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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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figure.
    Au repas du soir, possédée par une singulière
alacrité, la reine nous donna des détails sur son séjour à Pavie. Elle avait
rencontré en Alsace mon frère Carloman, le duc Tassilon sur le Danube, le pape
à Rome, où elle avait prié sur la « confession » (le tombeau) de
saint Pierre, avant de se présenter à Pavie où elle avait été reçue d’une
manière fastueuse.
    — Le roi Didier, nous dit-elle, ne savait
qu’inventer pour m’honorer et me distraire : fêtes de nuit sur le Ticino,
concerts dans ses palais, festins dans ses jardins, batailles d’animaux,
offices solennels dans ses églises, cadeaux en veux-tu en voilà… Pour toi,
Charles, une selle avar, pour toi, Gisèle, un collier de saphirs…
    Je m’informai de la date prévue pour une
première rencontre avec nos promis : elle aurait lieu d’ici quelques
semaines, à Noyon. Adalgise et sa sœur Desideria viendraient avec des cadeaux
dans leurs bagages.
    J’observais ma sœur Gisèle. De tout le repas
elle ne souffla mot, mais je pouvais mesurer sa détresse dans les regards
qu’elle m’adressait, et auxquels je répondais par des sourires compatissants.
C’est d’un véritable viol qu’allait être victime cette créature éthérée, déjà
cloîtrée dans sa foi, qui ne se joignait jamais à nos jeux et passait chaque
jour des heures en prière. L’idée que ma mère pût lui imposer cette union avec
un inconnu, une brute peut-être, me révoltait. Fille soumise, Gisèle ?
Oui, comme Iphigénie.
    Je nourrissais des
appréhensions quant à ma rencontre avec Desideria et n’avais pas tort. Loin
d’être séduisante, mais douce et réservée, cette presque naine avait une allure
déhanchée et s’appuyait à une canne. Quant à son frère, Adalgise, d’apparence
agréable et beau de visage, il était d’une sottise insondable.
    De notre double cérémonie de mariage, le jour
de Noël, en l’église San Michele, je garde le souvenir de murs suintants
d’humidité et d’un profond ennui. J’honorai correctement mon épouse, mais
Gisèle créa un scandale : elle disparut le soir de ses noces, pour
demander refuge à l’abbesse d’une chartreuse des environs de Pavie.
    Après quelques
années d’un règne dépourvu d’événements susceptibles de bouleverser le monde
chrétien, le pape Paul avait quitté ce monde en laissant derrière lui des
ferments de trouble. Le duc de Népi, surnommé « Toto » par les
Romains, avait fait élire pour le remplacer un faux pape laïc, et fait occuper
la ville sainte par sa troupe. Pour rétablir l’ordre et la légalité, il en
avait appelé au roi Didier qui s’était fait un devoir et un plaisir
d’intervenir.
    Le siège de saint Pierre échu à Étienne,
troisième du nom. Ce moine de chétive apparence, hargneux et vindicatif,
parvint à faire l’unanimité contre lui, à commencer par Didier. À la suite de
je ne sais quelle querelle, le roi lombard déploya son armée aux portes de
Rome, se saisit du pape et fit torturer et tuer ses plus fidèles soutiens.
    Des échos de ce drame me parvinrent par une
missive d’Étienne. Il ne mâchait pas ses mots. « Défiez-vous, écrivait-il,
de cette race lombarde exécrable, horrible, puante et capable de donner la
lèpre aux vrais chrétiens ! »
    Mon père n’aurait pas hésité. À peine au
courant des nouveaux méfaits de Didier, il aurait rassemblé une armée pour
délivrer Rome de la présence lombarde. Mal informé que j’étais des motifs de
ces troubles et peu soucieux de ternir les rapports courtois qui avaient
entouré mon mariage, je me gardai d’intervenir. On m’a reproché cette
faiblesse. J’ai préféré laisser le temps faire son œuvre.
    Desideria allait
être la victime innocente de ce tragique événement.
    Elle n’avait qu’une notion diffuse de la
situation engendrée par notre mariage qui, en m’imposant de prendre le parti
des Lombards contre le Saint-Siège, m’avait fait renoncer implicitement à mon
titre de patrice des Romains. Aux yeux des fidèles, j’allais passer pour un
lâche et un traître, une accusation qui m’était insupportable.
    Je décidai de réagir en faisant rompre mon
mariage. Pour la dernière fois, je vis la canne de la reine Bertrade se lever
sur moi mais rester en suspens. M’eût-elle frappé, je l’aurais envoyée dans un
couvent se repentir de ses erreurs et de ses péchés. J’en avais le pouvoir,
mais n’en usai pas.
    Cette séparation

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