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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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protéger les religieux. Je les
adjurai de ne pas se conduire en satrapes, de faire bonne justice et de
respecter les populations.
    Ils me jurèrent sur les Écritures de respecter
mes consignes et se répandirent en ovations en buvant le vin de la concorde et
de la paix. J’avais dans mes chariots quelques futailles d’un bon cru de
bourgogne auquel ils firent honneur.
    Comme se déroulaient
ce cérémonial et les travaux relatifs à l’administration des territoires
conquis, des missi vinrent m’informer que des troubles venaient d’agiter
les tribus frontalières des Slaves sorabes, loin dans l’Est. Pour les réprimer,
j’envoyai trois de mes proches, mon chambrier Adalgise, le connétable Grilon et
le comte Worad, à la tête d’une colonne dotée d’un fort escadron. Ils partirent
le lendemain, bannière au vent.
    L’assemblée se
termina par des baptêmes plus ou moins spontanés et sincères de la population,
administrés par les moines dont j’avais pris soin de me pourvoir.
    Un matin, je m’apprêtais à remonter en selle
pour reprendre ma tournée d’inspection, l’esprit serein, quand je vis surgir,
monté sur une mule, un religieux saxon, Willehad, qui avait fondé une mission
dans la province de Wihmodie, entre la Weser et l’Elbe, où il avait opéré de
nombreuses conversions.
    Il demanda à boire et me dit, d’une voix
brouillée par l’émotion :
    — Sire, je ne vous apporte pas de bonnes
nouvelles. La paix de Dieu régnait autour de mon monastère quand des hordes
venues du Danemark ou de la Nordalbingie, je ne sais, ont déferlé sur mon
domaine, conduites par un chef nommé Widukind. J’ai assisté, impuissant, au
massacre de mes ouailles et d’une dizaine de mes moines, avant de prendre la
fuite au galop de ma mule.
    Widukind… Décidément, ce chef rebelle ne me
laisserait pas en paix. À l’abri des frontières du Danemark, il avait attendu
ma présence pour passer à l’attaque. Mon cœur se serra en songeant qu’il aurait
pu attaquer la colonne que j’avais envoyée quelques jours auparavant en pays
sorabe.
    Willehad me confia son intention de se rendre
à Rome pour rencontrer le pape Adrien et se placer sous sa protection. Je
restai confondu d’une telle naïveté.
    — Je crains, lui dis-je, que cette
démarche ne soit inutile. Ignorez-vous que le pape n’a pas d’armée, mais une
simple garde palatine peu efficace en cas de conflit, et que sa seule arme est
la prière ? Si quelqu’un peut vous venger, c’est bien moi.
    À ma grande surprise, il tomba à genoux et
embrassa en pleurant le bas de ma robe. Je le relevai et lui demandai où je
pourrais trouver Widukind.
    — Comment le saurais-je ?
soupira-t-il. Il ne s’est pas attardé après ses méfaits. Il vous faudra errer
longtemps avant de le trouver et de l’affronter. Arrivé à Rome, je prierai sur
le tombeau de Pierre pour la fin victorieuse de votre campagne.
    Après le départ de
Willehad, j’appris, par un missi, que les hordes de Widukind, regroupées
dans les monts Süntal, entre la Leine et la Weser, semblaient attendre ma
venue.
    Il fallait près d’une semaine, au départ de
Lippspringe, pour traverser les terres des Angrariens et nous retrouver au
contact avec l’ennemi, à supposer que nous ne fussions pas retardés en chemin
par des embuscades. Je venais de recevoir un contingent de Francs Ripuaires,
amenés par le comte Thierry ; ils allaient m’être précieux.
    Je fis forcer l’allure, si bien qu’il ne
fallut que quatre jours pour arriver en vue des monts Süntal, impressionnant
massif couvert de résineux. Je fis prendre position à mon armée sur la rive
droite de la Weser, non loin de l’endroit où elle amorce un coude brusque vers
l’occident.
    Thierry m’avait précédé ; il m’attendait
au milieu de ses Ripuaires, sur un plateau d’où la vue plongeait sur l’immensité
de la vallée.
    — Nous allons, me dit-il, avoir affaire à
forte partie. Des milliers de cavaliers saxons sont sur le pied de guerre, et
je ne compte pas la piétaille innombrable qui les accompagne. Ils ont fait la
fête toute la nuit, invoqué leurs dieux et leurs héros et s’apprêtent à
recommencer la nuit prochaine. Écoutez-les, sire ! ils nous provoquent en
chantant, en soufflant dans leurs cornes et en battant du tambour. Demain, je
le crains, l’affaire sera chaude.
    Au cours du repas du soir, dans ma tente, je
m’opposai avec fermeté à l’avis de certains de mes proches,

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