aux tentures de velours frangées, ornements d’or et d’argent, meubles vernis et bougies de cire vierge.
    — Le nom d’Alan of the Marsh vous évoque-t-il quoi que ce soit ? demanda-t-il

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