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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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de Rome. Adrien et moi avions regimbé lorsqu’il avait eu
l’audace de coiffer la couronne princière, avec la complicité de l’épiscopat
local, et de faire de son palais le repaire des nostalgies lombardes et des
officiers de Byzance. Il se proclamait à qui voulait l’entendre le héros de
l’indépendance lombarde et le continuateur du roi Didier.
    Qu’Arichis se parât des plumes du paon et
risquât d’entraîner l’Empire d’Orient dans une guerre m’exaspérait et
m’inquiétait.
    À peine âgé de dix ans, mon fils, Pépin,
n’était pas en âge et en état de faire régner la discipline dans une armée, et
je répugnais à laisser la soldatesque ravager et piller cette belle province.
J’avais, au cours d’une expédition, quelques années auparavant, apprécié ses
monuments, ses campagnes radieuses, et en avais gardé des souvenirs chaleureux.
J’imagine qu’Hannibal avait eu les mêmes émotions que moi en descendant vers
Capoue, les légions romaines à ses trousses.
    Je décidai de faire
appel à la négociation plus qu’à la violence pour amener Arichis à rentrer dans
sa coquille. Il demeura sourd à mes avances, si bien que je dus partir de
nouveau en guerre.
    J’emmenai avec moi Pépin. Il avait fière
allure malgré son jeune âge, avec son air réjoui et volontiers bravache. Il
chevauchait avec à son côté son précepteur et tuteur, le moine Adalhard. La
petite armée italienne avait-elle quitté Pavie, sa capitale, pour se joindre à
la mienne sur la rivière Pescara, au bord de la mer Adriatique. Il semblait
qu’il suffirait d’un coup de baguette magique de ma part pour rejeter dans
l’ombre mon rival et livrer ce pays à Pépin.

3
    Je n’avais contre Arichis d’autre grief que
son ambition à s’assurer la possession de ces territoires au détriment de mon
fils et d’en faire la base d’une éventuelle intervention armée de ses alliés
byzantins. C’était un prince fastueux, de noble origine, fidèle à sa foi,
amateur d’art, audacieux, autant de qualités qui auraient pu me le rendre
proche. J’aurais eu plaisir à visiter le palais qu’il s’était fait construire
dans sa capitale, Bénévent, avec le concours d’architectes et d’artistes de
Constantinople, qui en avaient fait une somptueuse demeure ornée de mosaïques,
de galeries aux colonnes de marbre et entourée de jardins paradisiaques.
    Il avait épousé Adalberge, fille de Didier,
dont Alcuin m’avait vanté l’attrait physique et les qualités intellectuelles.
Un fils, Romuald, était né de ce couple harmonieux et semblait marcher sur les
traces de son beau-père. Je reprochais à Arichis d’avoir cautionné les propos
publics d’un évêque qui me considérait comme « un usurpateur et un
chien » !
    M’engager contre ce
souverain dans une guerre ouverte eût été maladroit et dangereux, d’autant que
la saison était trop avancée. Je pris le parti de franchir les monts Apennins
et de passer l’hiver à Rome. J’eus la surprise d’y recevoir la visite du fils
d’Arichis, Romuald, un bel et robuste adolescent, qui me combla de cadeaux.
Cette générosité me mit dans un embarras que ses propos lénifiants ne firent
que confirmer. Je devinai derrière ces démonstrations flatteuses la ferme
intention de son père de m’interdire les frontières de son duché.
    Je méprisai cette
manœuvre cousue de fil blanc et ne promis rien qui pût me faire renoncer à mon
projet. Je renvoyai Romuald à Bénévent, sans présents ni promesses.
    Le printemps venu, je fis de nouveau franchir
à mon armée les monts Apennins encore couverts de neige, et arrivai sur la
rivière Pescara, en marge des Abruzzes, dans l’odeur des amandiers en fleur.
    Retenu par une maladie dans son château de
Salerne, de l’autre côté de la Péninsule, Arichis, informé de ma présence
armée, m’envoya un autre de ses fils, Grimoald, pour me proposer de se
soumettre, à deux conditions : que je lui laisse sa liberté et que j’évite
de ravager ses terres. Il consentait à payer au roi Pépin un tribut de cinq
mille sols d’or, ce qui était une belle somme.
    Ce fut une autre
campagne inutile ou presque. Je n’en retirai pas de butin, moins encore de
gloire, mais il était préférable qu’il en fût ainsi. En cas de résistance de
l’armée bénéventine, il m’eût été difficile d’empêcher mes soudards de se
livrer aux déprédations et aux pillages habituels, et Dieu sait que la
tentation

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