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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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campagnes dévastées et populations
désabusées. Les difficultés pour trouver fourrage et nourriture nous
contraignirent à tourner bride.
    Alors que nous faisions halte sur une rive de
l’Adour, j’appris que Hunald, en voyant surgir notre armée, avait pris la fuite
pour se réfugier chez un de ses alliés, Loup, duc des Gascons. Alors que je
regagnais mes domaines, quelques jours plus tard, une escorte me livra mon
ennemi, pieds et poings liés. Il était accompagné, de la part du duc gascon,
d’une demande de paix, que je lui accordai. Quant à Hunald, j’aurais dû le
faire pendre, mais il implora sa grâce avec tant d’humilité que je me contentai
de le faire tonsurer et de le confier à un couvent.
    Mon règne venait de s’ouvrir par une victoire
sans éclat et sans honneur. N’empêche : j’étais délivré du souci de faire
la guerre à des ombres et d’avoir à me venger de l’ennemi sur ses sujets, qui
étaient les miens. D’autres guerres allaient me tenir l’arme au pied dans les
mois qui allaient suivre et me forcer à conduire mes armées aux confins du
monde occidental.

3
    Une différence importante allait opposer les
campagnes d’Aquitaine et d’Italie : jamais le duc Waïfre ne m’avait fait
des promesses de paix, tandis que Didier, qui n’en était pas chiche, ne les
tiendrait pas, la trahison étant pour lui une seconde nature.
    Ma mère s’était toujours opposée, avec plus ou
moins de discrétion, aux campagnes de son époux contre Aistolf. Le roi Didier
était adulte lorsque lui échut la couronne de fer des rois lombards. Il avait
été à bonne école avec son père, qui lui avait insufflé la haine des Francs,
ces « Barbares ». La cour de Pavie allait, sous son règne, devenir un
nœud de vipères dont je n’avais à attendre que des provocations.
    Dans ce contexte
équivoque et dangereux, la reine Bertrade, ma mère, se conduisit avec une
autorité maladroite et commit une erreur que son époux ne lui aurait pas pardonnée.
Pour accorder plus de consistance à la sympathie qu’elle vouait à la dynastie
lombarde, elle prit l’initiative de la sceller par un double mariage.
    Je tombai des nues lorsqu’elle me révéla ses
manigances de matrone et me dit :
    — Mon petit Charles, il est grand temps
pour toi de prendre femme, de même que pour ton frère Carloman.
    — Pardonnez-moi, mère, lui répondis-je,
mais rien ne presse et je n’ai pas eu le temps de me mettre en quête d’une
compagne.
    — Eh bien, moi, mon fils, je m’en suis
préoccupée pour vous deux.
    — Et à qui avez-vous songé ?
    Elle me fit asseoir près d’elle, sur un banc
de notre jardin de Noyon, et ajouta :
    — L’été dernier, comme tu le sais, je me
suis rendue à Pavie pour y négocier une entente avec le roi Didier. J’y fus
reçue avec toutes les attentions dues à mon rang et des témoignages d’amitié
auxquels j’ai été sensible. Nous sommes, Didier et moi, tombés d’accord pour un
double mariage. Tu épouseras une fille de Didier, Desideria, et, à son fils,
Adalgise, je donnerai ta sœur Gisèle comme épouse. Pour ce qui est de Carloman,
j’aviserai plus tard…
    Le souffle coupé, je ne pus articuler que
trois mots :
    — Mais enfin, mère…
    — Je sais ce que tu vas me
répondre : que j’aurais dû te prévenir. Soit, mais, sachant le peu de cas
que tu fais de mes avis, j’ai décidé de prendre les devants…
    — … et de me mettre au pied du mur !
Eh bien, je refuse !
    — C’est impossible : l’affaire est
en cours et rien ne pourra l’arrêter. La cérémonie aura lieu pour Noël, à
Pavie.
    Je lui demandai si elle avait fait part de
cette décision à Gisèle. Elle allait s’en charger dans l’heure suivante.
    — Elle fera preuve de moins de réticence
que toi. C’est une fille docile.
    — Vous savez pourtant qu’elle s’est
promise au Seigneur…
    — Eh bien elle devra y renoncer ! La
paix entre nos deux nations est à ce prix.
    Restait à prévenir le Saint-Père ; elle
allait s’en charger.
    — J’imagine la tête qu’il va faire,
ajouta-t-elle, mais peu importe. Pour apaiser sa colère et lui marquer ses
bonnes intentions à son égard, Didier s’est promis de lui restituer ses
conquêtes, peu de chose, somme toute…
    Ce qui me restait de respect pour ma mère
m’interdisait de contrarier ces projets. Mes réticences ne furent qu’un feu de
paille. Ravalant mon amertume, je m’attachai à faire bonne

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