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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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avec sur
les lèvres leur chant de guerre.
    Cette expédition présentait une singulière
analogie avec celles que mon père avait dirigées contre les rebelles du duc
Waïfre. C’était, de la part de l’ennemi, la même farouche résolution de
défendre son indépendance et ses croyances et le même mépris de la mort.
C’était aussi une absence semblable d’armée organisée et la même tactique
sommaire d’embuscades. Waïfre et Widukind auraient pu se retrouver frères d’armes…
    Notre marche vers mes garnisons de la Weser
fut une suite monotone de coups de main et, de notre part, de poursuites
infructueuses. J’avais l’impression de tailler avec mon épée dans un tas de
sable !
    Nous passâmes la
Weser sur des ponts de bateaux, sous l’œil ébahi des naturels. Une fois sur
l’autre rive, nous avons marché vers l’Elbe, frontière naturelle entre la
confédération saxonne et les territoires mystérieux des Slaves et des Avars,
descendants des Huns. C’était le terme de notre campagne et nous n’avions
aucune victoire décisive à notre actif.
    Un soir, avant le repas, sur la rive gauche du
grand fleuve, je me laissai aller, au cours d’une promenade à cheval, à rêver
des lauriers d’Alexandre.
    La perspective de ces immenses territoires qui
touchent aux confins du monde me fascinait et me révulsait à la fois. J’avais
entendu parler par des moines de puissantes cités fortifiées comme Kiev ou
Novgorod, de fleuves géants comme le Dniepr et la Volga, de caravanes venues
des lointains de l’Orient chargées de soie et de joyaux, des Khazars et des
Varègues qui peuplaient ces immenses étendues…
    Plus jeune et plus entreprenant, peut-être
aurais-je tenté des négociations de paix avec ces étranges nations ou lancé
contre elles mes armées. Pour le présent, j’avais assez à faire avec mes
voisins.
    J’ignorais à peu près tout des peuplades
d’au-delà l’Elbe, mais me plaisais à répéter leurs noms : Slaves,
Obodrites, Sorabes, Tchèques, Avars… Derrière eux se profilaient des images
nées de mon imagination. J’avais amassé davantage de connaissances sur des
villes comme Babylone, Bagdad, Persépolis et surtout Jérusalem, dont
m’entretenaient des pèlerins. Je rêvais d’un immense pont qui aurait pu nous
permettre de commercer avec ces gens différents de nous, de nous enrichir de
leurs connaissances et de les faire profiter des nôtres.
    En méditant sur le bord du fleuve, je me
demandais combien de mois, d’années peut-être, il aurait fallu chevaucher pour
arriver à l’extrême limite de la terre, là où l’on se trouve soudain au bord du
vide sidéral, domaine où Dieu accomplit son grand œuvre dans la nuit et le
silence du cosmos.
    Dans les parages de
Verden, à une ou deux journées de cheval de la mer Baltique, alors que nous
retournions en Francie, une attaque brutale nous surprit sur une rive de la
Weser et faillit nous mettre dos au fleuve qui, grossi par les pluies
septembrales, nous aurait entraînés corps et biens.
    Je chargeai ma cavalerie neustrienne
d’affronter cette horde de quelques centaines de barbares. Une seule charge lui
suffit pour balayer le terrain, mais nous y perdîmes une dizaine de bons
cavaliers. Ce sont les Saxons du Nord qui nous avaient fait cette
surprise ; ils laissèrent sur le terrain une cinquantaine de morts et
quelques chevaux massifs et velus comme des bœufs sauvages.
    Je croyais revenir sans le moindre résultat
notable ; je me trompais.
    Profitant des répits entre deux chevauchées,
je m’intéressai aux établissements religieux qui avaient du mal à se maintenir
sur leurs concessions et auprès de nos forteresses. Des missi dominici m’avaient informé de leur situation précaire, mais qu’y faire ?
Entreprendre des conquêtes est une chose ; les administrer en est une
autre.
    Le pape Adrien aurait dû me manifester sa
gratitude de me voir planter la croix au risque de ma vie sur des terres
hostiles. J’avais ouvert les chemins de l’évangélisation là où mon père avait
échoué. Des groupes de religieux accompagnaient mes armées pour livrer leur
propre bataille. Je les installais dans des endroits plus ou moins favorables à
leur apostolat et à leurs besoins quotidiens en subsistances. C’étaient pour la
plupart des hommes au caractère bien trempé, rompus à la discipline et prêts
aux sacrifices de la foi. Beaucoup durent renoncer, soit qu’ils se fussent
mépris sur leur

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