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La complainte de l'ange noir

La complainte de l'ange noir

Titel: La complainte de l'ange noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Allons, venez !
    Ranulf et Maltote la suivirent. Ils récupérèrent leurs chevaux et quittèrent le couvent, en se moquant de l’embarras de mère Cecily et en ne ménageant pas leurs sarcasmes. Ils arrivèrent au village en passant devant l’église et s’arrêtèrent Aux Feux de la Saint-Jean pour déguster de la godale. Ranulf échangea quelques paroles avec le bailli et le tanneur, mais leurs regards furieux et leurs réponses hargneuses disaient assez qu’ils n’étaient pas les bienvenus. Ranulf et Maltote regagnèrent le manoir où Corbett étudiait un rouleau de parchemin. De temps à autre, il gribouillait un mot, puis, posant sa plume, relisait ce qu’il venait d’écrire, la tête dans les mains. Il écouta calmement Ranulf lui raconter leur visite au prieuré. Alors, reprenant sa plume, il tapota la table.
    — En route pour Bishop’s Lynn ! Les bagages sont-ils prêts ?
    Ranulf fit signe que oui.
    — Eh bien, allons-y ! Je veux y être avant la nuit !
    Les deux serviteurs se rendirent aux écuries. Corbett les suivit en portant ses fontes. Il s’arrêta pour prendre congé de Gurney qui, ému de les voir s’en aller si brusquement, insista pour qu’ils se restaurent et laissent au cuisinier le temps de préparer un repas pour le voyage. Corbett, répugnant à se mettre son hôte à dos, s’inclina. L’intendant dressa une table dans la grand-salle et servit différents plats de viandes et de fromages, tandis que Catchpole leur donnait des indications sur l’itinéraire à suivre.
    Ils partirent une bonne heure après. Corbett fulminait intérieurement. Le ciel s’était couvert et les nappes d’un brouillard glacé montaient de la mer par-dessus la falaise. Ils n’avaient pas atteint le carrefour qu’ils en furent enveloppés. Maltote et Ranulf se demandèrent quelle direction prendre.
    — Voyez les indications du poteau ! leur ordonna sans ménagement leur maître. C’est ce que nous a conseillé Catchpole.
    Il prit la tête de la petite troupe, mais, au bout d’une heure, de sérieux doutes l’assaillirent. S’il fallait en croire Catchpole, ils auraient dû emprunter un sentier plus large et traverser déjà un certain nombre de hameaux. Cependant, à cause des nuages bas et du brouillard qui s’intensifiait, il pensa qu’ils s’étaient enfoncés à l’intérieur des terres. Ils finirent par s’arrêter en marmonnant des jurons. Les chevaux perçurent leur inquiétude et grattèrent le sol, renâclant et hennissant, effrayés devant l’obscurité de la lande immobile. Corbett fit faire volte-face à sa monture.
    — Depuis combien de temps avons-nous quitté Mortlake ?
    Ranulf souffla sur ses doigts gourds et haussa les épaules :
    — Deux heures, environ. Quelle mouche te pique, Maltote ?
    Le jeune messager avait les yeux fixés dans la direction d’où ils étaient venus.
    — Maltote, s’écria sèchement Ranulf, pour l’amour de Dieu, tu es aussi peureux qu’une donzelle !
    Maltote se retourna, blême et anxieux.
    — Je peux me tromper, bredouilla-t-il. Mais je suis resté un peu en arrière au carrefour et je crois bien que nous sommes suivis.
    — Sottises ! se moqua Ranulf.
    — J’en suis certain ! J’ai entendu un cliquètement de harnais.
    — Par l’Enfer, Messire ! tonna Ranulf. Nous nous sommes perdus et nous allons geler sur place si nous ne bougeons pas !
    Corbett flatta l’encolure de sa bête.
    — Bon ! Il ne reste qu’une solution : retourner au carrefour.
    — Regardez ! s’exclama Ranulf. Voilà peut-être qui va nous tirer d’affaire !
    Il tendit le bras. Malgré la brume qui ondulait comme la vapeur au-dessus d’un chaudron, Corbett aperçut une lueur vive. « Une ferme, voire un des hameaux ! » pensa-t-il. Quittant le sentier, il engagea sa monture sur la lande humide, en direction de la lumière. Son cheval regimba, mais Corbett le talonna. La bête hennit derechef. Corbett tira sur les rênes, mais sa monture ne pouvait plus avancer. Le magistrat baissa les yeux, épouvanté : son cheval était enlisé dans une fange verdâtre qui lui arrivait aux pâturons.
    Corbett jura et se retourna.
    — Reculez ! hurla-t-il à ses serviteurs.
    — Ne bougez pas, Messire ! l’exhorta Ranulf. Plus on remue, plus on s’enfonce.
    Corbett obéit. Il caressa l’encolure de sa monture en lui parlant doucement. Mais elle rejeta la tête en arrière, les yeux révulsés et fous de terreur. Ranulf mit pied à

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