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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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famille, raconte-t-on des légendes ou des histoires sur un trésor enfoui ?
    Le bailli le prit de haut, mais Corbett lut dans ses yeux qu’il n’avait pas la conscience nette.
    — Bailli, insista le clerc, je vous conseille fortement de ne rien me celer !
    Robert Fitzosborne fixa le plafond, les mains crispées.
    — En effet, certaines légendes courent dans ma famille.
    — Des légendes sur le trésor du roi Jean ?
    Le bailli accusa le coup, comme si Corbett avait fait mouche.
    — Messire Monck m’a posé les mêmes questions.
    — Il est venu ici ?
    — Oui ! répondit le père Augustin. C’est pour cela que nous avons, si vite, retrouvé les indications des registres.
    Il fronça les sourcils, intrigué.
    — Il est venu, si je me rappelle bien, le deuxième jour après son arrivée au manoir, pour enquêter sur les mêmes faits. Ne vous l’a-t-il pas dit ?
    Corbett eut un rire amer.
    — Messire Monck ne se confiait pas.
    — « Se confiait » ! s’exclamèrent les deux hommes en choeur.
    — Ce matin, Catchpole a ramené son corps. Il gisait sur la lande, un carreau d’arbalète en pleine poitrine.
    Le bailli détourna la tête, en raclant le sol de ses bottes boueuses.
    « Est-ce toi qui l’as tué ? » se demanda Corbett. Il se souvint des regards haineux des villageois : le bourg tout entier avait-il conspiré pour se débarrasser de Monck ?
    — Bailli, déclara-t-il posément, vous n’avez pas répondu à ma question.
    Le bailli prit une profonde inspiration.
    — Nombre de légendes du Norfolk concernent le trésor du roi Jean et le traître appelé Holcombe que Sir Richard Gurney aurait fait pendre au gibet de la falaise. Certaines rumeurs accusent Alan of the Marsh d’avoir été son complice.
    — Comment finissent ces récits ?
    — On raconte que Holcombe fut capturé.
    — Et ensuite ?
    — Qu’Alan of the Marsh fut tué par les Gurney qui s’emparèrent des richesses...
    — Ou que ?
    — Qu’il se réfugia dans une cachette d’où il ne put jamais sortir et qu’il y mourut de faim.
    — Connaissez-vous ces légendes, mon père ?
    — Oui. Elles sont monnaie courante, comme le dit Robert, répondit le père Augustin, affable. Mais l’endroit où se trouvent Alan of the Marsh et le trésor reste un mystère.
    Il joignit le bout de ses doigts.
    — J’ai même entendu affirmer, reprit-il, un sourire illuminant son visage allongé, que les villageois avaient assassiné Alan of the Marsh et mis la main sur son trésor pour le cacher ou se le partager.
    Le bailli exprima ses doutes en sifflant grossièrement.
    — Monck a-t-il examiné la tombe d’Adele ? demanda Corbett.
    — Oui ! Personne ne connaissait son emplacement et il nous a fallu du temps pour la trouver. Il a même fouillé le cercueil. Mais il n’y avait rien, précisa le prêtre en hochant la tête.
    — Dernière question...
    — Oui, Sir Hugh.
    — Monck est venu vous voir l’après-midi de sa mort. Dans quel but ?
    — Il voulait se renseigner encore une fois sur son clerc Cerdic. Je n’ai pu lui apporter aucune aide. Il est resté quelque temps, spéculant sur ce qui était arrivé à son serviteur.
    Il coula un regard matois à Corbett.
    — Il a dit des choses assez peu charitables sur votre arrivée et il est monté sur ses grands chevaux. Il est parti en disant qu’il retournait au couvent Sainte-Croix.
    L’ecclésiastique marqua une pause.
    — La nuit devait être tombée depuis longtemps. Vous rappelez-vous, Robert, je vous ai convoqué à l’église après être allé voir un malade ?
    — C’est exact, confirma le bailli. J’attendais le père Augustin lorsque j’entendis soudain un bruit de galop. Je sortis en vitesse et j’ai vu Monck passer ventre à terre, comme un possédé. Il a traversé le village en trombe, en dispersant chiens et poules et en menaçant de piétiner hommes, femmes et enfants.
    — À votre avis, pourquoi cette furie ?
    — Dieu seul le sait ! J’ai pensé qu’il revenait au manoir ou qu’il se rendait chez les pastoureaux, en coupant par la lande.
    Corbett remercia le bailli et le prêtre, puis prit congé. Il détacha son cheval et se demanda s’il devait ou non aller au couvent Sainte-Croix. Le jour tirait à sa fin. Apportées par les rafales implacables de l’Ange Noir, de grosses gouttes de pluie ruisselaient sur son visage.
    « Au diable ! » pensa-t-il. Et il dirigea sa monture vers le

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