Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
Vom Netzwerk:
qui souhaitaient
que nous passions à l’attaque sans attendre la nuit, ce qui, disaient-ils, en
provoquant un effet de surprise chez l’ennemi, l’aurait contraint à se
débander.
    Je leur opposai l’absence de notre
arrière-garde et de nos chariots retardés par la pénible traversée des
montagnes, et la fatigue de nos hommes dont j’avais forcé l’allure. En
arrivant, cavaliers et fantassins s’étaient rués vers le fleuve et effondrés
après s’être désaltérés. De plus, il fallait préparer le camp pour la nuit.
    Avant de nous séparer, conscient de sa valeur
militaire et de ses qualités de meneur d’hommes, je confiai à Thierry la
manœuvre de la cavalerie pour la bataille du lendemain. Toute la nuit, les
pentes du Süntal résonnèrent de chants et de musique autour d’une multitude de
feux, à croire que la sapinière était sur le point de s’embraser. J’avais pris
soin de poster des sentinelles aux quatre coins de notre camp, autour des parcs
de chevaux et de bétail et dans les premiers taillis de la pente, ce qui, en me
rassurant, me procura quelques heures d’un sommeil réparateur.
    Je n’avais qu’un regret : avoir laissé
Alcuin à Lippspringe, en compagnie de quelques moines savants. La lecture
vespérale de quelque récit de guerre de Tite-Live ou de Tacite m’aurait
réconforté à la veille de la rude épreuve qui nous attendait.
    Aux premières lueurs
du jour, sans que nous nous fussions concertés, Thierry lança ses escadrons
contre un rassemblement de la cavalerie ennemie rangée en ordre de bataille
entre fleuve et montagne.
    La rage au cœur, j’allais assister à ce
premier engagement imprévu, du haut d’un tertre, entouré de mes officiers. Je
constatai avec surprise que, plutôt que de fondre sur l’ennemi, Thierry observait
une singulière expectative, comme impressionné soudain par l’importance des
contingents ennemis.
    Il y avait de quoi ! Ce n’était plus une
horde que nous aurions à combattre, mais une véritable armée dotée des
bannières de nombreuses nations, forte de centaines de cavaliers derrière
lesquels une multitude frénétique de piétaille donnait de la voix en
brandissant des arcs, des lances et des haches de guerre.
    Il était trop tard pour donner à Thierry
l’ordre de renoncer à cette charge prématurée et d’attendre que nous eussions
élaboré une stratégie. J’observai avec soulagement un reflux d’une cinquantaine
de pas de la cavalerie adverse. Je compris vite que cette manœuvre était
destinée à provoquer l’attaque de Thierry. Il tomba dans le piège et donna le
signal d’une ruée destinée à transformer en déroute cette fausse dérobade.
    La tactique de Widukind ne m’avait pas
échappé. Je m’écriai :
    — Le comte Thierry est devenu fou !
Il est perdu !
    Du haut de mon observatoire, je pus assister,
le cœur crispé, à la suite de l’engagement.
    À peine le premier escadron de Thierry
s’était-il ébranlé, Widukind fit s’écarter les premiers rangs de sa cavalerie
de manière à provoquer une brèche au centre de sa formation. Les cavaliers de
Thierry s’y ruèrent et se trouvèrent soudain plongés dans le magma effervescent
des milliers de guerriers à pied. Désarçonnés par leurs montures éventrées, mal
à l’aise pour se défendre dans leur carapace de fer, gênés par la masse humaine
qui se refermait sur eux, ils disparurent comme dans les vagues de l’océan.
    Tous, autour de moi, figés, incapables de
prononcer des paroles cohérentes, se répandaient en jurons.
    Qu’allait faire Thierry ? Engager le
reste de sa cavalerie dans la mêlée ou envisager la retraite ? Renonçant à
poursuivre la bataille, alors qu’il lui restait deux à trois cents cavaliers,
il reflua vers le camp pour se mêler au gros de l’armée. Il y fut accueilli par
des sarcasmes et se retira sans un mot sous sa tente où je le rejoignis peu
après. Assis sur son lit de camp, il pleurait et frappait son genou avec son
poing en bredouillant je ne sais quoi.
    — Eh bien, lui dis-je, tu peux être fier
de toi ! T’es-tu pris pour un stratège inspiré ? Quelle mouche t’a
piqué, dis-moi ? Et cesse de te lamenter ! As-tu compris que, par ta
faute, tu nous as mis dans une fâcheuse position ?
    — Pardonnez-moi, sire, balbutia-t-il.
J’ai cru qu’il me suffirait de paraître pour que ces barbares prennent la
fuite. Je me suis lourdement trompé. Je voudrais être mort !
    — Ces

Weitere Kostenlose Bücher